Tandis qu’à Versailles, le sommet à venir du G8 suscite des violences, dans un contexte international belliqueux, l’Œuvre envoie Eva en mission dans le Médoc. Madeleine Lescaboura est la propriétaire du château La Palombière et de son vignoble. Sa fille Vénus a disparu, alors qu’un prochain Conseil d’Administration décisif est prévu. Madeleine a déjà engagé un détective pour déterminer qui s’acharne contre elle. Eva découvre la curieuse ambiance du château-hôtel, avec ses chats et autres animaux en liberté. D’ailleurs, l’endroit n’a pas si bonne réputation au village. Pendant ce temps, dans une cave surchauffée, Vénus est prisonnière d’un geôlier qu‘elle tente d‘amadouer, et d’une petite fille fantomatique qui l’accuse d’être une sorcière.
Eva réalise que l’accent de Madeleine n’est pas bourguignon. Elle est d’origine tsigane, de Roumanie. Comme tout le personnel qu’elle a engagé, des adultes et une enfant fort insolites. Familier de l’hôtel, l’historien Sibélius vient de se suicider. Eva n’y croit pas. Informé par le détective, le Ministère de l’Intérieur envoie l’inspecteur Mignoni au château. Il devra surveiller les trois cent bouteilles destinées au sommet du G8.
Le week-end, les lieux se transforment en cercle de jeu. Eva y fait la connaissance de Tristan Lacaze, fils d’un des actionnaires du château. On découvre le cadavre crucifié du détective. Il en savait bien plus qu’il ne l’avouait. Dans l‘intérêt général, les autorités préfèrent nettoyer rapidement après le meurtre et taire l‘affaire. Mignoni se plonge dans les travaux de Sibélius sur les révolutions roumaines, sanglantes et cruelles. Eva rencontre Lacaze père, déplaisant catholique trop pieux. Elle s’interroge sur la statue de l’archange Michel dans l’église locale, et sur le curé qui est aussi exorciste. Marie, une fillette, contacte Eva, mais ne vient à aucun rendez-vous. Gachassin, le maire, est l’autre associé du château. Madeleine l’abat, prétendant qu’il était venu empoisonner le vin du G8, ce que constate naïvement Mignoni.
Eva devine la double personnalité du psychotique Tristan Lacaze. Il est à la fois lui-même ou la petite Marie. Madeleine
l’a manipulé, car elle craignait que Vénus s’oppose à elle au Conseil d’Administration. Eva parvient à libérer Vénus. Pour l’Œuvre, Madeleine doit rester propriétaire de La Palombière et du
vignoble, ce que désapprouve Eva. Les conditions imposées à Madeleine sont astreignantes. Empoisonné par des Roumains voulant venger les crimes impunis du passé, le vin livré au G8 risque d’être
servi aux invités…
Pascal Martin ne se contente pas d’élaborer l’intrigue qu’il soumet aux lecteurs. Ses précédents titres l’ont démontré. Dans le cas présent, plus que jamais, il nous plonge dans un climat confinant au surréalisme. Ce domaine viticole du Médoc abrite des personnages hors normes, et de lourds secrets. Dans cette explosion de péripéties, la séquestrée et les grands de ce monde (au bord de l’implosion) sont autant en danger. La belle Eva essaie de ne pas être déstabilisée par la manipulation, s’aidant d’un peu d’alcool fort. Si l’étrangeté règne, on nous offre également une bonne dose de fantaisie (l’inspecteur Mignoni est au mieux de sa forme). Cultivant son style original, l’auteur nous propose encore une fois un palpitant suspense.