Jérôme Bucy
Le “Dictionnaire des Littératures Policières″ de Claude Mesplède (Editions Joseph K.) écrit à son sujet : « Jérôme Bucy développe des intrigues complexes dans des ambiances mystérieuses, presque surnaturelles, nourries de descriptions de lieux imaginaires (le sémaphore des chimères) ou réels (le marché des Enfants-Rouges à Paris) souvent inspirés de ses voyages. » La quête identitaire est au centre de ses trois premiers romans. Après Jérusalem interdite, il a publié Amères désillusions et La maison des Enfants-Rouges. Au printemps 2008, Jérôme Bucy a publié "La chambre d'ambre" aux Editions Belfond. Brève présentation de deux titres de cet excellent auteur.
« LA MAISON DES ENFANTS ROUGES » (Liv’Editions, 2004)
Paris. Dépressive et anorexique, Marine (18 ans) tente de se suicider. Sauvée, elle accepte de consulter un psy. En suivant une fillette vêtue de rouge remarquée dans le métro, Marine apprend qu’il existait des orphelinats appelés « Maisons des Enfants Rouges ». L’une d’elles se trouve encore en Bretagne, transformée en centre de vacances. Séjournant chez sa grand-mère, Marine visite Le Faouët. Elle prend contact avec Virginie, qu’elle surnomme la Madone triste, qui habite en face de l’ancien orphelinat. L’endroit garde mauvaise réputation. La petite Marion, mal-aimée des autres enfants, monte chaque nuit s’isoler au grenier. Comme Marine, Virginie a reçu une lettre anonyme, sous forme d’une cruelle comptine. Emue par Virginie, Marine veut l’aider à savoir ce qu’il est advenu de sa sœur disparue depuis peu. La deuxième comptine fait allusion à la chapelle Sainte-Barbe, au Faouët. La petite Morgane s’y rend avec le moniteur du centre de vacances. Elle y subit un grave choc psychologique. Marine et Virginie se rendent dans ce lieu si particulier, où quelques images troublent la jeune fille... Un remarquable roman à suspense. Suivant un parfait dosage, s’y côtoient le présent et le passé, la vérité et les apparences, les craintes et les doutes. La narration maîtrisée crée un climat d’étrangeté diaboliquement réussi.
« AMERES DESILLUSIONS » (Liv’Editions, 2003)
Jeune Américain de 23 ans, Jeremy Davenport vient en Allemagne afin de rencontrer son rencontrer son grand-père maternel, Kurt Steiner, qu’il ne connaît pas encore. Kurt est mort peu avant son arrivée au château, et l’accueil de son oncle Hans est glacial. Jeremy veut en savoir plus sur Kurt. Certains voyaient en lui un homme dur mais généreux. La plupart le décrivent comme un être froid, hautain, insensible. Avec ses amis Gunther, Klaus et Ernst, ils se sont enrichis grâce aux courses des chevaux qu’ils élèvent. Leur fortune peut expliquer qu’ils sont jalousés. Mais Jeremy découvre plusieurs mystères concernant les quatre hommes, dont l’un (Ernst) est décédé deux ans plus tôt. Les performances de leurs chevaux posent question. Jeremy se rend dans un petit village de l’île de Sumatra pour trouver des indices sur une « semence » dont on lui a parlé. Ce n’est que bien plus tard qu’il va comprendre de quoi il s’agit. En Allemagne, de nombreux bébés sont nés avec de graves malformations. On a accusé le marionnettiste Georg (dit Gepetto), mais Steiner et ses amis se sont servis de lui. Quatre tableaux sur Jeanne d’Arc furent autrefois volés en Picardie. Jeremy veut les rendre à la légitime héritière des œuvres... Une histoire solidement construite. Jérôme Bucy fait preuve d’une vraie habileté, entremêlant avec astuce les principaux nœuds de l’intrigue. La narration est aussi assez subtile, ne livrant qu’à petite dose chaque élément.
© Claude Le Nocher