Simon est un ancien flic, au visage marqué et aux cheveux prématurément blancs. Il a été viré de la police à cause d’une embrouille, piégé pour le meurtre de Cora qu’il n’avait pas tuée. Derrière ce complot, il y avait de l’argent sale et de la politique. Ceux qui perdirent les élections de 1981 possédaient encore un certain pouvoir. Depuis, Simon a décidé de travailler pour son propre compte. C’est ainsi qu’un commanditaire lui promet une forte somme afin qu’il retrouve Victor Emmanuel Cerutti. Ce comptable doté d’une mémoire infaillible était employé par la société Morin, laquelle masquait des activités politiques peu démocratiques. Sentant qu’il deviendrait bientôt un témoin gênant à supprimer, Cerutti a disparu volontairement depuis quelques temps.
C’est sous le surnom de "Verlaine" que Simon connaît de longue date le comptable. Ils ont été ensemble dans l’armée, naguère. L’ex-flic accepte la mission, car il veut retrouver lui aussi Verlaine, pour des raisons personnelles. Avec son complice Tony l’Arméno, Simon a prévu le braquage d’un camion-laboratoire participant au trafic de drogue. Ils ont besoin de Verlaine dans leur équipe car ça nécessitera une opération commando. Après un pique-nique avec Tony, afin d’évaluer la situation, Simon part dans le Sud pour obtenir des infos sur la famille de Verlaine. Il dégote une piste : Cerutti-Verlaine a une demie-sœur, Myriam Stein. Celle-ci se trouverait actuellement à Dijon. La ville où Simon fut policier, où débutèrent ses ennuis à cause de la corruption locale.
À Dijon, Simon est attendu, deux flics ripoux cherchant à lui mettre la pression. Il pouvait compter sur la fidélité de son copain Pierrot. Mais ce dernier vient d’être mis hors-circuit par les sbires de Tonton, mi-notable mi-caïd. C’est chez Tonton que Simon va récupérer Myriam, qui n’est pas vraiment intime avec ce type. “Une brave fille un peu pute qui a fait les quatre cent coups, une paumée comme on en ramasse à la pelle à tous les coins de discothèque, une conne un peu dérangée avec quand même un cœur gros comme ça, que les coups de pieds au cul et le reste sont pas arrivés à pourrir.” Tous les deux trouvent refuge chez "Tokyo", une amie lesbienne de Myriam. Pour autant, Simon n’est pas sûr qu’ils soient à l’abri. La suite ne tarde pas à le lui prouver, et c’est Tokyo qui en fait les frais. Il serait prudent de vite quitter la ville, mais ne sont-ils pas déjà poursuivis ?
Simon et Myriam font un détour par la planque où s’est caché Verlaine. Il a laissé des indices, des preuves. Le couple tombe sur le commissaire Guyenne, dit Le Viet. C’est un cador de l’OCRB (Office Central de Répression du Banditisme, section des Stupéfiants), un des meilleurs policiers de France, celui-là. Pourtant, ses méthodes peuvent s’avérer discutables, aussi. Simon et Myriam vont continuer leur périple jusqu’à Lyon. Où ils ont rendez-vous avec Tony, pour finaliser l’opération commando programmée. Toutefois, pour être efficaces, il leur faut se procurer du matériel militaire et renforcer leur équipe…
En vérité, contrairement à beaucoup d’amateurs de romans noirs l’ayant porté au pinacle, je n’ai jamais aimé les livres d’Hugues Pagan. On me répondra que si tous les romans de cet auteur ont été réédités ou publiés aux éditions Rivages, c’est signe de qualité. On aura sans doute raison, en partie. Il y a bien une tonalité propre aux histoires d’Hugues Pagan, une noirceur fatale qui englue des personnages amers ou paumés. Ambiances dénuées de véritable espoir, armes à feu toujours à portée de main, cadavres martyrisés ou victimes abattues froidement, c’est du viril qui ne rigole pas, du costaud qui riposte.
Mon impression négative serait donc totalement subjective ? Non, il est facile d’écrire du "plus noir que noir" quand on ne respecte pas les règles de la narration. “Je suis un soir d’été” en apporte l’illustration. Hugues Pagan reste dans le flou concernant cet ex-policier, ne concédant que des bribes de portrait. Un "pur et dur" ou même "loup solitaire", croit-on comprendre. Sauf qu’il n’est pas si isolé que ça. Il faut bien que soit dressé le profil de son ami Verlaine, sinon on ne pigerait carrément rien, mais le portrait de son copain Pierrot ne nous dit presque rien sur lui. Quant à la jeune Myriam, son image est aussi parcellaire : une fille sans repères, manquant de caractère, mais sa psychologie n’apparaît guère.
On nous suggère encore – mais sans précision – le braquage d’un camion préparé par l’ex-flic Simon et son complice Tony. Très vague. Les adversaires du héros sont moitié des policiers ripoux, moitié des flics de choc, sans que ce soit clarifié non plus… La règle d’or du polar, c’est d’être le plus complet possible dans les éléments offerts aux lecteurs. Une base évidente, méprisée par Hugues Pagan. Quant au "parler populaire" ou argotique, ça frise le ridicule. Bien sûr, s’agissant là de son troisième titre publié (en 1983), on pourrait plaider qu’il n’a pas encore la maturité d’écriture. Qu’avec “Dernière station avant l’autoroute” (Prix Mystère 1998), il fut plus convaincant – c’est exact. Le présent roman n’est ni bon, ni mauvais, mais relativise les éloges exagérés sur Hugues Pagan.
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