Un roman à découvrir, aux Éditions du Polar, « La paire et le maire » de Kalash et
Nikoff. L’intrigue, en quelques mots : Monchaillon ? Un bled perdu en plein bois, loin de tout. A part les bistrots ou l’église, les distractions sont rares. Sans préavis, on a descendu Françoise
Fauchet. Et dans le presbytère, en prime... Grand Dieu, pourquoi elle ? Une sainte pour les uns. Une harpie pour les autres. Bref, une personnalité, la Françoise.
Membre du conseil municipal, certes, mais de là à être dessoudée… Que traficotait-elle en
cet endroit à une heure pareille ? Le localier Francis Morey, aussi hargneux que déprimé au gré de son degré d’alcoolémie, se le demande encore. Et pour cause : sa vengeance tournerait-elle mal ?
Quant à Frédéric-Auguste Grognat-Lemaître, allergique à tout uniforme, fabulateur et incompétent, soi-disant détective privé parisien, il va de surprise en surprise. Décidément, la bourgade
bucolique cache de singuliers paroissiens et de drôles de pratiques… Au fil de la vision complémentaire des deux narrateurs, l’humour des dialogues fait mouche. Et ce n’est pas le seul : la
rubrique nécrologique se remplit peu à peu… Deux points de vues, une vérité dans ce roman écrit à quatre mains. Mais la vérité n’est jamais simple… Cette histoire est aussi le prétexte pour
présenter une savoureuse galerie de portraits, avouent les auteurs. « En effet, dit Kalash, nous n’avons pas voulu pratiquer la caricature mais l’observation de l’évolution mentale des
protagonistes face au bouleversement parfois voulu, parfois subi. » Nikoff précise : « Les caractères s’affirment ou se délitent, les personnalités et les identités réelles, au-delà de
la mascarade sociale, sont alors mises à nu. Le rire est souvent proche de la noirceur. »