DIX ROMANS DE JEAN-FRANÇOIS COATMEUR
Est-il nécessaire de vanter la subtilité de cet écrivain, dont chaque roman est un vrai
bonheur de lecture ? Ce qui prime chez lui n'est pas tant le nom du coupable, mais l'ambiance d'une forte densité. Si ses personnages sont confrontés à des situations délicates ou critiques, il
sait aussi apporter un certain humour dans ses récits. Voici dix exemples de son talent...
« BABY-FOOT » (1970, Denoël-Liv’Editions, 2002)
Août 1969. Jacques (16 ans) vit à Royan, Charente Maritime, entre sa mère Jeanne et sa
tante Lucienne, toutes deux veuves. L’écrivain Serge Malvoisier est assassiné dans sa villa de Saint-Palais, tandis que son épouse Florence est au cinéma. Jacques a des raisons de penser que sa
mère a tué Malvoisier : peu avant le meurtre, alors qu’il rôdait autour de la villa avec son ami Marcel, il a vu Jeanne au lit avec l’écrivain. Le commissaire Charolles soupçonne Jeanne,
qu’il interroge longuement. Elle lui rappelle tant Eve, et son propre drame personnel ! Mais Jeanne ne cède pas. Nerveux, Marcel succombe à une mauvaise chute chez Jacques. L’énergique tante
Lu les débarrasse du corps. Jeanne est libérée. Le policier espère un résultat de la confrontation entre elle et Jacques. Le climat est chargé entre la mère qui se dit innocente et son fils qui
la croit coupable...
« LE SQUALE » (1975, Denoël-Liv’Editions, 2003)
En 1971, dans la région de Rodez, l’affaire Norge suscite la
polémique. Ce notable d’Espalion est soupçonné d’avoir incendié son centre équestre «Le Ranch» afin de toucher l’assurance, causant un mort. L’incorruptible juge Maury s’occupe du dossier.
Il subit des pressions de sa hiérarchie. Il considère Norge, surnommé Le Squale, comme une crapule. Jusqu’en septembre 1972, il ne cède pas. Maury est marié à Séverine, beaucoup plus
jeune que lui, qu'il aime vraiment. Séverine a un amant, Serge. Sa décision est prise : elle va divorcer. Avec Serge, elle s’installe dans une maison de Gabriac. Très vite, elle hésite entre
bonheur et inquiétude. C’est par hasard, grâce au camionneur Jean-Baptiste, qu’elle devine que Serge lui a menti. Il est employé par Norge pour faire chanter le juge Maury. Croyant son épouse
enlevée, Maury a signé le non-lieu en faveur du Squale...
« LA VOIX DANS RAMA » (1973, Denoël-Liv’Editions, 2004)
M.Lemorvan, 48 ans, vient de mourir. Il était le principal
du collège climatique de Douarnenez. La police reçoit un cahier dans lequel Lemorvan se confie à un ami. Il y évoque son quotidien dans l’enseignement, son mariage avec Marie-Paule. Surtout, il
raconte ce qui a marqué sa vie, sept ans plus tôt... Stéphane Frappier était un jeune élève envoyé par le docteur Barroux de Paris, vague ami de Lemorvan. Un jour, Stéphane fit une fugue, avant
de revenir au collège. Grâce à cela, le principal rencontra la mère du gamin, Rachel. Il en tomba amoureux. Il voulut aussi en savoir plus sur eux, sur cet exil de Stéphane en Bretagne. Selon
Barroux, il s’agissait de protéger l’enfant. Contrairement à ce qu’elle laissait croire, Rachel n’était pas veuve...
« MORTE FONTAINE » (1982, Denoël-Liv’Editions, 2004)
En Alsace. Rolande, 26 ans, ex-miss, fut un temps chanteuse.
