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22 janvier 2008 2 22 /01 /janvier /2008 09:45

HERVE JAOUEN

Né à Quimper en 1946, il fut directeur d’agence bancaire avant de se consacrer à la littérature. En 1979, avec La mariée rouge et La chasse au merle, il s’impose commeundefined un auteur majeur du néo-polar. Il obtient le Prix du Suspense 1982 pour le singulier Quai de la Fosse. Plusieurs titres sont publiés au Fleuve Noir dans la collection Engrenage. A noter, deux romans de science-fiction sous le pseudo de Michael Clifden, et un policier signé Michael Ennis : Le voleur de jeans (1983). De 1984 (Le crime du syndicat) à 1999 (Merci de fermer la porte), onze romans sont publiés chez Denoël, dont : Hôpital souterrain (1990, Grand Prix de Littérature Policière), Connemara Queen (1990), Flora des embruns (1991), Le Fossé (1995), L’allumeuse d’étoiles (1996, Prix Populiste). En 1994, son roman Les endetteurs (Stock) dénonce les pratiques bancaires au détriment de la clientèle. Son champ littéraire évolue et s’élargit. Il est l’auteur d’une dizaine de romans-jeunesse, dont Mamie mémoire (1999, Prix Chronos 2000, Prix des Incorruptibles 2001). En littérature de voyage, il publie Journal d’Irlande (1984, Prix des Ecrivains Bretons) et un second tome en 1990, ainsi que Chroniques irlandaises (1995). En outre, il a écrit des textes pour des livres d’art, et traduit deux romans Irlandais. Il obtient le Grand Prix Bretagne 2002 pour Que ma terre demeure (2001, Presses de la Cité). Entre l’influence irlandaise et celle du terroir, il publie plusieurs romans chez cet éditeur. En 2006, il s’inspire de la « catastrophe judiciaire » d’Outreau pour Les ciels de la baie d’Audierne. En 2007, il a publié un roman de terroir Les filles de Roz-Kelenn, s'inspirant largement de l'histoire de sa propre aïeule (coll.Terres de France). Hervé Jaouen est assurément un écrivain de grand talent.

 

Extrait de son interview sur www.rayonpolar.com (octobre 2005)

 

Claude Le Nocher : Dans plusieurs romans, vous dénonciez les procédés bancaires amenant à l’endettement. Pensez-vous que cela s’est amélioré depuis ?

Hervé Jaouen : « Les Endetteurs » a été publié en 1994, mais j’avais commencé à prendre des notes depuis longtemps, pendant mes dernières années de mi-temps à la banque. J’étais écoeuré par les nouvelles pratiques de ventes et par les situations catastrophiques qu’elles provoquaient. Ce livre a été un véritable coup de tonnerre dans le monde bancaire. Le téléfilm qui a été réalisé aussitôt (Crédit-bonheur), et diffusé quatre fois (un record), a beaucoup fait parler de lui. J’ai reçu un tas de lettres de gens surendettés qui me prenaient pour un avocat. Mais bon, si j’en crois les statistiques, la situation n’a fait qu’empirer. Le système est le plus fort et les individus de plus en plus faibles : je veux parler de la nouvelle génération de vendeurs, formés dans les écoles de commerce, qui n’ont aucun état d’âme. « Les Endetteurs » étant épuisé depuis presque dix ans, je me dis qu’il serait bon de l’actualiser et de le rééditer.

 

Claude Le Nocher : L’injustice et les dérapages judiciaires vous inquiètent-ils ?

Hervé Jaouen : Il me semble que dans tous mes romans, même mes romans « de la terre », j’écris contre quelque chose. J’ai besoin de dénoncer. L’injustice sous toutes ses formes ? C’est un peu grandiloquent, ça fait auteur engagé (or, à mon sens, un écrivain ne peut pas l’être, rappelons-nous cette phrase de Malraux : « La politique est la pierre accrochée au cou du roman »). Je préfère l’expression « écrire contre ». Les dérapages judiciaires m’ont toujours fasciné, ainsi que leur traitement par les écrivains, que ce soit « Le Procès » de Kafka ou les bons vieux polars américains sur le thème du faux coupable. Qu’y a-t-il de pire que d’être innocent et de ne pas pouvoir le prouver ? En suivant l’affaire d’Outreau, je me suis aperçu qu’aucun journaliste ou presque, ou sinon en quelques lignes, n’avait abordé la question des enfants des innocents. Comment ces gosses ont-ils pu vivre l’infamie ? Quels dégâts la fausse accusation a-t-elle pu causer dans leur conscience ? J’ai donc imaginé d’écrire un roman de faux coupable écrit non pas comme un polar (ça aurait pu se faire) mais du point de vue d’une fille de 15 ans qui voit ses parents arrêtés et accusés de l’innommable, et raconte à la première personne, comme elle écrirait son journal, la destruction de sa famille et sa propre destruction. Cette façon de faire permet d’évacuer « le judiciaire » (la procédure) pour se concentrer sur l’émotion. Il me vient à l’idée que le thème du faux coupable me trotte dans la tête depuis belle lurette. Il y a vingt ans, j’ai écrit un « Souris noire » qui n’était rien d’autre qu’une histoire de faux coupable : un papa accusé d’assassinat, un petite fille qui sauve son papa.

 

Claude Le Nocher : Vous donnez l’impression d’un besoin de beaucoup écrire. Est-ce le cas ? Dans quelles conditions écrivez-vous (silence, horaires, documentation) ?

Hervé Jaouen : Si je compte bien, je n’écris pas plus qu’Amélie Nothomb : grosso modo un roman par an, plus, c’est vrai, quelques livres pour la jeunesse et mes notes de voyage en Irlande. Il se trouve que j’ai la chance (ou la malchance, si on pense qu’écrire me prive de pas mal de loisirs ?) d’avoir une inspiration galopante. Dans mes tiroirs, j’ai en ce moment des projets d’écriture pour les dix prochaines années, au minimum. Quand je termine un roman, je dis à chaque fois (ma femme pourrait témoigner) que je vais prendre trois mois de vacances. Trois jours plus tard, j’attaque un nouveau livre… Oui, j’ai besoin d’écrire. Sans doute pour me sentir en vie. On peut vieillir très vite. D’où un sentiment d’urgence : accoucher de tous ses projets avant d’en être incapable. C’est sans doute pourquoi je suis un écrivain très discipliné, qui ne tient pas à gâcher une puissance de travail encore intacte. J’écris tous les jours, à heures fixes (9 heures/15-16 heures), parfois avec facilité, parfois dans la difficulté, mais toujours à la fin de la journée j’ai produit quelque chose. Dix lignes ou cinq pages. Ensuite, je fais ce que j’appelle du sport utile, surtout en automne et en hiver. J’entretiens le vaste terrain qui entoure notre maison. Je défriche, j’abats des arbres, je tronçonne, je fends du bois. Ces gestes me plaisent. Je me sens en harmonie avec la nature. Autrefois, au printemps et en été, j’allais pêcher à la mouche… Oui, j’ai besoin de silence et de calme. La documentation ? Juste ce qu’il faut. Il faut se méfier de la documentation. Un roman n’est pas un essai. Suggérer est bien plus fort qu’assener. Si j’ai besoin de documentation, je lis ce qu’il faut, mais au moment d’écrire le roman je range cette documentation et ne retiens qu’une partie de ce que ma mémoire en a gardé.

 Lire l'intégralité de l'interview sur www.rayonpolar.com

 

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