Quelques romans abordent le thème des épidémies causées par des virus. L’américain Robin Cook l’utilise en particulier dans “Vector” (Albin Michel, 1999), où son médecin légiste Jack Stapleton est confronté à un risque d’attentat bactériologique à New York. Dans “Pars vite et reviens tard” de Fred Vargas (V.Hamy, 2002), la psychose de la peste noire envahit Paris, laissant perplexe le commissaire Adamsberg. Voici une sélection de quatre romans sur ce thème…
Robert Harnum : "Poursuite" (Le Masque 2001). Depuis son retour à Brewster (Nouvelle-Angleterre, Etats-Unis) Lillith Hastings n’est plus la même. Sa mère l’a remarqué. Jim, depuis longtemps le fiancé de Lillith, décide de faire hospitaliser la jeune femme en proie à une crise d’angoisse. Le vieux Doc Gatchell, 82 ans, mais toujours actif, est consulté. Il ne tarde pas à détecter une erreur de diagnostic du jeune Dr Weinbauer (qu’il surnomme vite Docteur Crétinus). Hyper ventilation ? Oui. Mais surtout : hydrophobie ! Ce qui peut être l’indication d’une maladie virale. Pourtant, le problème est-il plus physiologique ou psychologique ? N’est-ce pas une difficile réadaptation au milieu baptiste et puritain dont Lillith est issue ? La nuit suivante, elle subit une terrible crise. Heureusement, Doris Cunningham – l’infirmière chef, compétente, un peu âgée – intervient avec l’aide d’un médecin-chercheur de passage à l’hôpital, le Dr Susan Thomas. Le vieux Doc est alerté. Bien que l’état de la patiente se soit stabilisé, il constate grâce aux analyses sanguines “une sorte d’infection tropicale”. Bientôt, Doc comprend qu’il s’agit de la rage – aujourd’hui extrêmement rare chez les humains. Il trouve même une trace de morsure, sur l’épaule gauche… En parallèle, le séjour en France de Lillith Hastings quelques mois plus tôt. Enseignante à Paris, elle raconte sa rencontre avec un homme insolite. Son puritanisme l’incite à refuser de s’avouer amoureuse. Mais cet homme est si loin de sa vie ordinaire. Histoire d’amour incertaine, impossible. Enfin, Lillith est partie. Elle n’est pas immédiatement revenue aux Etats-Unis… Le Dr Arnold Pearlman, du centre de prévention des risques sanitaires, est un ami de Susan Thomas. Ce chercheur atypique définit rapidement la maladie : Rage type IV Bénin. Un virus mal identifié, car on l’a cru disparu…
Gino Blandin : "Ça grippe à Angers" (Cheminements, 2001). En portant secours à un inconnu (décédé), Julie Lantilly a-t-elle contracté un virus de la grippe foudroyante ? La journaliste du Courrier Ligérien est mise en observation au C.H.U. d’Angers par le séduisant Dr Archambaud. Pas de problème ? Alors, pourquoi la quarantaine se poursuit-elle dans un Relais-Châteaux, sans contact avec l’extérieur ? Où arrivent bientôt de nouveaux patients. Julie a sympathisé avec Audrey, la fiancée de François-Xavier, l’accidenté qu’elle ne pouvait sauver. Au lendemain d’une nuit d’amour avec le Dr Archambaud, Julie accompagne Audrey qui a trouvé le moyen de fuir ce luxueux endroit où on les emprisonne. Les autorités décrètent l’état d’urgence, admettant les risques de cette épidémie de “grippe angevine”. Audrey révèle à Julie qu’elle n’était qu’un alibi pour François-Xavier, fils de bonne famille, chef d’une grosse entreprise, mais homosexuel. Elles apprennent que Bernard, grand ami de F.X., est mort de la grippe. Lui aussi ? La journaliste poursuit clandestinement son enquête…
Christian Gernigon : "H1 N1" (Albin Michel, 2006). A l’Institut Pasteur, le Professeur Morin répond aux questions de la journaliste Juliette Férol. Soudain, un bus explose dans la rue. L’attentat cause des dégâts au laboratoire de Morin. Ahmed profite de l’évacuation des lieux pour pénétrer dans un secteur interdit. Il y dérobe un échantillon du virus H1 N1b, qui provoqua autrefois la Grippe Espagnole. Puis Ahmed rejoint ses trois complices terroristes. Etant tous quatre contaminés, leur mission consiste à répandre la contagion. Ils ont trois jours pour faire un maximum de victimes, avant que la maladie entraîne leur propre mort. A Londres et à Rome, le même scénario s’est produit. Juliette réalise bientôt qu’il existe un risque majeur d’épidémie. Difficile de révéler dans ses articles l’ampleur du danger sans créer une panique. Si les autorités se montent rassurantes, on prévoit déjà de mettre Paris et sa région en quarantaine. La recherche des terroristes est confiée à Vérieux, chef de la DNAT. Kupka, ami policier de Juliette, craint les dérapages des ses violents collègues. Alain, le compagnon de la journaliste, est médecin à l’hôpital Broussais. Un des complices d’Ahmed y est amené, suite à un accident. Alain comprend vite que le malade est porteur du virus mortel. Le temps presse pour Vérieux : il fait enlever le suspect, et l’interroge en utilisant la méthode forte…
Maurice Gouiran : "Putains de pauvres !" (Jigal, 2007). Isolé dans les collines près de Marseille, Clovis Narigou voudrait bien oublier la fureur du monde. Ancien amour de jeunesse, Laura se manifeste. Devenue SDF, elle alerte Clovis sur une rumeur sérieuse. En ville, une épidémie toucherait les plus pauvres, paumés et clodos. Elle cite le cas du Portugais Diego. Clovis vérifie auprès d’un marin-pompier et de la pulpeuse infirmière Elodie. En effet, on dénombre plusieurs morts. On parle du retour du virus H1N1, qui causa autrefois la terrible grippe espagnole. Un médecin anonyme dévoile publiquement l’ampleur de la castapiane, obligeant les autorités à s’en soucier. Clovis n’est pas surpris du rejet de la population envers les SDF. Des types en 4x4 éliminent quelques clochards. Principe de précaution, discours sécuritaire : les politiques, pas tous extrêmes, envisagent des solutions radicales. Le total des morts enfle, la situation se dégrade. Un promoteur immobilier voit d’un bon œil l’idée d’assainir certains quartiers. Dont celui des Crottes, où ce Materazzi a des projets. La manif pour une “France propre” sent la manipulation. Clovis se rend à Lisbonne, sur la piste de l’ami de Diego. Mario est hospitalisé, gravement malade. Les deux Portugais firent une étrange découverte dans un placard muré de la maison qu’ils squattaient à Marseille. De retour chez lui, Clovis s’informe sur la spéculation immobilière actuelle, ainsi que sur les cas de gosses torturés. Il craint d’avoir trouvé l’origine de la propagation du virus, dans le fameux placard muré…