Romain Delvès et Margot Garonne sont âgés d’une trentaine d’années. Tous deux sont flics dans le même commissariat, policiers de base. Ils se connaissent, amis sans plus, gardant une certaine distance. Romain fait équipe avec Ivo Fonzi, qui joue volontiers les cadors, un adepte des opérations musclées, un partenaire ayant "l’esprit flic". Romain est issu d’un milieu très aisé. Paul Delvès, son père, fut l’unique héritier de la fortune familiale. Anna, sa mère, évolua un temps dans le cinéma. Lassée de l’attirance de son époux pour les jeunes filles, Anna s’exila au Canada, où elle vit depuis longtemps avec sa compagne. Il est vrai que, dans le chalet montagnard des Delvès, on accueillait beaucoup de jeunes, surtout des groupes de filles. Ce qui n’était pas sans créer des incidents, parfois violents.
Ce que Romain retient de positif, c’est sa relation avec Dimitri, venu de Lettonie. Dimitri avait douze ans de plus que le petit Romain, âgé de deux ans. Une relation fraternelle et complice s’établit entre eux. D’ailleurs, Dimitri s’est établi dans la région depuis. Le drame pour Romain se déroula quand il avait six ans. Son père fut abattu par des inconnus, une affaire jamais élucidée. C’est ce qui l’incita a entrer dans la police. De son côté, Margot Garonne est divorcée, mère de trois filles. Avec elles et son métier, sa vie est bien remplie. Quand Romain et Ivo Fonzi sont victimes d’un traquenard monté par des malfrats, Ivo ne tarde pas à mourir, tandis que Romain risque de sévères séquelles. Margot devient sa garde-malade, avant qu’il s’efforce de récupérer physiquement sa forme d’avant.
Romain a évoqué pour Margot le meurtre de son père Paul. La jeune femme fait bientôt une fixation sur l’affaire, remontant à un quart de siècle. En parallèle de son métier, elle retrouve Zoé Gardel, une des adolescentes qui séjournèrent au chalet des Delvès. Elle fut témoin du crime, se souvient qu’il s’agissait de la vengeance d’une femme, accompagnée par deux comparses. Le prénom de la tueuse sonnait américain, mais elle ne s’en rappelle plus exactement. Peut-être cette Jessica, qui joua dans le film réalisé par Anna ? Margot déniche le vrai nom de cette personne, Jeanne, et se rend dans le village côtier au bord de l’océan, où elle vit. Quant à Romain, il a choisi de traquer les assassins d’Ivo Fonzi. S’il retrouve leur piste, grâce au détective qu’il a engagé, il sera sans pitié envers ces tueurs.
L’avenir de Romain n’est certainement pas dans la police, d’autant que le vrai flic, c’était son défunt partenaire. Autant faire rénover le chalet familial des Delvès, et s’y installer. Margot ne renonce pas, quant à elle, rencontrant un gendarme retraité qui enquêta sur le meurtre de Paul. Lorsqu’elle fait la connaissance de Dimitri, Margot entame une nouvelle étape dans sa vie. Convaincre sa hiérarchie de relancer l’affaire Paul Delvès ? Pas facile…
Titillée par le meurtre de Paul Delvès, [Margot] avait demandé à Romain de rassembler ce qui avait trait à l’été meurtrier. Il avait mis dans une boite tout ce qu’il avait ramené du chalet.
Romain ne savait pas quoi penser de l’insistance de Margot à reprendre en main l’enquête. Qu’elle s’occupe de son père mort qu’elle n’avait pas connu vivant était troublant. Ça tenait de l’hommage ? De l’intrusion déplacée ? Il se dit surtout qu’il ne risquait rien à la laisser faire. Au mieux, il ne serait pas mécontent que l’assassin de son père se fasse choper. Ce serait sans l’ordre des choses. Mais pas plus, il n’était plus motivé par le sujet. Il savait que ça ne réparerait pas les dégâts que ça lui avait causés, qu’il n’y avait pas d’autre choix que de faire avec.
Il est bon de préciser qu’il ne s’agit pas ici d’un roman d’enquête, mais d’un authentique polar. On pourrait même dire : un polar de qualité supérieure. Sa finesse provient d’abord des portraits des protagonistes. L’auteur n’oublie pas que, dans la vraie vie, chacun à son propre parcours, linéaire ou plus chaotique. Margot, mère de famille divorcée, n’est pas si proche du célibataire Romain, fils d’un milieu fortuné marqué par des drames. Elle n’a pas de motif "objectif" de fouiller dans le passé, mais cela donne un sens à ses capacités mal exploitées dans la police. Quant à la relation entre Dimitri et Romain, elle est exemplaire dans sa subtile description : on a envie de répondre en écho que c’est bien ainsi que peut démarrer une longue et solide amitié mutuelle.
Cette histoire n’est pas située géographiquement, pas d’indication de ville ou de région. De tels détails n’étaient pas indispensables. Néanmoins, les décors sont habilement esquissés. Visuelles et réalistes aussi, les scènes s’y déroulant s’avèrent très vivantes. Les allers-retours dans les époques ajoutent du piment au récit. Tous les éléments de cette intrigue captivante en font un suspense riche, que l’on dévore avec passion.
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Jacques Bablon : Trait bleu (Éd.Jigal, 2015) - Le blog de Claude LE NOCHER
On l'a collé pour vingt ans en prison. C'est mérité, puisqu'il a effectivement poignardé Julian McBridge. Si on n'avait pas asséché l'étang où il avait jeté le cadavre, il serait passé en...
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