Habitant Ivry, Christelle est une jeune femme d'environ vingt-cinq ans, dont son petit-ami Pascal est très amoureux. Elle reste proche de sa mère, Nanou, quinquagénaire vivant à Puteaux. Toutes deux sont infirmières en hôpital, leurs opinions politiques étant marquées à gauche. En ce mois de mars 2011, l'état de santé de Nanou est fragile. Il se dégrade encore davantage quand sa fille lui parle d'un patient admis là où elle est employée, suite à un accident de voiture. Âgé de cinquante-quatre ans, très gravement touché, cet Alain Vénoret est un chirurgien orthopédiste exerçant en Suisse, où il vit depuis de nombreuses années. Il est originaire de la région brestoise, comme Nanou. Bien que la mère de Chris n'ait pas semblé se souvenir de lui, la crise qui la secoue peut être associée au nom de cet hospitalisé. Le choc sera bientôt fatal à Nanou. Elle a laissé à sa fille un curieux dossier.
Par ailleurs, trois hommes sont confrontés à des moments fort contrariants. Médecin à Mortagne-au-Perche, Loïc Mazou était intimement proche d'un de ses patients. Si la mort de ce dernier n'est pas exactement naturelle, le docteur s'arrange pour que la femme au service du défunt n'en sache rien. Néanmoins, celle-ci a des doutes. Dans le Finistère, la carrière politique d'Eugène Abilien paraît bien amorcée. Pourtant ce notable va renoncer à poursuivre dans cette voie, "pour raisons personnelles". À l'abbaye de Kerascoët, le père Gildas Runavot est apprécié dans sa communauté. Son décès est en contradiction avec les principes religieux, l'un des moines l'ayant retrouvé suicidé. Un appel téléphonique aurait-il déclenché cet acte désespéré ? Pourquoi la chanson de Mort Shuman "Le lac majeur" suppose-t-elle un mauvais souvenir pour Abilien, Runavot et peut-être Mazou ?
Au printemps 2012, Chris a quitté son poste à l'hôpital pour s'occuper exclusivement de la convalescence d'Alain Vénoret. Il s'est installé à Paris, car le temps de sa rééducation sera probablement long. Plutôt qu'infirmière, Chris fait figure de régisseuse des soins apportés au patient. Pascal, son petit-ami, est le grand perdant dans cette situation. D'abord, il y a des frictions entre eux, puis il apprend incidemment que le mariage entre Vénoret et Chris est annoncé. Face à son incompréhension, Chris prend ses distances avec Pascal. Elle ne l'en informe surtout pas lorsque Vénoret et elle déménagent à Brest, en juillet.
Chris a choisi une maison tout confort, équipée pour les handicaps de l'ex-chirurgien, avec une gardienne à leur service. Le comportement de sa fiancée a sûrement rendu méfiant Alain Vénoret, car il a engagé un détective privé afin de la prendre en filature. Pas toujours aisé, la foule étant particulièrement dense à cause des Fêtes maritimes intitulées Tonnerres de Brest. C'est dans ce même contexte que Pascal, ayant découvert le départ du couple, débarque à son tour dans la cité brestoise. Par un cousin de Vénoret, il obtient quelques renseignements. Pour autant, pas sûr que Chris veuille renouer avec Pascal…
Est-il indispensable de rappeler que Jean-François Coatmeur fut récompensé par le Grand prix de Littérature policière en 1976 pour “Les Sirènes de minuit”, par le Prix Mystère de la critique en 1981 pour “La bavure” et par quelques autres Prix depuis ? Aucune flagornerie, si on le classe parmi les grands maîtres du polar et du roman noir. C'est l'évidence, et il le prouve une fois de plus avec “Les noces macabres”, il a toujours été un perfectionniste de l'intrigue, et un narrateur de premier ordre. À l'origine de cette histoire, les admirateurs de Coatmeur auront reconnu une nouvelle parue dans le recueil “Brest l'ancre noire” (Éd.Autrement, 2003). C'est un suspense beaucoup plus élaboré, encore plus subtil, et certainement pas une version "rallongée", qu'il nous présente ici.
À l'opposé d'un roman d'enquête, les lecteurs disposent d'éléments sur les bases de cette affaire. Entre autres grâce à Clovis Lestafou, qui en fut le témoin privilégié et que l'on va recroiser au cours du récit. Si l'auteur nous a concocté un chassé-croisé de personnages, il veille à ce qu'on les situent facilement. Surtout, il fait en sorte que l'ambiance sombre ne soit pas absolument pesante. Du style, certes, mais le plaisir de lecture importe aussi à ce romancier chevronné. Petit clin d'œil de sa part : il a terminé l'écriture de ce livre à la veille de son anniversaire, date hautement symbolique dans ce cas. Lire un suspense de Jean-François Coatmeur offre toujours un grand moment de plaisir.
- "Les noces macabres" est disponible dès le 25 mai 2016 -
En novembre 2008, Jean-François Coatmeur fut un des invités du festival "Noir sur la Ville" à Lamballe (Côtes d'Armor). Avant la rencontre avec les lecteurs, le repas se termine. Belle tablée où l'on reconnaît à droite le journaliste
cinéaste Alain Bévérini ("Total Khéops" avec R.Bohringer), près de J.F.Coatmeur la regrettée Michèle Witta et, au fond, Jean-Bernard Pouy.