Âgé d’une cinquantaine d’années, Gabriel Lavilla est flic à la PJ de Nice. Il revendique ce terme de "flic". Vocation ? “Non, je crois que le mot exact qui m’a conduit a exercer ce métier, à me cogner des heures et des jours de planques, à foutre mon mariage en l’air, c’est injustice. Oui, l’injustice, cette maladie qui déchire vos entrailles chaque fois que vous vous pointez devant des corps meurtris, qui s’immisce dans votre sommeil pour vous rendre responsable de leurs vies volées, qui vous file la gerbe et l’envie d’exploser les types qui les ont dérobées.” Avec son équipe de la Criminelle, Gabriel est chargé d’enquêter sur la disparition de Laurent Ghiberti, quarante-six ans, patron du BTP aux activités diverses, puisqu’il possédait aussi l’hôtel Azur Palace qu’il vient de vendre.
Gabriel connaît depuis leur adolescence Emmanuelle Ghiberti, la très classe épouse du disparu. En perquisitionnant chez eux, le policier découvre un pistolet appartenant à Laurent Ghiberti. Parmi ceux qui étaient en conflit avec le disparu, il y a l’entrepreneur en bâtiment Pironi. Une histoire d’impayés que Pironi n’a pas digérée. Mais celui-ci possède des alibis suffisants pour être peu suspect. Il faut compter aussi avec la mairie, Laurent Ghiberti étant proche du maire de Nice. Vergeat, le supérieur de Gabriel, et Lavilla font preuve d’une certaine diplomatie à son égard. Autre piste possible : Jade, la maîtresse de Ghiberti. De son vrai nom Camille Fournet, la jeune femme est plus une escort-girl qu’une amante passionnée. Emmanuelle savait que son mari la trompait.
Pour les policiers, il faudrait éclaircir le rôle de Giordano, vice-président des principales sociétés de Ghiberti, sans doute amoureux platonique d’Emmanuelle. Gabriel Lavilla interroge aussi Mélanie, la fille du couple Ghiberti. Elle confirme des tensions entre ses parents. L’hôtel Azur Palace a été vendu à un riche Russe, un certain Timpraska. L’avocat de ce dernier intervient : en tant que résident monégasque, Timpraska refuse de venir témoigner au commissariat. Qu’à cela ne tienne, les policiers iront le questionner à son domicile. Qu’il s’agisse d’une disparition volontaire, d’un problème privé ou d’une affaire professionnelle, ça reste encore confus. Mais le chevronné Gabriel Lavilla, son adjoint Gérard et leur équipe sont tenaces, explorant à fond toutes les hypothèses…
Si Marseille est la ville de tous les trafics, Nice est de longue date celle de toutes les magouilles financières, d’arrangements souvent frauduleux. Agissements sur lesquels les autorités ferment les yeux, non sans complaisance. L’image de Nice ne doit pas être ternie par ces malversations. Depuis quelques années, des "milliardaires russes" sont entrés dans la danse, étalant des millions d’Euros issus d’on ne sait quel bizness, faussant encore davantage les choses. L’argent coule à flots, Nice en profite.
Michel Tourscher, l’auteur, est officier de police dans les Alpes-Maritimes. Dans ce troisième roman, il décrit son métier avec ses aléas, le mode opératoire des enquêtes. La tonalité détaillée s’avère de bon aloi, mais le tempo eût mérité plus de rythme narratif. Néanmoins, “Une disparition” est un bon polar actuel, dont le héros est sympathique.