MICHEL LEBRUN, FLORILEGE
Pour beaucoup de lecteurs actuels qui connaissent encore son nom, Michel Lebrun fut surtout un ardent défenseur de la Littérature Policière. Celui qu’on appela « le Pape du Polar » écrivit de nombreuses chroniques sur le sujet, dans divers magazines, dans ses fameux « Almanach du Crime » et « Année du polar » parus de 1980 à 1988. Ses articles restent une référence pour les passionnés.
Mais Michel Lebrun (1930-1996) fut avant tout un très grand auteur. N’oublions pas qu’il obtint en 1956 le Grand Prix de Littérature Policière, pour « Pleins feux sur Sylvie ». Ses romans publiés sous d’autres pseudonymes (Pierre Anduze, Michel Lecler, Michel Lenoir, Oliver King, Laurence Nelson, Lou Blanc) ne sont pas moins savoureux que ceux qu’il signa sous le nom de Michel Lebrun (qui était aussi un pseudo, puisqu’il se nommait Michel cade).
Sa bibliographie complète figure dans le livre qu’Alfred Eibel lui a consacré : « Michel Lebrun, témoignages » (Editions Hors Commerce, collection Hors Noir, 2002). Le magazine Polar, dont il fut un des piliers, lui consacra un dossier spécial dans le N°19, en mai 1981. La revue « 813 », dont il fut un des adhérents fondateurs, publia en décembre 1996 un numéro spécial Lebrun (n°52). Ces documents permettent de mieux faire connaissance avec ce personnage, que tout ceux qui l’ont connu qualifient d’attachant et de généreux. Voici les résumés de quelques livres de cet auteur talentueux, qui proposait aux lecteurs des romans malins. Aujourd’hui encore, ces histoires entraînantes et souvent souriantes restent extrêmement agréables à lire.
« FAUX NUMEROS » (Un Mystère, 1956)
Alain Vinel, 30 ans, marié, auteur de théâtre, rentre chez lui au milieu de la nuit (sa femme est en vacances). Huguette, son ancienne petite amie perdue de vue depuis sept ans, l’attend devant sa porte. Elle s’inquiète pour son fiancé et futur mari, Serge, qu’elle ne parvient pas à joindre. Intrigué, Alain téléphone puis visite l’appartement de cet homme. Personne ! Le lendemain, ils découvrent Serge assassiné chez la jeune femme. L’inspecteur Toussaint soupçonne Alain et Huguette d’être impliqués dans ce meurtre. Huguette est la plus suspecte. Pourtant, elle affirme à Alain qu’elle est innocente. Elle lui transmet un indice important pour retrouver le vrai coupable. Peu après, le suicide d’Huguette semble mettre un terme à l’affaire. Pas pour Alain, qui se sert du fameux indice. Il rencontre M.Challier. Cet ancien avocat, infirme, lui révèle que Serge était son fils. Il espère qu’Alain trouvera l’assassin. Le témoignage de l’épouse de Challier donne un nouvel éclairage à cette affaire...
« REPRODUCTION INTERDITE » (Un Mystère, 1957)
Marc Kelber tient une galerie de tableaux à Paris. Il sait bien que sa vie n’est pas une réussite. Marié à Clara, une femme beaucoup plus jeune que lui, il déteste le fils et la famille de son épouse. Il a voulu s’affranchir de leur fortune et de leur mode de vie, mais il admet avoir du mal à sortir du pétrin. Quand un nommé Lacroy lui propose un lot de tableaux, il ne croit d’abord pas en sa chance. Vérification faite, il y a bien un authentique Gauguin parmi ces croûtes. De quoi faire un joli bénéfice… dont son épouse n’a pas à profiter. Marc s’empare des bijoux de son épouse, vend sa voiture, et emporte les toiles. L’expert est formel : la première fois qu’il a vu le tableau, c’était un vrai. Celui-ci est un faux Gauguin. Marc est ruiné, et les rapports familiaux se détériorent encore plus...
