Deux romans d'Alain Emery
(Astoure Editions, « Breizh Noir »)
Il n'y a pas que chez les grands éditeurs que l'on trouve des auteurs de talent, nous proposant de solides intrigues. Alain Emery en est la preuve. Lauréat de nombreux prix pour des nouvelles, il s'est lancé dans le roman en 2007. Ses deux premiers titres, aux récits fluides et aux ambiances sombres, sont de vraies réussites. Même s'il y est question d'enquêtes, c'est bien le climat de ces intrigues à suspense qui s'avère convaincant.
« Le bourreau des landes » (2008)
Monnier, jeune gendarme de 22 ans, est en poste dans la réqion d'Erquy en 1950. Son supérieur, le capitaine Fabre, l'impressionne beaucoup. Héros de la guerre, encore toute proche, le charismatique Fabre reste discret sur ses exploits. M.Sarlat vient d’être assassiné à son domicile. L'assassin a brûlé les billets du coffre de ce notable local. Selon Fabre, ce pourrait être une sorte d'exécution. Le brigadier Craspin sent que c'est le premier d’une série. Effectivement, M.Asland, vieil ami fortuné de Sarlat, a disparu alors qu’il devait être en voyage. On retrouve bientôt son cadavre et celui de sa jument. Le capitaine se heurte au prétentieux procureur, qui exige une enquête rapide. Aujourd'hui incarcéré, Méliès fut actif à l’époque de l’épuration. Ce douteux résistant ne cache pas sa haine des collabos. Opinion aussi entendue par les gendarmes dans les bistrots des environs. Mme Lebrac et son mari infirme furent des amis de Sarlat et Asland. Comme eux, elle a soutenu l’ordre nouveau nazi, ce dont elle est fière. Fabre n’est pas surpris qu’elle soit assassinée peu après qu’il l’ait interrogée. Le capitaine commence à discerner la logique du tueur, qui assouvit une mortelle vengeance...
« Erquy sous les cendres » (2007)
Octogénaire, Gaby Lardent raconte à un visiteur l’affaire qui a secoué la région voilà un quart de siècle… Un matin de novembre, Gaby repêche la jeune Lorette, 20 ans. Revenue depuis peu à Erquy, elle est apparue déboussolée, hagarde. Son suicide par noyade paraît certain. On évoque une déception amoureuse. Ses parents quittent bientôt le secteur. L’ex-petit ami de Lorette confie à Gaby que c’est elle qui a choisi de le quitter, pour aller vivre loin chez sa tante. Cette dernière n’a jamais hébergé la jeune fille, semble-t-il. La mère de Lorette prétend qu’elle serait partie avec un beau barman. Gaby n'y croit guère. Sa petite enquête dérange quelqu’un. Le conducteur d’un Range Rover provoque un accident, détruisant la voiture de Gaby. Le meurtre de William, turbulent fils de notable, trouble peu les habitants. Mais l’antipathique commissaire Hansen veut un coupable. Il fait erreur en arrêtant un petit voyou local, puis le sanguin fils Lorca...
© Claude Le Nocher