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21 mai 2016 6 21 /05 /mai /2016 04:55

Cet été-là, une famille d'Anglais s'installe dans le Périgord, du côté de Saint-Romain. Mark et Jenny, avec leur fils de sept ans Jimmy, vont créer un gîte touristique dans la maison qu'ils ont acquis. Un projet qui leur demandera des efforts, car l'endroit n'est pas en très bon état. C'est surtout une idée de Mark, son épouse étant moins enthousiaste, et son fils ne s'intéressant qu'à sa DS. Ici, la nature peut apparaître hostile à ce qui n'y sont pas habitués. La ferme voisine est tenue par Martin et la vieille Georgette, dont on ne saisit pas vraiment la parenté. Si Mark et Jenny achètent leurs produits, par souci de bons rapports, ils s'empressent de les jeter. Ce n'est pas avec d'autres Anglais, grands buveurs un peu snobs, que le couple pourra se lier facilement. Par contre, Mark sympathise avec le maquignon Jean-Louis, un chasseur extraverti et dynamique.

Mark ayant acheté un setter, son ami Jean-Louis espère initier le maître et son chien à la chasse au sanglier. Ayant passé une journée avec la bande des copains chasseurs de Jean-Louis, Mark rentre ivre chez lui, ce qui ne lui est pas coutumier. Jenny s'imagine entourée d'ombres inquiétantes. Pour le petit Jimmy, la rentrée scolaire au village n'est pas du tout encourageante. C'est surtout à cause du chien Bluebell que la situation va se gâter. Il se met à tuer les poules du voisinage, celles du couple Martin, récidivant plusieurs fois. Déjà peu aimable, le fermier exprime sa colère. Mark réussit à alléger l'ambiance familiale, en achetant pour leur fils le poney Alfred. Certes, il faut acquérir une clôture afin de fabriquer un enclos, mais le serviable Jean-Louis lui donne un coup de main. Malgré cet épisode plus agréable, Jenny ne se sent toujours pas à l'aise et parle de retourner en Angleterre.

Les problèmes avec le chien ne sont pas réglés. Mark se sent incapable d'affronter son voisin : “Il songea à Martin. À cet homme sans âge qui lui faisait peur et se conduisait en maître. Tandis que lui, Mark, tremblait comme un vassal qui a enfreint la loi, un serf pris en train de braconner sur les terres du seigneur. Il se haïssait tout d'un coup d'agir comme un lâche...” Quand la vieille Georgette est retrouvée noyée dans la rivière proche, on peut penser qu'il s'agit d'un suicide. Encore que les dames d'à côté s'interrogent. Lors des obsèques, le couple d'Anglais est informé des ragots accusateurs à leur égard. Ce serait de la faute des récents incidents avec le chien, ce suicide ? Pour Mark, c'est grotesque. Jenny pense que c'est Martin qui a assassiné Georgette. Quand l'enclos du poney est saboté, ce pourrait être une malveillance du fermier. Les gendarmes confirment la version du suicide, et semblent penser que Martin finira de la même façon. Un hiver morne s'annonce…

Louis Sanders : Auprès de l'assassin (Rivages/Noir, 2016) – Inédit –

En effet, la France attitre des Britanniques en quête d'une vie différente. On en dénombre environ deux cent mille, habitant principalement dans le Sud-Ouest. Qu'ils se regroupent en communautés d'anglophones ou qu'ils se rapprochent des populations locales, ils sont considérés comme bienvenus. D'autant qu'ils participent souvent à apporter un peu de vie dans des bourgades plutôt désertées. Comme nous le suggère ici Louis Sanders, il peut y avoir des exceptions. Car les relations de bon voisinage ne se décrètent pas. Parfois, ce sont des citadins qui s'adaptent mal aux habitudes campagnardes. Ou bien certains ruraux grognons ou franchement acariâtres, qui font preuve de mauvaise volonté envers les nouveaux venus, voire d'une hostilité marquée. L'auteur aura sans doute observé que les animaux de compagnie (un chien et un poney, dans ce cas) sont prétextes à querelles.

La principale vertu d'une fiction, c'est de correctement raconter une histoire. Clairement, sans opacité factice ni artifice superflu. Nul besoin de criminel multirécidiviste pervers, ni de profilage en dessinant le portrait inquiétant. Une poignée de personne dans un univers ordinaire, quotidien, supposément tranquille, c'est suffisant. Les actes et les réactions de chacun conduisent l'intrigue, la noircissant progressivement. De même, quel besoin de développer quatre cent pages quand on présente la même chose en moins de deux cent ? Voilà un roman parfaitement convaincant, un très séduisant polar noir.

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