Piergiorgio DI CARA
Né en 1967, Piergiorgio Di Cara est publié en France depuis 2003, avec « Île noire » (Ed. Métailié). Ses trois premiers romans ont pour héros un policier sicilien anti-mafia, ce que l'auteur est réellement dans la vie. Son personnage est confronté à la violence dès sa première aventure. « Rarement dans le roman noir le lecteur ne s'était approché aussi près du quotidien, du travail et de sa solitude d'un policier » souligne le Dictionnnaire des Littératures Policières (Ed.Joseph K) à son propos. Voici les deuxième et troisième romans de cette série remarquable (dont la traduction est assûrée par Serge Quadruppani).
« L’âme à l'épaule » (Métailié, 2005)
Salvo Riccobono est inspecteur à la brigade criminelle de Palerme, en Sicile. Récemment, il a été secoué par un attentat meurtrier contre un juge anti-mafia, en plein cœur de la ville. Depuis, il loue une maison à la campagne. A cause de son métier, sa vie privée n’est guère brillante. Autour de lui, Tito, Cico, « l’Oncle » Bialetti et les autres forment une solide équipe de policiers. En ce moment, ils enquêtent sur un marchand de fruits et légumes probablement impliqué dans un racket. L’idéal serait de poser un micro chez lui. En attendant, son portable est sur écoute, et on le surveille. Qu’il protège un mafieux nommé Russo est quasiment certain.
Sarchia, membre de la mafia arrêté il y a peu, accepte de collaborer. Quand l’inspecteur Riccobono lit les confidences du repenti, l’inquiétude le gagne. Lors du sanglant attentat, il a été repéré par Sauro, celui qui organisa l’opération. Le policier reste une cible pour ce puissant mafiosi. Quand la villa où réside Sauro est identifiée, on n’offre qu’un rôle mineur à Riccobono dans le raid. L’assaut est un échec. L’enquête autour du marchand de fruits a progressé, elle. On a pu faire le lien avec deux frères s’occupant de jeu clandestin. Arrêter le marchand et Russo, le caïd en fuite, ne fera pas avancer l’affaire car ils garderont le silence.
Riccobono concentre ses efforts sur l’introuvable Sauro, dont il s’avoue avoir peur. On intercepte des conversations téléphoniques. Un des interlocuteurs semble être Sauro. Ce que confirme son ami Sarchia, le repenti. On situe le secteur où il se cache. Mais ce quartier est vaste. Et d’autres services de police risquent de faire capoter l’affaire…
« Verre froid » (Métailié Noir, 2007)
À Palerme, la mafia sicilienne veut abattre le policier Salvo Riccobono. C’est par une journée pourrie qu’il rejoint son nouveau poste, en Calabre (sud de l’Italie). La criminalité est peu active à Averno sullo Jonio, lui dit-on. Mais il n’ignore pas que la mafieuse N’drangheta règne sur la région. Bienveillant, son supérieur l’affecte à la section de recherches. Venant de la Judiciaire, Salvo apportera son expérience à ses collègues. Entre autres, concernant le “petit commerce de la drogue”, où il est partisan de viser le sommet du trafic, et non la base. Il sympathise avec Franco, jeune flic de ce service.
En surveillant un petit dealer, l’équipe de Salvo repère deux types suspects. Arrêté en possession de drogue, l’un d’eux se poignarde, mais n’est que blessé. C’est un repris de justice. L’autre est le fils du patron de la société RioCarni, négoce de viandes. Que RioCarni Junior et son complice dirigent un trafic de drogue, soit. Mais Salvo n’est pas encore sûr de comprendre la logique de cette affaire. Rocco, leur dealer d’Averno, a disparu. On retrouve bientôt son cadavre torturé dans une poubelle. Il a été achevé au pistolet d’abattoir. Salvo met la famille du patron de RioCarni sous surveillance.
Malgré la prudence du clan RioCarni, les policiers devinent qu’une grosse livraison se prépare. Ils prennent en filature leur fourgon jusqu’en Toscane. Quand on arrête les trafiquants, pas de drogue. Ils n’ont pourtant pas fait 900 kilomètres pour livrer 40 kilos de poulets. En réfléchissant un peu, la police trouve où est cachée la drogue.
Peu après, les locaux de RioCarni sont incendiés, faisant deux victimes. Ça sent le règlement de compte, la
N’drangheta s’énerve. Par la suite, le patron de RioCarni est au cœur d’une fusillade entre policiers et mafiosi. Quand sa femme et son fils sont décapités, il avoue son rôle et le
trafic parallèle de drogue de son fils. Même en faisant supprimer Rocco, ça n’a pas calmé la N’drangheta. Il livre la planque de Marcilìti, un des chefs mafieux. Salvo et ses collègues
vont alpaguer le truand…
Ce troisième volet de la vie de Salvo Riccobono est aussi noir que les précédents, d’un percutant réalisme. Fumant trop
et s’alcoolisant à l’excès, il ne reste pas moins un professionnel de la lutte contre les clans mafieux. Le danger, la violence et le sang sont le quotidien de ce policier intègre. Ce passage en
Calabre ne l’aidera guère à retrouver son équilibre, à soigner ses angoisses. Quelques sourires, tout de même, avec l’épisode de la policière arriviste, l’attitude du jeune Franco, celle de leur
supérieur avisé, ou un clin d’œil au Festival polar de Cognac. Soulignons de belles réflexions sur la passion de la lecture : c’est «une douce prison dont il n’est pas nécessaire de s’évader,
parce qu’elle est déjà évasion.»
Cliquez ici pour lire ma chronique sur "Hollywood Palerme", roman 2010 de Piergiorgio di
Cara.