"1894. Cinq ans se sont écoulés depuis le stage de Georges Villeneuve à Paris. Devenu médecin-expert à la morgue de Montréal, il milite pour faire reconnaître l’importance de la médecine légale au Québec. C’est dans ce contexte qu’a lieu une série de meurtres atroces : à différents endroits de la ville, des femmes sont assassinées au cours d’avortements clandestins. Sur les lieux du crime, on retrouve systématiquement une image de l’Immaculée Conception.
Confronté à l’une des affaires les plus ardues de sa carrière, Villeneuve est sur tous les fronts : tout juste nommé assistant-surintendant à l’asile Saint-Jean-de-Dieu, il est accaparé par son travail à la morgue et doit faire face à la pression médiatique croissante. Et c’est bien sûr à ce moment-là que la belle Emma Royal, qu’il n’a pas vue depuis Paris, annonce sa venue à Montréal…"
Une fois n’est pas coutume, on peut se contenter de reprendre le résumé de la 4e de couverture. On n’en détaillerait pas davantage au sujet de cette intrigue touffue, qui rend hommage à l’engagement de Georges Villeneuve, personnage réel oublié par l’Histoire. Est-ce à dire que l’on se perd dans les méandres du récit ? La documentation affûtée, précise quant à l’ambiance du Québec de la fin du 19e siècle, nous fait-elle perdre le fil de l’aspect criminel ? Non, et c’est même l’atout premier de ce roman. La narration n’est pas simplement souple ou fluide, elle est "naturelle". Nous voilà plongés dans la vie des Québécois d’alors. Avec une bien lente modernisation du pays, due autant aux rivalités entre francophones et anglophones, au poids encore très présent des religions, et à la méfiance des autorités de la ville envers tout ce qui est scientifique.
Si l’on peut parfois reprocher une part de lourdeur à certains "polars historiques", qui accordent plus de pages au contexte décrit qu’à l’aspect enquête, l’expérimenté Jacques Côté ne tombe pas dans ce piège. Il ne s’agit pas d’une biographie de Georges Villeneuve, mais d’une fiction basée sur un personnage qui aurait dû davantage marquer l’Histoire du Québec – et de crimes absolument crédibles en ce temps-là. Il règne ici une noirceur bienvenue : on peut parier que, même les lecteurs appréciant modérément ce type de romans s’inscrivant dans le passé, accepteront de s’immerger (avec un grand plaisir) dans ce livre et seront rapidement captivés.
commenter cet article …