Paul Féval “La fabrique de crimes”
Paris, au 19e siècle. Rue de Sévigné, la nuit s’annonce agitée. Deux mystérieuses bandes sans pitié s’opposent depuis quelques temps. Le docteur Fandango, aussi nommé Le fils de la Condamnée, dont les origines sont aussi lointaines que compliquées, dirige le premier groupe. La belle Mandina de Hachecor, le cocher Mustapha issu de l’aristocratie, Silvio Pellico et leurs amis sont fidèles à Fandango. Leurs adversaires appartiennent à la sinistre bande du Duc de Rudelame-Carthagène. Plusieurs décennies plus tôt, ce vieillard s’exila à Londres. C’est là que sa carrière criminelle prit son essor ; là qu’il affronta pour la première fois le docteur Fandango.
Alors que les dangereux Messa, Sali et Lina, sicaires du Duc, complotent en un coin sombre de la rue de Sévigné, une explosion se produit. La déflagration cause soixante-treize victimes, créant une terrible pagaille. Peu avant, la jeune Elvire s’était réfugiée chez les Piqueuses de bottines réunies. Venant d’accoucher, elle raconte son étrange histoire à celles qui l’accueillent (les Piqueuses sont dans le camp de Fandango). Le Duc de Rudelame est le bisaïeul d‘Elvire. Elle n’ignore rien de son parcours sanglant. La jeune femme tomba sous le charme de Coriolan Fandango, l’ennemi juré du vieux Duc. Le bébé qui vient de naître est fruit de leur amour.
Bien qu’ayant épousé Fandango, Elvire fut séquestrée par son bisaïeul durant toute sa grossesse. Elle tenta de fuir par le caveau de sa famille, où elle découvrit d’étonnant prisonniers. Le Duc lui fit croire que son union avec Fandango était illégitime, contre nature. Mieux valait encore la marier au cruel Messa. Quand le palais du Duc fut ravagé par un incendie, Elvire profita de la confusion pour fuir et accoucher. Sur sa trace, Messa et ses complices cherchent à tuer son bébé. Mais le généreux Mustapha veille et intervient. Alors que le docteur Fandango vient de retrouver sa mère mourante, la princesse Troïka, on l’avertit que la vie d’Elvire est en danger.
Mustapha a combattu seul Messa, Sali et Lina, mais la bataille entre les deux bandes devient générale, tournant au sanglant carnage. Fandango et ses fidèles pénètrent dans les plus sordides décors parisiens pour sauver Elvire et son bébé. Il doit encore affronter le Duc pour en finir… Selon le psychiatre qui les soigne, ces faits ne sont que les élucubrations de ses malades. Ce soir-là, ils ont échappé à la surveillance de son asile…
Paul Féval (1817-1887) fut un des grands maîtres de la Littérature populaire. Les mystères de Londres ou le cycle Les Habits Noirs figurent parmi les premiers romans de la catégorie “policiers”. La fabrique de crimes (1866) a été moins réédité. Bonne initiative que de l’intégrer dans la collection « La crème du crime » proposée par Ouest-France. Cette histoire burlesque parodie les mélodrames rocambolesques publiés à l’époque en fascicules (à un sou) ou dans les journaux. Elle n’est pas dénuée d’autodérision, Féval ayant lui-même beaucoup écrit, et usé des clichés les plus caricaturaux. Cette version, comique jusqu’à l’absurde, est absolument exquise. L’outrance des personnages (les uns sombres criminels, les autres ayant vécu tant d’aventures) est d’une remarquable drôlerie. À lire, évidemment, au second degré. Un roman à redécouvrir, un vrai régal !
- Disponible depuis 2017 aux Editions de l'Aube -