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30 novembre 2017 4 30 /11 /novembre /2017 05:55

Ruth Galloway habite un cottage isolé en bordure du Saltmarsh, un marais maritime dans le comté de Norfolk, à deux cent kilomètres au nord-est de Londres. Célibataire vivant avec ses chats, elle n’a pour voisins qu’un couple généralement absent, et le gardien de la réserve ornithologique, David. Archéologue spécialisée dans la datation des ossements, Ruth enseigne à l’université de la région. Âgée de bientôt quarante ans, guère séduisante car un peu corpulente, elle a néanmoins vécu une histoire sentimentale avec le rouquin Peter, il y a quelques années. De son côté, l’inspecteur de police Harry Nelson est marié, père de deux filles. Il est beaucoup moins attaché à ce coin du Norfolk que Ruth. Si sa carrière de policier a connu des succès, Nelson ne peut pas effacer un de ses échecs.

Voilà dix ans disparaissait le petite Lucy Downey. Les parents de l’enfant n’en ont jamais voulu à Nelson de ne pas l’avoir retrouvée. Depuis, il reçoit ponctuellement des courriers du ravisseur de Lucy. Sans doute l’inconnu est-il cultivé, car ses textes font référence à des légendes, des croyances anciennes. En ce mois de novembre, des ossements ont été découverts dans le Saltmarsh. Pensant qu’il peut s’agir des restes de Lucy, Nelson fait la connaissance de Ruth, afin de dater ces os. En réalité, ils remontent à l’Âge du fer. Avec les sables mouvants et les traces de ce "henge", structure où se pratiquaient autrefois des sacrifices humains, Ruth imagine un rituel mortifère préhistorique dans le Saltmarsh. Ce n’est donc pas Lucy, mais l’affaire va rebondir un peu plus tard, à la fin décembre.

La petite Scarlet Henderson, quatre ans, a disparu alors qu’elle jouait dans le jardin de ses parents. Pour le policier Nelson, il existe fatalement un lien avec le cas Lucy. Ruth étudie les lettres anonymes qu’il a reçues. Après le Nouvel An, l’esquisse d’une piste se dessine. Michael Malone, quarante-deux ans, travaille lui aussi à l’université. Il est connu comme druide, sous le nom de Cathbad. Ruth se souvient quelque peu de lui, au temps où elle effectuait des fouilles dans le secteur du marais maritime avec d’autres archéologues. Ce Cathbad se veut non-conformiste, ne cachant pas son aversion pour la police. Il affirme ne rien savoir sur les disparues. Peu après, la chatte de Ruth est égorgée et placée sur le pas de sa porte. Nelson et elle ne peuvent que conclure à une menace visant Ruth.

Par le passé, Erik Anderssen enseigna l’archéologie en Grande-Bretagne, avant de repartir vivre avec son épouse dans son pays, la Norvège. Ruth fut une des étudiantes d’Erik, le Viking. Celui-ci n’est pas mécontent de revenir dans le Norfolk, où il participa aux fouilles dans le Saltmarsh avec Ruth et Peter. Pour sa part, Ruth trouve l’occasion de sympathiser avec la famille de la petite Scarlet Henderson. Les semaines passant, il y a de moins en moins de chances que l’enfant soit encore vivante. La marginalité du druide Cathbad le désigne comme le meilleur suspect pour la police. Quant à résoudre "l’affaire Lucy", Harry Nelson ne perd pas espoir…

Elly Griffiths : Les disparues du marais (Éd.Pocket, 2017)

Ruth prend le temps de réfléchir. Évidemment, elle a très envie d’accepter – elle est plus impliquée dans cette enquête qu’elle ne veut bien l’admettre. Elle a passé des heures à relire les lettres, à chercher des indices, des mots significatifs, n’importe quoi qui pourrait la conduire jusqu’à leur auteur. Bizarrement, elle se sent proche de Lucy, de Scarlet et de l’inconnue des temps anciens retrouvée dans le Saltmarsh, comme si elles étaient toutes les quatre intrinsèquement liées. De plus, Cathbad l’intrigue, et comme c’est elle qui a donné son nom à l’inspecteur, elle pense avoir une certaine responsabilité envers lui. En revanche, elle trouve assez insultant que Nelson l’imagine prête à tout laisser tomber au moindre coup de fil de sa part. Avant qu’il l’appelle, elle était occupée à préparer ses cours et à mettre à jour ses diapositives – le prochain semestre commence dans une semaine. Mais cela peut sans doute attendre quelques heures…

Si l’archéologie de terrain est au centre de cette histoire, c’est surtout le site en question qui importe. Car ces marais salés forment un paysage singulier. À la Préhistoire, ces lieux n’étaient pas immergés. Ils recelaient déjà toute une symbolique, tel un trait d’union entre la terre et la mer, entre la vie et la mort. On peut penser que s’y tenaient des cérémonies votives, sacrificielles. Comme dans certaines tourbières, bien qu’il s’agisse plutôt de rias. Dans ces prés salés marécageux, on est au cœur de la nature à l’état brut, au milieu des oiseaux marins en toute liberté et de la végétation des vasières. Un décor riche pour qui sait l’apprécier, s’approprier sa beauté sauvage, ce qui est le cas de Ruth Galloway.

