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22 août 2018 3 22 /08 /août /2018 04:55

Luther Grandison est un sexagénaire aisé habitant à Dedham, sa propriété du Connecticut, à l’Est des États-Unis. On le considère comme un esprit distingué, auteur de plusieurs ouvrages de référence, criminologue à ses heures. Il est le tuteur de deux jeunes femmes, ses pupilles étant très différentes. Mathilda, dite Tyl, vingt-deux ans, est une riche héritière, mais pas très belle. Althea, c’est l’inverse : une ravissante personne, sans le sou, qui vient d’épouser Oliver, jeune homme brillant encore que superficiel. Un mariage arrangé par Grandison, qui espérait ainsi garder Mathilda sous son emprise. Partie en voyage, Mathilda est supposée avoir péri dans un naufrage. Secrétaire de Grandison, Rosaleen Wright s’est récemment suicidée, par pendaison, dans la bibliothèque de son employeur. Le policier Tom Gahagen enquête mollement sur cette affaire-là.

Jane Moyniham est la jeune tante de Francis Moyniham, le fiancé de la défunte Rosaleen. Elle est certaine que Luther Grandison a assassiné sa secrétaire. Elle convainc Francis. Pour le prouver, tous deux ont un plan, mais ce sera très difficile. Tandis que Jane devient la nouvelle secrétaire de Grandison, Francis se fera passer pour le mari de la disparue Mathilda. Toutefois, celle-ci réapparaît saine et sauve. Elle découvre alors qu’elle se serait mariée avec un certain Francis Howard. Malgré les preuves qu’il fournit, Mathilda n’est absolument pas dupe de ce soi-disant mariage (car elle était amoureuse d’Oliver). Même le témoignage du pasteur qui les aurait mariés n’y fait rien. Elle a surtout hâte de rentrer à Dedham auprès de Luther Grandison, le seul en qui elle ait une confiance aveugle.

Le policier Tom Gahagen pointe un détail horaire important sur le prétendu suicide de Rosaleen, sans insister tellement. Par contre, cela servira peut-être à Jane et Francis pour déterminer la véritable heure du crime. Tous deux veillent à ce que Grandison ne devine pas leur plan. Francis et Althea ont une conversation à l’abri des oreilles indiscrètes, le jeune homme cherchant des réponses, des précisions sur la mort de Rosaleen. De son côté, Mathilda se confie à son tuteur, lui répétant qu’elle ne croit nullement la version de Francis – un imposteur à ses yeux, qui viserait son héritage. Grandison est, lui aussi, très circonspect envers Francis, et confirme les doutes de sa pupille. La mort continue à rôder sur Dedham, avec un nouveau soi-disant suicide (au somnifère).

Francis et Jane sont sûrs qu’il s’agit à nouveau d’un meurtre, dont l’auteur ne peut être que Grandison – qui a éliminé ainsi un témoin gênant. Le policier Tom Gahagen hésite entre suicide et dosage inapproprié de somnifère, mais insiste peu. Mathilda a toujours pleinement confiance en son tuteur Grandison, modifiant son testament en faveur de celui-ci pour annuler le faux document instituant son "mari" comme héritier. Si Francis choisit d’affronter directement Luther Grandison, c’est à ses risques et périls…

Charlotte Armstrong : L’insoupçonnable Grandison (1947)

— La pauvre ne devait pas voir la vie en rose. Althea lui avait chipé son fiancé, et le jeune ménage était en train de s’installer à Dedham. Un sale coup pour elle ! On conçoit qu’elle ait désiré fuir le spectacle de leur bonheur. Aussi…
Mais Francis n’écoutait plus. Jane vit luire dans les yeux de son neveu la même lueur que jadis, lorsqu’il misait sur un cheval, et ayant gagné achetait pour sa mère avec le bénéfice ainsi réalisé, un bracelet d’un prix exorbitant. Comme elle avait aimé en lui ce goût de l’aventure chevaleresque que tempérait toujours, à l’ultime moment, son sens de la mesure ! À nouveau, il semblait prendre le mors au dent…

Quatrième roman écrit par l’auteure, “L'Insoupçonnable Grandison” fut publié en 1947 par Frédéric Ditis dans la collection suisse de Détective-Club, puis réédité en 1953 dans la coll.française de Détective-Club. En 1958, troisième parution dans le coll.La Chouette. En 1984, ce roman fut réédité dans la collection "Les maîtres du roman policier" chez Le Masque. L’histoire n’est pas "située" dans une époque définie et, géographiquement, on sait juste que ça se passe entre New York et le Connecticut, assez proche. Charlotte Armstrong s’est ici concentrée sur les rouages de cette affaire énigmatique.

On n’a pas de mal à imaginer un personnage "intouchable" tel que Grandison, dont le charisme influe sur son entourage et au-delà. Il garde toujours un calme apparent, fait semblant de mépriser les questions financières, s’exprime avec assurance. Mais, observatrice, Jane Moyniham a compris illico sa véritable nature et ses combines. Reste à collecter des preuves contre lui, ce qui s’avérera forcément compliqué – car ses deux pupilles ne l’accableront pas. Sans être négligeable, le rôle de la police reste mineur. La construction de l’intrigue est solide, impeccable, le récit ne nous cachant rien. Encore un parfait exemple de la qualité des romans d’alors, que l’on relit avec grand plaisir.

Ce roman fut transposé au cinéma sous le titre “Le crime était presque parfait” (1947) par Michael Curtiz, avec Claude Rains (Grandison), Joan Caulfied (Mathilda), Audrey Totter (Althea), Constance Bennett (Jane). À ne pas confondre avec le film homonyme d’Alfred Hitchcock (avec Grace Kelly), sorti en 1954.

Charlotte Armstrong : L’insoupçonnable Grandison (1947)
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commentaires

M
Bonjour Claude,<br /> Je viens de finir ce matin "La chambre du haut", de Mildred Davis, déjà lu il y a très longtemps et que j'avais beaucoup aimé. Un poil déçu.....<br /> Du coup, j'hésite à relire Charlotte Armstrong ou D.B. Hugues dont j'avais tant apprécié les bouquins dans les années 80...<br /> Amicalement,<br /> Max
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C
Bonjour Max<br /> Il est vrai que ces romancières évoquent des ambiances quelque peu datées, mais leurs intrigues restent souvent intéressantes. Je gardais un bon souvenir du présent roman de Charlotte Armstrong, que j'ai relu avec un plaisir certain.<br /> Pour ma chronique de demain, jeudi, un grand nom du roman noir, avant d'enchaîner avec quelques Série Noire...<br /> Amitiés.

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