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23 février 2017 4 23 /02 /février /2017 05:55

Romain Delvès et Margot Garonne sont âgés d’une trentaine d’années. Tous deux sont flics dans le même commissariat, policiers de base. Ils se connaissent, amis sans plus, gardant une certaine distance. Romain fait équipe avec Ivo Fonzi, qui joue volontiers les cadors, un adepte des opérations musclées, un partenaire ayant "l’esprit flic". Romain est issu d’un milieu très aisé. Paul Delvès, son père, fut l’unique héritier de la fortune familiale. Anna, sa mère, évolua un temps dans le cinéma. Lassée de l’attirance de son époux pour les jeunes filles, Anna s’exila au Canada, où elle vit depuis longtemps avec sa compagne. Il est vrai que, dans le chalet montagnard des Delvès, on accueillait beaucoup de jeunes, surtout des groupes de filles. Ce qui n’était pas sans créer des incidents, parfois violents.

Ce que Romain retient de positif, c’est sa relation avec Dimitri, venu de Lettonie. Dimitri avait douze ans de plus que le petit Romain, âgé de deux ans. Une relation fraternelle et complice s’établit entre eux. D’ailleurs, Dimitri s’est établi dans la région depuis. Le drame pour Romain se déroula quand il avait six ans. Son père fut abattu par des inconnus, une affaire jamais élucidée. C’est ce qui l’incita a entrer dans la police. De son côté, Margot Garonne est divorcée, mère de trois filles. Avec elles et son métier, sa vie est bien remplie. Quand Romain et Ivo Fonzi sont victimes d’un traquenard monté par des malfrats, Ivo ne tarde pas à mourir, tandis que Romain risque de sévères séquelles. Margot devient sa garde-malade, avant qu’il s’efforce de récupérer physiquement sa forme d’avant.

Romain a évoqué pour Margot le meurtre de son père Paul. La jeune femme fait bientôt une fixation sur l’affaire, remontant à un quart de siècle. En parallèle de son métier, elle retrouve Zoé Gardel, une des adolescentes qui séjournèrent au chalet des Delvès. Elle fut témoin du crime, se souvient qu’il s’agissait de la vengeance d’une femme, accompagnée par deux comparses. Le prénom de la tueuse sonnait américain, mais elle ne s’en rappelle plus exactement. Peut-être cette Jessica, qui joua dans le film réalisé par Anna ? Margot déniche le vrai nom de cette personne, Jeanne, et se rend dans le village côtier au bord de l’océan, où elle vit. Quant à Romain, il a choisi de traquer les assassins d’Ivo Fonzi. S’il retrouve leur piste, grâce au détective qu’il a engagé, il sera sans pitié envers ces tueurs.

L’avenir de Romain n’est certainement pas dans la police, d’autant que le vrai flic, c’était son défunt partenaire. Autant faire rénover le chalet familial des Delvès, et s’y installer. Margot ne renonce pas, quant à elle, rencontrant un gendarme retraité qui enquêta sur le meurtre de Paul. Lorsqu’elle fait la connaissance de Dimitri, Margot entame une nouvelle étape dans sa vie. Convaincre sa hiérarchie de relancer l’affaire Paul Delvès ? Pas facile…

Jacques Bablon : Nu couché sur fond vert (Éd.Jigal, 2017)

Titillée par le meurtre de Paul Delvès, [Margot] avait demandé à Romain de rassembler ce qui avait trait à l’été meurtrier. Il avait mis dans une boite tout ce qu’il avait ramené du chalet.
Romain ne savait pas quoi penser de l’insistance de Margot à reprendre en main l’enquête. Qu’elle s’occupe de son père mort qu’elle n’avait pas connu vivant était troublant. Ça tenait de l’hommage ? De l’intrusion déplacée ? Il se dit surtout qu’il ne risquait rien à la laisser faire. Au mieux, il ne serait pas mécontent que l’assassin de son père se fasse choper. Ce serait sans l’ordre des choses. Mais pas plus, il n’était plus motivé par le sujet. Il savait que ça ne réparerait pas les dégâts que ça lui avait causés, qu’il n’y avait pas d’autre choix que de faire avec.

Il est bon de préciser qu’il ne s’agit pas ici d’un roman d’enquête, mais d’un authentique polar. On pourrait même dire : un polar de qualité supérieure. Sa finesse provient d’abord des portraits des protagonistes. L’auteur n’oublie pas que, dans la vraie vie, chacun à son propre parcours, linéaire ou plus chaotique. Margot, mère de famille divorcée, n’est pas si proche du célibataire Romain, fils d’un milieu fortuné marqué par des drames. Elle n’a pas de motif "objectif" de fouiller dans le passé, mais cela donne un sens à ses capacités mal exploitées dans la police. Quant à la relation entre Dimitri et Romain, elle est exemplaire dans sa subtile description : on a envie de répondre en écho que c’est bien ainsi que peut démarrer une longue et solide amitié mutuelle.

