À part pour la gymnastique sexuelle, le commissaire San-Antonio n’est pas un amateur de sports. C’est l’inspecteur Bérurier qui l’entraîne ce jour-là au match de football, au stade de Colombes. La rencontre France-Eczéma s’annonce exceptionnelle. Dans les tribunes, le gros Béru ne risque pas de passer inaperçu. Le match s’interrompt bientôt : l’arbitre teuton Otto Graff vient d’être abattu par un tir de deux balles. Le commissaire San-Antonio ne peut rester sans réagir. Tandis que Béru se fait agresser de toutes parts, le policier fouille les vestiaires. En particulier celui d’Otto Graff, car il s’agit d’en savoir plus sur la victime. À l’occasion de ce match, il résidait à l’Hôtel Modern. Selon l’expert, les balles ont été tirées par un fusil, à au moins deux cent mètres.
C’est bien simple, il y a un immeuble juste en face, ça vient donc de là, un tir du 3e ou du 4e étage. La concierge n’a vu personne de suspect entrer ou sortir de son immeuble. San-Antonio rend visite aux locataires du bâtiment. L’arme de précision, il la retrouve chez des voisins qui ont été ligotés et bâillonnés par les tireurs masqués. De retour au stade, San-Antonio repère un second mort inconnu, oublié dans la cohue de l’événement. Le temps de faire son rapport au Vieux, son supérieur, et San-Antonio est reparti sur la piste des assassins. C’est à l’Hôtel Modern que le commissaire espère dénicher des indices. Le vaillant Béru est déjà sur le coup lui aussi, dans la chambre du défunt arbitre est-Allemand, encore que l’inspecteur ne soit pas plus efficace que d’habitude.
Dans cet hôtel, il y a deux clients du nom de Graff : Otto la victime, et son supposé frère Pauli Graff. Ce dernier serait un artiste de cirque, de nationalité helvétique. Ce curieux bonhomme, San-Antonio l’a déjà croisé au stade. Dans la tradition communiste, Otto Graff était accompagné de deux sbires du régime. En voilà deux qu’on ne peut pas suspecter du meurtre, c’est déjà ça. Mais si on les arrête, ces flics de l’Est étant disciplinés, il ne faut pas s’attendre à des révélations fracassantes, non plus. Est-ce au cirque que San-Antonio trouvera les explications de toute l’affaire? Pas sûr. Car ce crime pourrait bien avoir été motivé par une toute autre raison, vieille comme le monde : la vengeance…
Publié en 1960, ce polar est bâti sur une intrigue sans complication, un scénario classique de l’enquête policière. Avec une très grosse différence, quand même : c’est une aventure du commissaire San-Antonio. L’histoire est donc racontée dans la tonalité burlesque chère à Frédéric Dard. S’il est question de football, San-Antonio ne manquera pas de prouver une fois de plus son talent de séducteur, en batifolant avec la rousse Geneviève, témoin du crime. On ne peut passer sous silence la tonitruante présence de Bérurier. Le Gravos, le Mahousse, le Phénoménal, l’Énorme, son Altesse Rarissime, des surnoms collant parfaitement au personnage du Gros. Lire et relire San-Antonio, c’est toujours s’offrir un moment de détente, ne nous en privons pas.