A cause d’un nommé Bob, elle est impliquée dans un réseau de prostitution de luxe. Un client, diplomate anglais, décède de mort naturelle. L’organisation envoie un homme pour éliminer Rolande,
témoin gênant. Elle se défend, et le tue. Après avoir averti son oncle Charles, elle se cache en Allemagne. Elle sait que sa fille Sylvie, 6 ans et demi, a été recueillie avec son chien Tarzan
par un jeune couple. Daniel, pianiste, et la fantasque Kouka voudraient comprendre. Par téléphone, Rolande leur demande de protéger la fillette quelques jours. Kuntz est un policier aigri. Il
subit des pressions au sujet du défunt diplomate. Se sachant menacé, l’oncle Charles contacte Daniel, qui arrive trop tard. «Appelez Lucifer» sont les derniers mots de Charles...
« ALIENA » (1968, Denoël-Liv’Editions, 2005)
Anne se réveille, aveuglée, bras plâtré, souffrant d’amnésie. Elle est entourée de Marc,
son mari chirurgien, et de Sigrid, cousine de Marc veillant sur elle. Ils racontent à Anne son récent passé, effacé de sa mémoire. Malgré son état dépressif et ses fugues, qui finirent par un
accident, Marc préféra la soigner chez eux. Elle est en voie de guérison, affirme-t-il. Bientôt, Anne s’aperçoit que son bras est intact, que sa vue n’est pas touchée. On lui explique que sa
santé psychologique reste fragile. Ses cauchemars et ses hallucinations indiquent un dédoublement de la personnalité. Anne accepte cette protection autour d’elle, mais s’interroge. Intrigué par
le suicide de la jeune Françoise, le policier Bachereau continue de questionner sa sœur aînée, Mona...
« ON L’APPELAIT JOHNNY » (1979, Denoël-Liv’Editions, 2006)
Le cargo du commandant Berthier va bientôt quitter la rade d’Abidjan. Avec l’accord du second, le capitaine Marzin, il accepte un passager clandestin, Blanck. Mêlé à un complot, ce Français pas très clair doit fuir le pays. De nuit, il embarque avec trois amis : Petrovian, sa sensuelle maîtresse métisse Ina Desroze, et Charles, le frère d’Ina. Malgré cet imprévu, le commandant s’arrange pour les loger à bord. La compagnie impose un autre passager, officiel celui-là : Lagouge, comédien en tournée. Situation difficile à gérer, d’autant que Blanck donne des ordres, et qu’Ina s’exhibe sous les yeux de l’équipage. Charles sympathise avec le comédien. Pétrovian se méfie de tous. On découvre Blanck pendu dans sa cabine. L’assassin est un certain Johnny, rôdant sur le navire. Des indices laissent à penser que ce meurtre est en rapport avec une affaire datant de 1943. Près de la Pointe du Raz, un groupe de résistants fut victime des nazis. Seuls Blanck et Johnny en réchappèrent...
« LE MASCARET » (1977, Denoël-Liv’Editions, 2007)
Au Pays-Basque, milieu des années 1970. Chantal Ragon est arrêtée par la police espagnole
lors d’une action du groupe anti-franquiste Alma. Elle ne peut attendre aucune clémence de la justice du général Franco. Christian Ragon, son mari dont elle vivait séparée, espère pourtant dans
l’ombre du procès. Chantal est condamnée à perpétuité. Pour Ragon, c’est le Docteur Ramirez qui a causé cette situation. Il hait ce héros du militantisme basque, qui lui a pris son épouse.
Chantal fut impressionnée par le livre de Ramirez, aujourd’hui best-seller. Mal dans sa vie de couple, elle quitta tout pour rencontrer cet homme qui la fascinait. Ramirez et Chantal devinrent
bientôt intimes. Elle souhaitait surtout prendre part au combat basque. On lui confia un vague rôle d’agent de liaison. Elle voulait mieux, cette mission qui se termina si mal. Souffrant, assisté
de son ami-employé Chico, Ramirez culpabilise. Pouvait-il la retenir ? Venu pour une prétendue consultation chez le médecin, Ragon est incapable de l’assassiner. Ramirez est tourmenté par
ses souvenirs, ayant servi de base à son livre à succès...