C’est la première enquête réunissant l’archéologue Ruth et l’inspecteur Nelson, qui seront les héros d’une deuxième affaire dans “Le secret des orphelins”. L’intrigue avance au rythme des situations énigmatiques et des investigations, scientifiques et policières. Mais l’auteure laisse une large place à la vie personnelle du duo. Si Harry Nelson ne se montre pas toujours agréable, cela tient autant à son passé de flic qu’à une vie de couple dépassionnée. Si Ruth Galloway est une universitaire reconnue, son vécu privé a été moins brillant. Elle garde la nostalgie de l’époque où elle effectuait des fouilles en équipe, et "intériorise" ses sentiments. Tous deux constituent un duo improbable, c’est bien pour ça que leurs tribulations séduisent.

Mystérieuses disparitions de fillettes, références aux croyances d’autrefois, paysage inhabituel, narration souple, autant d’éléments contribuant à rendre passionnant ce roman d’Elly Griffiths. Désormais disponible en format poche.

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commentaires

P
Bonjour M. Le Nocher,<br /> <br /> Lisez cette chronique ( l'auteur utilise lui-même le mot quand il dit " J’ai choisi de le redécouvrir, bien avant d’écrire cette chronique, dans les conditions « d’avant » c'est-à-dire en regardant deux épisodes par semaines pour faire durer le plaisir. " ), non pas d'un livre, mais du feuilleton historique télévisé " La Dame de Monsoreau " tourné en 1971 d'après le roman d'Alexandre Dumas.<br /> Réalisé par Yannick Andréi, scénario de Claude Brûlé, musique - inoubliable à mon sens - de Bernard Fossard, avec Nicolas Silberg, Karin Petersen, Denis Manuel, François Maistre ( futur commissaire Faivre des " Brigades du Tigre " ) entre autres et surtout Michel Creton dans le rôle de Chicot, le bouffon du Roi, qui joue ainsi le rôle d'exposant de l'histoire auprès du spectateur.<br /> Sans oublier les cascades, duels à l'épée, chorégraphiées à la perfection par Claude Carliez ( 1925 - 2015 ), maître d'armes qui dirigea les cascades dans la plupart des fictions historiques françaises et donna en France ses lettres de noblesse à la profession de cascadeur, avec Rémy Julienne ( ce dernier plus spécialisé dans les cascades en véhicules ).<br /> Etant plus âgé de quelques années que l'auteur de cette chronique, né en 1968, qui dit " Je l’ai découvert lors de sa rediffusion au début de l’été 1975 car lorsqu’il fut diffusé la première fois à noël 1971 j’étais trop jeune (3 ans et demi). Je ne l’avais pas revu depuis. " , vous l'avez peut-être vu vous dés sa première diffusion à Noël 1971 ?<br /> Moi je l'ai vu la première fois à la fin des années 1980.<br /> <br /> Mais, même en ayant vu ce feuilleton il y a plus ou moins longtemps, la présente chronique vaut d'être lue, histoire comme le souligne l'auteur de " profiter aujourd’hui de toutes les subtilités des dialogues et des situations qui m’avaient échappé enfant ! "<br /> <br /> http://lemondedesavengers.fr/index.php/hors-serie/annees-1970/la-dame-de-monsoreau-1971<br /> <br /> http://lemondedesavengers.fr/hors-serie/annees-1970/la-dame-de-monsoreau-1971/la-dame-de-monsoreau-presentation<br /> <br /> http://lemondedesavengers.fr/hors-serie/annees-1970/la-dame-de-monsoreau-1971/la-dame-de-monsoreau-guide-des-episodes<br /> <br /> Cordialement
Répondre
C
Bonjour Philippe<br /> Je pense que c'est à la rediffusion de ce feuilleton, en 1975, que je l'ai vu. Comme le dit le chroniqueur, tous les acteurs étaient excellents, avec un bonus pour Michel Creton, sauf Karin Petersen. Ce qui nuisait à la part supposée "romantique" de l'histoire. On partait sans doute de l'idée qu'une dame de la noblesse n'affichait pas ses sentiments. A l'époque, Catherine Deneuve incarna le genre "beauté froide, distante", de même que (en 1974) Mireille Darc dans "Les seins de glace". Peut-être donc était-ce dû à une sorte de mode, d'image ou d'interprétation. Mais, puisqu'on en parle encore, c'est que le personnage a marqué certains téléspectateurs.<br /> Amitiés.

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