L’universitaire Régis Messac (1893-1945) est toujours à l’honneur, grâce à la revue trimestrielle “Quinzinzinzili” — dont le titre est à l’origine celui d’un de ses romans. Il publia d’autres livres, dont "Le miroir flexible", "La cité des asphyxiés", "A bas le latin !", "Valcrétin". Sans oublier sa thèse “Le «detective Novel» et l'influence de la pensée scientifique”, rééditée chez Les Belles Lettres, Prix Maurice Renault 2012 de l’association 813. L’objectif de cette publication n’est pas seulement de rappeler le parcours et les mérites de Régis Messac. Durant l’Entre-deux-guerres, les milieux intellectuels dont il fait partie sont très actifs, s’interrogeant souvent sur le futur. En tant que contributeur de la revue "Les Primaires", le pacifiste Régis Messac se fait l’écho des livres alors publiés, qu’il s’agisse d’intrigues policières ou qu’ils traitent de sujets sociaux et idéologiques.
Ce n°32 de “Quinzinzinzili” présente un hommage à André Castagné, décédé en 2015, qui fut un ancien élève de Régis Messac, début des années 1930. Cet éminent juriste de Montpellier cultivait d’autres passions plus artistiques, dont la poésie. Son érudition s’exerçait autant dans le domaine du Droit que sur les sujets culturels, ce dont témoigne Olivier Messac qui évoque leurs contacts. Autre hommage, par Anne Gabriel, au regretté Michel Jeury. Beaucoup de lecteurs se souviennent de l’auteur de SF qu’il fut. Pourtant, il faut également retenir chez cet “écrivain vagabond” une inspiration régionaliste. Ainsi que le montre un récent ouvrage, on trouve encore chez Michel Jeury une approche autobiographique, complétant le portrait de cet écrivain. Henri Barbusse, auteur de "Le feu", possiblement converti au communisme, est par ailleurs évoqué par Philippe Baudore qui a étudié ce personnage quelque peu controversé.
Quelques autres parutions de livres sont évoquées dans ce numéro, en lien avec l’époque de Messac. On notera par exemple la sortie d’un livre, signé Yves Frémion et Daniel Durandet, consacré à l’illustrateur Raylambert (1889-1967). Dans les années 1930, nous dit-on, il révolutionna les manuels scolaire grâce à des images beaucoup moins austères, bien plus vivantes. Il participa à élargir “les bienfaits de la découverte et l’appropriation du savoir” par ses illustrations plus chaleureuses… Une large place est ici faite à un échange de courriers entre Régis Messac (et plus tard sa famille) et son ami René Bonnet. Outre le contexte de leur temps, tous deux développaient le projet d’une bibliothèque, le “Musée du soir”, pour proposer des auteurs sélectionnés au public. Cette correspondance est évidemment le reflet d’une époque.
Autour d’un roman de Fitz-James O’Brien, “The diamond lens”, Étienne d’Issensac présente un tableau comparatif des quatre traductions de cette histoire. Exercice fort intéressant, qui permet d’observer (sur quatorze extraits, avec les phrases d’origine en Anglais) les nuances apportées par chaque traducteur. En préambule, dans l’article “La forme, c’est le fond”, Étienne d’Issensac rapporte avec malice des propos que j’ai écrits – dans une réponse à un commentaire – chez Action-Suspense. J’y explique, de façon assez souriante, pourquoi je ne cite jamais les traducteurs. Pour autant, il n’est pas question de minimiser leur rôle essentiel, qui va au-delà de la simple compétence, c'est certain. Vaste débat, les lecteurs ne pouvant se substituer aux éditeurs dans la mise en valeur de ce métier.
Chaque numéro de la revue “Quinzinzinzili” coûte 7€. On peut s'y abonner en s'adressant à la Société des Amis de Régis Messac (71 rue de Tolbiac, Paris 13e). À Paris, cette revue est disponible chez plusieurs libraires. Les romans et autres écrits de Régis Messac sont réédités aux éditions Ex-Nihilo, 42bis rue Poliveau, Paris 5e. Le prochain livre de cet auteur, tropical roman d’aventure intitulé “La loi du Kampilan” (un inédit) sera publié aux Éditions Ex-Nihilo dès le 16 janvier 2017. Ce tirage est limité, il n’est peut-être pas trop tard pour pré-commander ce livre.