Venue du Missouri, l’ambitieuse Amber Patterson s’est installée dans le Connecticut depuis quelques temps. Son job d’employée dans une agence immobilière locale ne la classe pas parmi la haute société de la côte Est. Amber a collecté un maximum de renseignements sur le couple Jackson et Daphné Parrish. Lui est un riche homme d’affaires, elle s’occupe à diverses œuvres en compagnie d’amies des mêmes milieux fortunés. Amber a trouvé le meilleur angle pour se rapprocher de Daphné Parrish. Celle-ci a créé une fondation aidant à la lutte contre la mucoviscidose, dont est décédée sa jeune sœur. Amber prétend qu’elle a été dans le même cas, avec sa sœur. Daphné demande à sa nouvelle amie de faire partie de son comité. Meredith, épouse d’un homme très riche, se montre méfiante. Pas seulement pour une question de classe sociale, mais le hasard ne lui plaît guère.
Amber continue à chercher des infos sur le couple Parrish. Dans le même temps, ils l’invitent dans un restaurant très chic. Amber va bientôt remplacer Bunny, défaillante au sein du comité, se voyant confier des responsabilités. Mrs Parrish a deux filles, Tallulah et Bella, dont Amber doit supporter les caprices. Il est vrai qu’un visage nouveau si présent chez les Parrish pose questions aux gamines, qu’il faudra amadouer. Jusqu’alors, Amber n’a toujours pas rencontré Jackson Parrish, ce qui sera finalement le cas lors d’un repas en famille au restaurant. Amber s’incruste toujours davantage dans la remarquable maison de Parrish, où tout respire le luxe, entre les œuvres d’art et les dressings remplis de vêtements coûteux. Amber passe même la soirée de Noël chez eux, avant d’organiser l’événement caritatif de la fondation, destiné à recueillir des fonds.
Le but d’Amber, c’est évidemment de mettre le grappin sur Jackson Parrish. Tous les moyens seront bons pour le séduire, se l’attacher. Toutefois, Daphné n’est sans doute pas d’une telle naïveté. Avant Amber, elle-même a su attirer Jackson Parrish et sa fortune. Ce qui ne plaît pas vraiment à Ruth, la mère de Daphné, qui a une vie tranquille bien éloignée de ce luxe exagéré. Par exemple, Tallulah et Bella n’ont pas besoin de deux nounous, dont une qui ne parle qu’en français. Même si la machination d’Amber progresse et fonctionne, peut-être que Daphné Parrish contrôle mieux la situation qu’elle ne croit. Les fameuses coïncidences qui les ont rapprochées autour de la mucoviscidose, trop commode ? Tout n’était que mensonge chez Amber…
Elles bavardèrent ainsi tout au long du trajet. Amber remarqua que Jackson ne lâchait pas la main de sa femme un seul instant. Et lorsqu’ils arrivèrent, il l’aida doucement, amoureusement, à descendre de la voiture, laissant le chauffeur tendre la main à Amber. "Il est raide dingue de Daphné" pensa Amber, et cela entama quelque peu sa détermination.
Il n’étaient pas les premiers. L’équipe chargée de la décoration était déjà là, mettant les dernières touches à la table de vente, et disposant les compositions florales au centre des cinquante tables recouvertes de nappes roses et de serviettes noire. L’orchestre se préparait, à l’autre bout de la salle, et les barmen installaient leur stock : ils n’allaient pas chômer ce soir.
— Waouh Daphné, c’est formidable, s’exclama Amber.
Jackson glissa son bras autour de la taille de Daphné et, l’attirant contre lui, frotta son nez contre son oreille.
Pénétrer dans le monde des gens riches et puissants, débordant d’autosatisfaction et de confiance en eux, chez cette poignée de privilégiés si éloignés de la vie quotidienne, des réalités de la population, tel est le défi que s’est fixé Amber. Fille d’une famille ordinaire, elle s’est cultivée pour avoir des bases correctes. Elle s’est très largement renseignée sur sa cible, Jackson Parrish, afin de ne la pas rater. L’épouse de celui-ci étant bienveillante, tel un mentor l’initiant à ces cercles, Amber ne doit redouter que ses propres faux-pas éventuels. Quant aux filles de sa rivale, elle ne sont pas simples à gérer.
Un thriller psychologique nécessite de soigner les ambiances. C’est le cas ici, avec cette exploration sociologique. Le tempo est plus lent que dans un roman d’action : c’est celui qui convient. En cours de lecture, on s’interroge sur la destinée d’Amber et sur la candeur affichée de Daphné. Dans ces sphères, les dames ont effectivement besoin de se distraire, et Amber amène un peu de fraîcheur pour Mrs Parrish. En n’oubliant pas que l’image publique est primordiale, chez ces couples parfaits et généreux. Outre l’intrigue et sa psychologie, le portrait crédible – tout en finesse – d’une infime part de la société américaine.