« TOUS NOS SOLEILS SONT MORTS » (Albin Michel, 2002–Le Livre de Poche, 2004)
1998. Un groupe d’activistes utilise le nom d’Hadès. Mel,
Gilou, Patrick, Camille et Pierre-Henri ont commis des attentats dans le Morbihan. Ils s’attaquent une deuxième fois au promoteur immobilier Sabatier. Gilou est tué lors de cette opération. Mel
est persuadée que Sabatier l’a abattu. Ses amis pensent qu’il faut arrêter. Seul Camille accepte de seconder encore la jeune femme. Après avoir brièvement enlevé le promoteur, Camille renonce
finalement. Il craint d’avoir été reconnu, devient parano. Mel trouve un moyen d’approcher la famille de Sabatier, espérant ainsi venger Gilou. La jeune épouse de Sabatier, vient d’accoucher. De
santé fragile elle laisse l'infirmière Alice s'occuper de son bébé. Cyril, fils du premier mariage de Sabatier, éprouve une rancune tenace contre son père et Alice. S’il ne déteste pas Véronique,
il se sert d’elle pour viser Sabatier. Il est question d'interner la jeune femme. Cyril et Mel restent ses seuls alliés. Contre l’avis de ses amis d’Hadès, Mel projette d’intervenir... Le
commandant Valentin et son adjointe enquêtent sur le groupuscule...
« LA FILLE DE BAAL » (Albin Michel, 2005)
Delphine est professeur de littérature médiévale à la fac
Ségalen, à Brest. Elle est mariée à Dominique, chercheur au CHU et enseignant à l’école de médecine. Delphine entretient une liaison avec l’un de ses étudiants, Reynaldo. Une nuit, il est
mortellement agressé par deux hommes masqués. Présente, Delphine est violée. Avant de s’enfuir, elle prévient anonymement la police. Dès le lendemain, elle doit feindre, cacher sa profonde
tristesse. Elle ne dit rien à son mari, ni à l’enquêteur qui l’interroge. Elle ne se confie qu’à Manon, sa meilleure amie. Delphine est contactée par son ancien amoureux, Jérémy, revenu vivre
dans la région. Elle reçoit bientôt des courriels signés «Ariel». Ces messages deviennent vite obscènes, visant aussi Dominique. On a retrouve un SDF mort. Sans doute est-ce lui qui venait de
téléphoner à Delphine. Ariel ne tarde pas à faire chanter Delphine...
« ESCROQUEMORT » (Denoël, 1992)
Quand il apprend que l’oncle Napoléon, à près de 70 ans, envisage de se marier avec une jeunette, ce roublard de Vincent renifle sans tarder le péril. L’héritage promis et tant espéré passerait sous le nez des neveux : Guillaume (dit «Ti-Lou»), Xavier et lui, Vincent. Bien la peine d’y faire tous ses caprices, à ce vieil avare de Napoléon ! Xavier, employé de banque, marié à Paulette, il a sûrement pas trop besoin du fric de leur oncle. Mais Ti-Lou, avec sa Fernande qu’est en fauteuil roulant, et qui trime pour pas lourd, les sous de Napoléon lui ferait du bien. La femme de Vincent rêve depuis toujours d’un petit appartement au centre-ville. Ils pourraient alors se l’offrir, quitter le quartier pouilleux où ils végètent. Et puis, il y a Maria. Une veuve encore jeune qui est la maîtresse de Vincent. Elle en est très amoureuse. S’il devient riche, il ne l’oubliera pas. Dans cette situation de crise, Vincent réunit ses frères pour empêcher Napoléon de convoler. Ils y parviendront. Même si le décès de Napoléon était accidentel, il y avait l’intention ! Commence alors entre les trois frères un jeu de dupes...
© Claude Le Nocher