« DANS MON JOLI PAVILLON » (Un Mystère, 1961)
Germain Lormont, auteur de théâtre qui prépare une nouvelle pièce, vit dans sa propriété de l’Eure (où il fait effectuer de gros travaux) entouré de sa femme Rika, de son collaborateur Louis (qui est en réalité l’auteur de ses pièces), de son ami pique-assiette Robert, et de sa secrétaire Josette. Un soir où il revient tard de Paris, Germain échappe de peu à un accident : une cheminée de sa maison s’écroule sur son passage. Plus tard, Germain est victime d’un curieux accident de voiture. Il s’inquiète, espère des réponses en contactant un détective privé. Le rapport de ce dernier est décevant. Germain décide de prendre les devants : au lieu d’être la victime désignée, il décide de devenir l’assassin. Son premier projet vise son ami Robert. Mais les choses ne se passent pas comme prévu. De même pour la mort de Louis (qui venait de terminer la pièce de théâtre en cours). La vérité n’était peut-être pas telle que Germain l’avait lue dans le rapport du détective. Même s’il n’est pas exactement coupable, Germain risque gros…
« LA PROIE DU FEU » (Un Mystère, 1962)
Philippe découvre un tableau chez un brocanteur. Une œuvre non signée pas tellement originale (un paysage), mais dont il est certain de connaître l’auteur. Ou plutôt de l’avoir connu, car il a perdu sa trace depuis plusieurs années. Pour retrouver ce peintre, il se lance dans une enquête ayant peu de chance d’aboutir. Après des investigations vouées à l’échec, il parvient à identifier le décor de ce tableau. Francis – son auteur – est certainement allé sur les lieux. Peut-être se souviendra-t-on de lui ? Non, nul ne peut lui donner de renseignements utiles. Pourtant Philippe trouve une piste qu’il entend exploiter : Francis avait-il pris un autre nom ? Ce Jacques Leclerc, mari d’Odile Leclerc, c’était sûrement Francis. Il apprend qu’il s’est tué à l’époque dans un accident de voiture. Philippe a besoin d’en savoir plus. Il s’arrange pour rencontrer Odile, prise de contact assez insolite. Puis il espère bien que son charme l’aidera à conquérir le cœur de la jeune femme. Elle reste plutôt réticente au début. Un peu à cause de Michel, son ami-amant, un peintre possédant un certain talent. Sans doute aussi parce que ses expériences masculines n’ont jamais été une parfaite réussite...
« LES OGRES » (Mystère, 1971 & Le Masque)
Virginie Boistel et son vieux cousin Pierre-Armand vivent dans une grande propriété entourée de hauts murs, en Normandie. Un endroit plutôt isolé. Par petites annonces, ils recrutent des jeunes filles pour leur service. Celles-ci sont destinées à devenir leurs victimes. Roselyne (dite Bogey) et Geneviève (dite Rosebud), des marginales, ont décidé de se mettre au vert. C’est Bogey qui a répondu à une annonce, mais c’est son amie qui va se présenter à sa place. Bien étrange domaine que celui de Virginie Boistel, se dit Geneviève. Elle réalise vite qu’il s’y trame de drôles de choses. Qu’importe ! Si elle s’y planque pendant quelques semaines, ni les trafiquants qu’elle fuit, ni sa famille qui la recherche, ne l’y trouveront. Pourquoi y a-t-il de la vaisselle pour quatre, alors qu’ils ne sont qu’à trois personnes ? Pourquoi les restes de nourriture disparaissent-ils ? Quels sont ces bruits nocturnes au dessus de sa tête ? Quels sont les rapports réels entre Virginie et Pierre-Armand ? Les chiens vont-ils la dévorer si elle tente de sortir ? La menace est partout.
« UN REVOLVER, C’EST COMME UN PORTEFEUILLE » (Mystère 1971 & Le Masque)
Daniel est un révolutionnaire. José est un petit truand. Ils cambriolent une banque. Deux flics interviennent. Daniel est blessé. José tire sur le deuxième gardien de la paix. Les voleurs s’enfuient. José trouve refuge dans une maison, dont la propriétaire est bientôt de retour. Elle joue un drôle de jeu pour garder José. Le revolver, José s’en est débarrassé. Oscar Zing l’a trouvé, ce qui l’arrange bien car son propriétaire veut l’expulser de son appartement. Il peut ainsi supprimer ce gêneur, avant de se séparer de l’arme. Un jeune couple récupère le revolver. Ils sont conviés à finir la soirée chez de vieux partouzards. Des dingues, qui ont voulu jouer à la roulette russe. Qui est responsable du dérapage ? Ennuyeux : la jeune femme a perdu son sac à main, contenant l’arme. C’est Victor qui hérite du revolver. Détesté par sa femme (qui le trompe) il voudrait divorcer. Et s’il profitait des circonstances pour en finir avec elle ? Réussira-t-il enfin quelque chose de valable, Victor ?
« LOUBARD ET PECUCHET » (Fleuve Noir 1982, Engrenage)
Comme tous les jeunes gens de dix-sept ans et demie, Pécu (de son vrai nom Pécuchet) a envie de liberté, et besoin d’argent pour réaliser ses rêves. Pas des projets fastueux : un grand voyage, ou posséder un wagon-appartement sur un bout de voie ferrée. Mais Pécu n’est pas un « jeune homme » ordinaire. Ce qui l’avantagera lorsqu’il s’attaquera à ses victimes. Qui se méfierait de Pécu ? Ni les volés, ni son voisin l’inspecteur Montescourt – dont les renseignements seront utiles. Puis Hélène surgit dans la vie de Pécu. Hélène, et sa chienne Didine. Hélène et son estafette bariolée. Elle lui a sauvé la mise, mais est-ce une raison pour être aussi collante ? Pécu n’a pas besoin d’une nounou dans son genre ! D’autant qu’Hélène a des projets. Pas des braquages à quat’sous. Non, il faut s’en prendre à ceux qui sortent beaucoup d’argent de la banque. Voire même braquer un transport de fonds...