Anne-Solen Kerbrat-Personnic
Les deux premiers romans de cette enseignante sont fort séduisants. Ils ne manquent ni de psychologie, ni de suspense. Un auteur à découvrir, à travers les romans présentés ici...
« Dernier tour de manège à Cergy » (Ed.du Valhermeil, 2005)
Le policier Jean-Louis Perrot enquête, suite à la découverte du cadavre d’une jeune fille dénudée sur le manège de la base de loisirs de Cergy-Neuville. Juliette, 16 ans, était la fille de Paul Bordenave et Céline Goodwill, divorcés. Le père, absent la veille, et sa compagne sont bouleversés. La mère ne masque pas sa propre fragilité. Juliette devait passer la nuit chez son amie de lycée, Adèle. Celle-ci ne peut expliquer ce qui s’est produit. Le policier s'interroge sur deux proches de Juliette : sa tante Marianne, antiquaire, et son oncle Louis, peintre. Leur sensibilité s’accorde mal avec le clan des Aciéries Bordenave, aujourd’hui dirigées par leur frère Paul. L’ancien petit ami de Juliette n’est pas concerné. Elle était enceinte de son nouvel amant, non identifié. Le policier est sensible au charme de Céline, laquelle reste marquée par le décès brutal de son père adoré. Un témoin fournit une piste sérieuse : il a vu le père d'Adèle et sa maîtresse sur la base de loisirs cette nuit-là. Celui-ci a déjà eu des ennuis avec la justice...
Fort bien construit, ce premier roman s’inscrit dans la tradition des intrigues psychologiques. Les portraits sont finement ciselés. Fausses pistes et suspects variés contribuent à la qualité de l’énigme. Les lourds secrets de famille planant sur l’affaire créent une ambiance chargée de mystère. Prix du Goéland Masqué, Penmarc'h, 2006.
« “Mi Amor” à Rochefort » (Ed. Alain Bargain, 2007)
Les policiers Perrot et Lefèvre enquêtent à Rochefort, en Charente-Maritime. On y découvre successivement trois cadavres dénudés et mutilés. La première victime, Nathalie Bonneau, était une assistante sociale ayant de sérieux problèmes de couple. Néanmoins, son mari semble effondré. Le second mort est Eric Soubise, directeur d’un service social. Sa séduisante veuve, ne paraît guère le regretter. Le troisième se nommait Jacquard, prof de Langues Orientales. Il paraissait apprécier les belles asiatiques, parfois mineures. En ce froid mois de février, les deux policiers interrogent témoins et proches des victimes. Des analyses ADN sont demandées. Le nommé Bobo se promène souvent non loin des lieux de ces crimes, piste incertaine. Sur chaque cadavre, on trouva une initiale : N.A.T. Quelle en est donc la signification ? Dans les archives des victimes, des lettres anonymes, dont on ne tarde pas à connaître l’auteur. Ce Stéphane Plie fut condamné à dix ans de prison pour la mort de son bébé. L’avis des deux intervenants sociaux pesa contre lui. Il affirme toujours que ce fut un accident. Les deux policiers harcèlent Stéphane Plie, qui nie ces trois meurtres...
Il s'agit d'un pur roman d'enquête, où les policiers suivent des pistes crédibles. Personnages et situations sont présentés avec soin. Même précision dans la description des décors. On sourit de quelques patronymes (Soubise, Sauternes, Marc Aurelle…), et au sujet des monstres angéliques que sont les bambins.
© Claude Le Nocher