Le jeune James Watson est né aux États-Unis. Quand ses parents ont divorcé, il est parti vivre avec sa mère à Londres, une ville qu’il apprécie beaucoup. Pourtant, James est de retour dans le Connecticut, non loin d’où habite son père avec sa nouvelle famille. Si on l’a inscrit au pensionnat de Sherringford, c’est grâce à une bourse d’études basée sur son talent de rugbyman. James ne se fait guère d’amis ici. Même avec Thomas Bradford (Tom) qui partage sa chambrée, ils ne lient pas complètement. James aspire à devenir écrivain, comme son aïeul le docteur John Watson, le biographe de Sherlock Holmes.
L’étudiante Charlotte Holmes appartient à la prestigieuse famille anglaise des descendants de Sherlock Holmes. Son frère aîné Milo est déjà, à vingt-quatre ans, un des hommes les plus puissants de Grande-Bretagne. À l’instar de sa famille, Charlotte commença tôt à résoudre des affaires criminelles. C’est une scientifique, qui dispose de son propre labo à Sherringford, où elle est interne depuis un an. Elle a hérité du goût de son aïeul Sherlock pour la drogue, mais elle a réussi à s’en sevrer. Elle pratique aussi le violon, d’une façon plus harmonieuse que le détective d’antan. Charlotte est encore championne au poker, car l’argent alloué par sa famille britannique est insuffisant pour elle.
James Watson connaît de nom Charlotte depuis longtemps. Mais la mère du jeune homme l’a souvent mis en garde contre les Holmes. Si elle n’est Watson que par son ex-mari, le père de James exprimerait la même méfiance, de manière plus enjouée sans doute. Mais la relation entre fils et père reste tendue, conflictuelle. Quand il retrouve Charlotte sur le campus de Sherringford, James s’avère maladroit pour exprimer son admiration envers la jeune fille. Il est vrai que Charlotte est une authentique Holmes, exprimant un caractère directif. Il est improbable que le duo Holmes-Watson se reforme avec Charlotte et James.
Quand l’étudiant sportif Lee Dobson, un dragueur lourdaud, est assassiné, James Watson est suspecté par l’inspecteur Ben Shepard. Car Dobson et Watson avaient eu un violente altercation la veille, au sujet de Charlotte. Celle-ci est aussi soupçonnée par le policier. On a utilisé de l’arsenic pour ce meurtre, dont la mise en scène s’inspire d’une des aventures de Sherlock Holmes. Par obligation, James renoue en cette occasion avec son père. Les deux jeunes réalisant qu’ils sont observés par un inconnu, ils le pourchassent sans succès. Ce peut être aussi bien le dealer de drogue local qu’un agent au service de Milo Holmes.
Lorsque l’étudiante Elizabeth Hartwell est agressée, c’est en imitant une autre enquête du détective Holmes. Dans les souterrains de l’école, James et Charlotte découvrent bientôt une pièce secrète, un repaire où le tueur a réuni des fausses preuves accablant leur duo. Ils se disculpent grâce à la complicité de leur amie Lena, la petite copine de Tom. James et Charlotte négocient avec le policier Ben Shepard, afin de les laisser enquêter de leur côté.
Faut-il suspecter les descendants du Professeur Moriarty, dont le dernier – August – est un génie des mathématiques ? James découvre dans sa chambre tout un dispositif, caméra et micros, servant à l’espionner. Quant au labo de Charlotte, il va partir en fumée. Le danger les entoure, et même la santé de James est en péril…
“J’étais un impulsif qui vivait dans l’instant, sans penser à l’après. Sauf qu’avec Holmes, je ne pensais qu’à l’après. Les trajets silencieux en voiture à l’aube, les discussions passionnées, les incursions dans des chambres fermées pour voler des preuves et les rapporter dans notre labo. Tout cela, je le voulais. Je voulais que nous soyons compliqués ensemble, que notre vie soit difficile, fascinante, flamboyante. Le sexe était une complication banale. Alors que rien en Charlotte Holmes n’était banal.
Même la façon dont elle remplissait sa robe.
Non. Il ne fallait pas que je laisse mes pensées prendre ce chemin. Le passé nous avait appris que nous étions trop inconsistants pour supporter ce genre d’épreuve. Le matin même, elle m’avait chassé de son labo en me menaçant de son violon. Le lendemain soir, nous allions peut-être partager la même cellule.”
Précisons d’emblée que, s’il s’agit d’un roman destiné en priorité aux ados, bon nombre de lecteurs adultes y prendront plaisir. En particulier ceux qui connaissent l’univers des textes de Conan Doyle, bien sûr. En effet, l’auteure utilise allusions et références aux enquêtes d’Holmes, telles “Le ruban moucheté”, “Le détective agonisant”, “L'escarboucle bleue”. La brave Mme Hudson apparaît sous les traits de Mme Dunham, le labo de Charlotte Holmes se situe "salle 442", et son grand frère Milo rappelle fortement Mycroft. L’ombre des Moriarty ne peut que planer sur cette affaire criminelle. Comme son aïeul, James Watson est quelque peu en état d’infériorité par rapport à la dynamique Charlotte. Par contre, c’est une admiration amoureuse qui anime dans ce cas le jeune homme.
Nous ne retournons pas environ cent vingt-cinq ans dans le passé. C’est dans une histoire actuelle que nous entraîne cette intrigue. Avec des dialogues d’aujourd’hui, et certaines situations bien moins chastes qu’autrefois. Réseaux Internet et téléphones portables sont utilisés, même si la chimie chère à Sherlock et les ouvrages scientifiques restent de mise avec sa descendante. Sans oublier, bien entendu, la capacité déductive toujours étonnante dont font preuve nos jeunes détectives. Ils forment tous deux une fine équipe, c’est vrai. Ça va chauffer pour les malfaisants qui tentaient de les faire accuser. Un suspense franchement sympathique !
- Ce roman est disponible dès le 18 août 2016 -