Anglais, Martin Neale a cru faire fortune en Argentine, mais il est dans la dèche. Il se retrouve dans le petit village d’Itapangua. Il espère mettre la main sur son compatriote Stephen Darnley, recherché pour un kidnapping meurtrier. Il y a une forte récompense à la clé. Neale n’y parviendra pas seul. Aussi contacte-t-il le commissaire d’Itapanga, Carjaval, un citadin qui ne se plaît guère dans ce trou perdu. Le policier accepte de s’associer à Neale. Il mobilise un camion et quelques "vigilantes" parmi les hommes étant sous ses ordres. Ils filent vers le désert, dans la direction où sont partis Darnley et sa compagne Suzanne. Le couple étant tombé en panne d’essence dans un village indien, il a poursuivi sa route à dos de mulets.
Neale, le commissaire Carjaval et sa petite troupe doivent opter pour la même solution : continuer la chasse sur les pistes du désert avec des mulets. Ils rattrapent Darnley et Suzanne. Il s’agit maintenant de rentrer à Itapangua, un périple sous le soleil ardent de cent-cinquante kilomètres, avec peu de vivres et d’eau en réserve. Quand les "vigilantes" comprennent qu’il y a une grosse prime pour ramener Darnley, ils exigent leur part. Neale et le commissaire Carjaval n’ont pas le choix, d’autant que Resi – un des "vigilantes" – ne compte pas en démordre. La progression est de plus en plus pénible à travers le désert, sous ce soleil de plomb. Deux des mulets meurent, à bout de forces. Tous n’ont d’autre choix que de tenir bon, à pied ou sur les mulets restants.
L’Indien Ceja, celui qui connaissait le mieux la région, décède en cours de route. Tant qu’il est simple de suivre la même piste qu’à l’aller, le groupe s’inquiète peu. Néanmoins, la confiance n’est pas au beau fixe entre Neale, le commissaire Carjaval et les "vigilantes". Mais Resi ne peut pas tout surveiller : en pleine nuit, Neale ne fait rien pour empêcher Darnley et Suzanne de tenter leur chance seuls. Il est conscient que, même s’ils prennent un peu d’avance, le défi est trop incertain. Arriver les premiers à Itapangua, essayer une autre solution pour disparaître ? C’est illusoire. En outre, il faut craindre une réaction radicale de Resi si le groupe rattrape le couple de fuyards. Et au final, combien seront-ils pour toucher la grosse récompense promise ?…
L’arme au poing, ils arrivèrent à la hauteur des deux mulets chancelants. L’homme et la femme se tournèrent lentement, très lentement vers eux. Leurs visages toisèrent les uniformes bruns et débraillés, les revolvers, les peaux sombres, la figure barbue de Carjaval et finalement s’attardèrent sur Neale.
Un masque de poussière ternissait le visage de la femme, creusé par la fatigue et la peur ; elle l’observa un instant, puis ses yeux se tournèrent de nouveaux vers les hommes, leurs uniformes, leurs dagues et leurs revolvers. Neale y lut la terreur, l’amertume et la haine : l’autre l’avait reconnu et compris. Il détourna les yeux et pensa à l’argent. Cinq cent mille pesos.
Michael Barrett (1924-1999) était un romancier anglais. Il a publié une douzaine de livres, plusieurs ayant été traduits en français – dont “Les fuyards de Zahrain” (1963), “Feux de bush” (1968), ou “Ce soir à Sacarra” (1972). “Balade au soleil”, son premier suspense paru en 1956 dans la Série Noire, s’avère très bien construit – même si le scénario peut nous sembler aujourd’hui assez conformiste, un peu tel un western caniculaire en Amérique latine. Malgré tout, grâce aux péripéties bienvenues, on se passionne pour le sort de Neale, du commissaire Carjaval et de ses hommes. Un polar qu’il n’y a pas de raisons de reléguer dans les oubliettes de la littérature policière, qui se lit encore de nos jours avec un plaisir certain.