Le Festival du film britannique de Dinard se déroule tous les ans en octobre, dans cette station balnéaire d’Ille-et-Vilaine, proche de Saint-Malo. De longue date, depuis le milieu du 19e siècle, Dinard est très appréciée des Britanniques. Ce festival permet de prolonger l’attrait pour les Anglais, de milieux naturellement aisés. Cette année-là encore, on s’apprête à faire la fête, en présente de stars. Sauf que dès le lendemain de la soirée d’ouverture, un cadavre est retrouvé sous un manège en pleine ville. Il a été percuté par un véhicule, volontairement sans doute, avant d’être dissimulé. Il s’agit du scénariste Simon Leigh, pris à partie la veille par un de ses confrères, Guy Brandon.
Le commissaire Hervé Le Goff doit démêler les premiers éléments. Pendant ce temps, il y a un peu d’agitation parmi les invités du festival. La productrice Margareth Woodward ne tarde pas à jeter le gigolo qui l’accompagnait, qui a dépassé les limites du cynisme. Épouse du cinéaste Charles Hamilton, Helen s’aperçoit que son mari – plus endetté que jamais – cherche à la spolier. Ambiance tendue dans les coulisses du festival. Le SRPJ de Rennes va diriger l’enquête sur le meurtre de Simon Leigh. Mais il ne semble pas si facile de mettre la main sur Guy Brandon, pourtant participant aux festivités. D’ailleurs, il ne faudrait pas l’accuser trop vite, car c’est plutôt contre Charles Hamilton qu’il en a.
A Saint-Servan, une festivalière a été précipitée du haut de la Tour Solidor. Un suicide ne semble pas crédible. Il s’agit de Norma Gray, la meilleure amie d’Helen Hamilton, qui l’aidait à ne pas être lésée par son mari. La police hésite à établir un lien avec le crime de Dinard. Toutefois, le témoignage d’Helen Hamilton peut faire progresser les choses. Même si le festival se poursuit vaille que vaille, on sent bientôt une menace planer. Peut-être sur les stars présentes. Des suspects, il n’en manquerait pas. Sans doute pas ce Charlot,plus envahissant que vraiment dangereux. Mais ce genre de festivités rassemble quantité de personnes, pas toujours identifiées. D’autres morts sont-elles à redouter ?…
Au palais du Festival, ni les agents municipaux qui en gardent l’accès, ni les hôtesses d’accueil n’ont aperçu le scénariste, dont on guettait l’arrivée en cas d’autre manifestation intempestive.
Tout cela n’a rien de rassurant. Si le crime est avéré, après le scandale de la veille, on peut penser comme Charles Hamilton à une vengeance du scénariste. La rancune de Brandon envers son remplaçant doit couver depuis longtemps. Et si c’était lui, le conducteur qui, après avoir refusé Helen Hamilton, avait chargé Simon Leigh ? Il faut absolument le retrouver sans délai.
C’est dans la meilleure traditions du roman d’enquête que Renée Bonneau nous présente une intrigue solide. Ce festival se plaçant sous l’égide d’Alfred Hitchcock, l’ambiance s’y prête déjà tant soit peu. Le déroulement des festivités est perturbé, mais le spectacle continue. Le mystère est dense, sans être inutilement chargé. Il suffit de suivre le tempo narratif souple et ses péripéties pour apprécier l’énigme. Un très bel exemple de polar classique.