Cette histoire n’est pas située géographiquement, pas d’indication de ville ou de région. De tels détails n’étaient pas indispensables. Néanmoins, les décors sont habilement esquissés. Visuelles et réalistes aussi, les scènes s’y déroulant s’avèrent très vivantes. Les allers-retours dans les époques ajoutent du piment au récit. Tous les éléments de cette intrigue captivante en font un suspense riche, que l’on dévore avec passion.

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commentaires

Y
Bonjour Claude<br /> Les couleurs de Jacques Bablon sont toujours aussi attrayantes, il change de style mais l'intérêt ne baisse pas.<br /> Amicalement
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C
Bonjour Yves<br /> Le bleu et le vert de J.Bablon m'ont franchement convaincu, un peu moins le rouge mais ce n'est qu'une impression. Un auteur qui ne manque pas de talent !<br /> Amitiés.
P
Bonjour M. Le Nocher, Belette,<br /> <br /> Connaissez-vous ce jeu des cours d'école primaire auquel on s'adonnait autrefois ?<br /> ( Je ne dis pas qu'on n'y joue plus aujourd'hui, mais je ne suis plus à l'école primaire pour le voir. )<br /> Il consistait à ce que des enfants se promènent dans la cour en repérant la couleur des yeux de chaque autre enfant qu'ils rencontraient. Et lui disent, selon le cas :<br /> " Yeux marron, yeux de cochon<br /> Yeux verts, yeux de vipère<br /> Yeux bleus, yeux d'amoureux "<br /> <br /> Il existe une variante beaucoup moins connue, mais plus poétique, plus littéraire : des vers de Rémy Belleau, poète français du 16ème siècle, quelque peu oublié, contemporain de Joachim du Bellay ou Pierre de Ronsard :<br /> <br /> Yeux verts vont en enfer<br /> Yeux noirs au Purgatoire<br /> Yeux gris au Paradis<br /> Yeux bleus aux Cieux. "<br /> <br /> Ce n'est pas cité dans l'article Wikipédia :<br /> <br /> https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9my_Belleau<br /> <br /> Mais on trouve des résultats, sans référence à Rémy Belleau, si l'on tape par exemple " Yeux bleus aux Cieux " :<br /> <br /> http://www.mamalisa.com/?t=es&p=1810<br /> <br /> Les yeux bleus vont aux cieux<br /> Blue Eyes to Heaven Rise<br /> Comptine<br /> Nursery Rhyme<br /> (French)<br /> (English)<br /> Les yeux bleus<br /> Vont aux cieux.<br /> Les yeux gris<br /> Vont au paradis.<br /> Les yeux verts<br /> Vont en enfer.<br /> Les yeux noirs<br /> Vont au purgatoire.<br /> Blue eyes<br /> to heaven rise.<br /> Grey eyes<br /> go to paradise.<br /> Green eyes<br /> in hell tell lies<br /> Black eyes<br /> in purgatory get wise.<br /> <br /> A propos d'auteurs utilisant aussi des couleurs pour titrer leurs romans, il y a Paul Thiès, auteur entre autre de polars jeunesse :<br /> <br /> https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Thi%C3%A8s<br /> <br /> Un été bleu cauchemar<br /> Un hiver blanc frisson<br /> Un automne rouge sang<br /> Un printemps vert panique<br /> <br /> Tous publiés chez Rageot, collection Heure Noire.<br /> <br /> Cordialement
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C
Bonjour Philippe<br /> Agatha Christie n'utilisa-t-elle pas des titres ou des paroles de comptines pour ses romans ? <br /> Les couleurs illustrent-elles le contenu (même en partie) des intrigues ? on peut en douter.<br /> Quant aux références "poétiques", souvenons-nous des dictons : Qui voit Ouessant voit son sang, Qui voit Sein voit sa fin, etc. Je ne suis pas certains qu'ils soient si anciens, d'ailleurs. <br /> Amitiés.
T
Coucou ^^<br /> <br /> Bleu, rouge, vert, monsieur Bablon fait toutes les couleurs ! :D Je le note aussi, j'avais adoré trait bleu, mais pas encore lu le suivant, avec le rouge...<br /> <br /> Par contre, pourrais-je avoir la photo de toi, nu sur le fond vert ? merci ! mdr
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C
Hello Belette<br /> Au Musée des Horreurs, il est possible que tu retrouves une photo de moi, nu sur fond vert. Il faut une certaine perversité pour s'extasier devant cette image ^_^.<br /> Il y a eu des séries de titres, selon les auteurs, sur les jours de la semaine, sur les saisons, sur les chiffres, sur les prénoms, et sur les couleurs... Chez J.Bablon, j'avais adoré "Bleu", pas accroché à "Rouge", et franchement apprécié ce "Vert".<br /> Amitiés.

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