Philippe Bradfer : « Les noirceurs de l'aube »
(Editions Luce Wilquin, Coll. Noir Pastel, 2007)
A Reims, le commissaire Lartigue et son adjointe Lola Martinez enquêtent sur une affaire inquiétante. En Champagne-Ardenne, cinq lieux de mémoire ont été profanés la même nuit, visant la communauté Juive. Sur la synagogue de Châlons, des inscriptions qui sont la signature de fanatiques néo-nazis. La date de ces saccages est aussi symbolique. Le dimanche suivant, jour anniversaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver, on devait rendre hommage aux victimes des crimes racistes du régime de Vichy. Ce ne sont pas les premiers cas, mais cette opération apparaît mieux préparée. Certains détails sont plutôt des références à un nationalisme version Pétain qu’à l’idéologie hitlérienne.
Le jeune Martin reste traumatisé par l’accident mortel dont a été victime sa sœur deux mois plus tôt. Il culpabilise de n’avoir su la protéger. Relieur amateur, il est troublé par une illustration du livre “l’Apocalypse”, l’image du Bien contre le Mal. Dans son entourage, des personnes auraient besoin qu’on les libère d’êtres malfaisants. Il se lie aussi d’amitié avec des SDF, fédérés par l’humaniste Abélard. Ce dernier devine la souffrance de Martin. Il craint que la haine l’aveugle. Bientôt, la police doit enquêter sur deux meurtres, des hommes étranglés de façon similaire... Régis est le meneur d’un groupe de néo-nazis actifs. Il est connu des Renseignements Généraux. Il semble avoir volontairement disparu, ainsi que trois de ses amis. Gilles appartient à cette bande. Ses motivations sont différentes, héritage de la mémoire familiale confinant au passéisme obscur. Un de ses anciens professeurs s’est interrogé à son sujet. Abélard mobilise son monde pour une manifestation contre le racisme, à laquelle participe Martin. La police sait qu’une nouvelle vague de profanations risque de se produire, bien plus violente...
Né en 1957, cet auteur belge nous rappelle (à juste titre) que les excès fachos ne sont pas un simple fantasme. Lorsqu’on traite un thème fort comme celui-ci, il est difficile de ne pas sembler un peu moralisateur ou schématique. Malgré tout, c’est un vrai suspense noir que nous propose Philippe Bradfer.