En Argentine au temps de la dictature, dans la première moitié des années 1970. Le commissaire-adjoint Lascano, n’appartenant pas aux sphères dirigeantes, est cantonné à des missions secondaires. Cette fois, il s’agit d’enquêter sur le suicide d’un Allemand nommé Rolf Böll. On impose même à Lascano un jeune assistant, Miguel Siddi. Comme le légiste Fuseli, le commissaire-adjoint a de fortes raisons de douter du suicide – qui a en effet été provoqué. En revanche, le policier peut s’interroger sur le rôle de Herta Bothe, l’épouse du défunt. Elle semble avoir disparu. Lascano récupère un carnet écrit par Rolf Böll, qui est rédigé en allemand, langue qu’il ne comprend pas.
Le CV d’Herta est éloquent : elle fut gardienne dans les camps nazis, Ravensbrück et autres, une des plus dures. Elle fut condamnée à dix ans de prison à l’issue de la guerre, avant de venir se réfugier en Argentine où elle se maria à Böll. Elle est bientôt arrêtée et interrogée par Lascano. Pour le carnet de l’Allemand, le policier a besoin d’une traductrice. Son chemin croise celui de la jeune Marisa Frauberg. Lascano est immédiatement séduit par Marisa, mais il est maladroit pour exprimer ses sentiments. Ayant perdu de la famille dans les camps nazis, Marisa n’est guère enchantée de traduire le carnet. Il y est question de profiteurs qui, sentant venir la fin du Reich hitlérien, se préparaient à continuer plus tard leurs combines financières – restant dans l’esprit du nazisme.
La hiérarchie n’apprécie pas que Lascano mène une véritable enquête sur le suicide de Böll. Dès qu’il demande quelques jours de vacances, ça lui est accordé afin de l’écarter de cette affaire. C’est avec Marisa que Lascano va passer ce temps de repos, devenant vite très intimes. Entre-temps, le professeur Lévi – qui aurait pu fourni un élément-clé à Lascano – est exécuté par la police dictatoriale. Par ailleurs, la répression arbitraire sévit dans toute l’Argentine.
À son retour, Lascano est muté aux Archives, ce qui indique bien qu’on ne veut plus qu’il enquête. Poursuivant sa traduction, Marisa mesure à quel point les sbires du nazisme furent et sont encore des personnes médiocres, sans honneur. Quant aux dirigeants actuels de l’Argentine, ils ne se font pas de cadeau entre eux non plus. Lascano ira au bout de ses investigations, trouvant l’assassin de Rolf Böll…
Période troublée pour l’Argentine que ces années 1970. Même superficiellement, tout le monde connaît le contexte d’alors. Sans doute y eut-il des gens comme Lascano, moins impliqués dans la frénésie dictatoriale. S’il est surnommé "Le Chien" pour sa supposée capacité à être offensif dans ses investigations, cela apparaît modérément ici. Il a du caractère, c’est vrai, mais fait son métier consciencieusement, sans éclat particulier. Ce que l’on retient, c’est sa relation amoureuse progressant avec la jeune Marisa. Un homme tel que Lascano n’a rien d’un séducteur sûr de son fait, mais ses sentiments sont vrais. Via le carnet de Böll, on nous montre la bassesse des partisans du nazisme, dont l’Argentine fut un pays d’accueil un peu trop complaisant. Jamais ce peuple n’exprima depuis l’idée d’avoir protégé ces criminels. Cette “conspiration des médiocres” est un bon petit polar qui se lit sans déplaisir, mais qui manque un peu de relief.