Trois enquêtes du commissaire Montalbano, d'Andrea Camilleri
Le personnage du commissaire Salvo Montalbano a rapidement séduit les lecteurs, en France comme ailleurs. Il est vrai que c'est un héros humaniste, avec ses plaisirs (de la table, par exemple) et ses faiblesses (son âge, et les femmes). Ses enquêtes laissent aussi une belle part à l'humour. La traduction française, par Serge Quadruppani, contribue à nous faire apprécier ces romans. Retour sur trois titres, en commençant par celui qui le fit connaître chez nous.
« La forme de l'eau » (1998) L'action se passe dans la région de Vigàta, en Sicile. Politicien important, l'ingénieur Luparello est décédé d’une crise cardiaque, dans sa voiture – retrouvée dans le chaud secteur du Bercail, fréquenté par des prostituées et leurs clients. Sans doute est-il mort en faisant l’amour. Selon des témoins, sa partenaire s'est enfuie. Quelques détails surprennent le commissaire Salvo Montalbano, chargé de l’affaire. Même s’il a le soutient relatif du questeur, son supérieur, il doit se montrer très prudent. Ni l’avocat Rizzo, ni le député Cusumano ne l’impressionnent vraiment. Il se doit de vérifier certains indices, trop flagrants. L’éboueur Saro a retrouvé un collier très coûteux que certaines personnes cherchent. S’il fait confiance à Montalbano, il pourra en tirer parti pour faire soigner son bébé souffrant. Quant à son collègue éboueur Pino, il a remarqué l’étrange réponse de l’avocat Rizzo, le premier averti de la mort de l’ingénieur… La veuve Luparello est une femme lucide. Elle renseigne le policier sur la villa où son mari recevait ses maîtresses. Le collier semble appartenir à la belle suédoise Ingrid, qu'on dit peu farouche.
« Le tour de la bouée » (2005) Montalbano ramène à la côte le corps d'un noyé, qui a eu les membres liés par du fil de fer. Il a mariné deux mois dans la mer. Montalbano s’informe sur les courants marins, pendant que son adjoint Fazio cherche l’identité du mort. Le commissaire définit bientôt où le corps fut immergé. Dans un village bâti sans permis, Spigonella, une villa blanche et rouge l’intrigue. Elle dispose d'un discret port privé, bien aménagé. Le cadavre ressemble à un nommé Errera, un truand mort depuis un an. A l’arrivée d’un bateau d’immigrés Noirs, Montalbano avait remarqué un gamin au comportement curieux. Plus tard, il apprend que l'enfant a été tué par un chauffard. Il s'agit d'un meurtre. Le policier s'en veut. Au débarquement, un ambulancier eut un rôle suspect. L’homme avoue être contraint de véhiculer des immigrés. Un journaliste avait déjà contacté Montalbano, au sujet de ces trafics. Écœuré par ce que subissent les enfants, le policier décide de s’attaquer à cette organisation.
« La lune de papier » (2008) Angelo Pardo a été abattu chez lui, peut-être après avoir eu une relation sexuelle. Michela, sa soeur, s’est inquiétée de l’absence de son frère dont elle est proche. Après la découverte du cadavre, Salvo Montalbano perquisitionne chez Pardo. Il découvre un curieux livret de chansonnettes, ainsi que la clé d’un petit coffre qui a disparu. Montalbano réalise trop tard sa une grosse bourde : il a laissé Michela à dormir chez son frère. Il s'avoue troublé par cette femme d’une beauté particulière, qu’elle dissimule sous des vêtements vagues. Pardo était l’amant d’Elena. A l'inverse de Michela, Elena est d'une sensualité agressive. Mariée à un vieux professeur, qui n’ignorait rien de sa liaison avec Pardo, Elena parait sincère. Elle n’a pas d’alibi, n‘ayant pas rejoint son amant ce soir-là. Michela l’accuse, ne cachant pas son hostilité. Des lettres cachées dans la voiture de Pardo sont peut-être moins révélatrices qu'il ne semble. Si plusieurs pistes sont possibles, Montalbano s’interroge surtout sur le train de vie de la victime.
© Claude le Nocher