Les deux nouveautés du moment des Éditions Métailié ne peuvent que séduire les lecteurs de romans noirs. Il suffit de lire leur présentation pour s’en convaincre.
John Burnside : "Un mensonge sur mon père" (Bibliothèque écossaise). “Mon père a passé sa vie à dire des mensonges et, parce que je ne savais pas faire autrement, je les ai répétés. Mon monde était un tissu de mensonges, grands et petits, sur tout.” Le mensonge dans le titre de cet étonnant récit est né de la honte. En voyageant au nord de l’Etat de New York dans les années 90, John Burnside ne peut pas supporter de partager la vérité sur son père lors d'une conversation de rencontre avec un autostoppeur. Il dissimule son malaise sous un mensonge. Ce qui lui est naturel. Son père, abandonné quand il était bébé devant la porte d’un inconnu, a créé un remarquable réseau de mensonges pour effacer cet événement insupportable. John, dès son enfance, a représenté tout ce qui n’allait pas dans le monde et il est devenu le destinataire de la haine de soi de son père sous la forme d'une violence furieuse et, pire, d’une humiliation mesquine et cruelle. John a grandi au contact rude de la classe laborieuse écossaise puis ensuite anglaise ; il a appris à mentir à son père, puis, plus tard, sur son père… Né en 1955, John Burnside aussi l’auteur d’un recueil de nouvelles et de plusieurs romans, tels que La Maison muette (Métailié, 2003), Prix Charles Baudelaire de la Traduction, Une Vie nulle part (Métailié, 2005), et Les Empreintes du Diable (Métailié, 2006).
Leonardo Padura : "Le Palmier et l’étoile" (Suite hispano-américaine - paru en grand format, 2003). Fernando revient passer un mois à La Havane, après 18 ans d’exil, pour enfin trouver le mystérieux manuscrit autobiographique du grand José María Heredia, auquel il a consacré sa thèse. Il souhaite aussi tirer au clair les circonstances qui l’ont contraint à l’exil. Qui l’a trahi ? A la mélancolie du retour de l’exilé et au suspens de sa recherche, se superpose le journal de Heredia, alors que Cuba luttait pour son indépendance, ainsi que les réflexions du fils du poète, franc-maçon, vers 1920. Peu à peu émergent des parallélismes surprenants dans la vie des trois hommes, comme si, à travers les siècles, l’histoire de Cuba marquait d’un sceau fatal les destins individuels. Dénonciations, exil, intrigues politiques, trahisons semblent inévitables à tout créateur talentueux, quel que soit le moment historique qu’il lui est donné de vivre... Né en 1955 à La Havane, Leonardo Padura confirme ici, au-delà du roman noir, son talent d’écrivain. Il nous emmène à la fois dans un voyage aux origines de la conscience nationale cubaine à travers la vie de son premier grand poète romantique, et au coeur des questions que la situation actuelle impose à tous les habitants de l’île. Parmi ses titres récents, "Adios Hemingway" et "Les Brumes du passé", publiés aux Éditions Métailié. Il a reçu les prix Hammett et Café Gijon.