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30 janvier 2016 6 30 /01 /janvier /2016 05:55

Frédéric Jouvé est auteur de polars. Cet homme mûr a mal digéré sa rupture d'avec sa compagne Françoise. Il habite désormais dans le 17e arrondissement de Paris, Passage des Angéliques. Fred y a hérité deux ans plus tôt de la maison de ses défunts parents, avec sa sœur Danièle. Il vit là seul avec sa chatte Barb, manquant d'inspiration pour écrire de nouveaux romans. Fred a depuis peu de nouveaux voisins, le blond Benjamin et son fils Will. Sans doute cet homme, ressemblant au comédien Max von Sydow, est-il veuf. Si Fred sympathise avec Benjamin, il reste indifférent au reste du monde. Pourtant, une série de crimes dans ce quartier va le sortir de son isolement. D'ailleurs, son voisin lui suggère de s'en inspirer pour écrire un prochain polar, issu de la réalité de cette mystérieuse affaire.

C'est d'abord le clodo Jean-Pierre, qui traîne dans le coin depuis plusieurs années, qui est immolé par un inconnu. Encapuchonné dans une tenue sinistre, l'assassin veut symboliser ainsi la Mort. La deuxième victime sera Youssef, l'épicier du quartier, que le meurtrier fait flamber, avant d'incendier son immeuble. Les médias ne tardent pas à trouver un surnom au criminel : le Faucheux. Le policier antillais quadragénaire Toussaint Belhomme et son équipe mènent l'enquête. Il est assisté de Lynda Fragonard, trente-huit ans. Habitant en colocation avec une étudiante japonaise, la jeune femme n'est pas vraiment séduisante. Du moins, elle ne fait rien pour se montrer charmante. Lynda possède un caractère vif, et même agressif. Elle connaît ses propres défauts, mais ne fait rien pour les corriger.

Les Vernier forment un jeune couple, vivant dans une résidence à Rueil-Malmaison. Quand ils sont à leur tour victimes de l'incendiaire, leur lien avec le Passage des Angéliques n'est pas immédiatement flagrant. Le voisin Benjamin encourage Fred dans l'écriture de son futur roman. Fred s'est rapidement senti attiré par Lynda, lors des visites de l'enquêtrice. Elle-même n'est pas insensible à l'auteur de polars, mais son caractère ne la met pas à son avantage. À l'une de leurs rencontres, Lynda s'énerve même contre Fred, regrettant vite son comportement. Quand la concierge d'un immeuble du quartier est attaquée par l'assassin, Toussaint Belhomme et Lynda interviennent sans pouvoir aider la victime. Néanmoins, la policière tire sur le coupable, qui parvient à les blesser tous les deux.

Convalescente, Lynda essaie de saisir l'élément rapprochant ces personnes, si différentes, immolées par le criminel. Ses relations avec Fred se sont finalement stabilisées. Ensemble, ils se rendent à un barbecue chez un collègue retraité de Lynda. C'est ainsi qu'ils dégotent une piste intéressante, mais la policière préfère ne pas en parler trop tôt à sa hiérarchie. “Je vais plutôt réunir tous les éléments de preuve que je pourrai trouver, monter un début de dossier, et ensuite on agira… T'es un peu mon shérif-adjoint, sur ce coup-là” dit-elle à Fred. Hélas, une étincelle de vérité ne suffira pas à éclairer cette affaire de pyromane…

Philippe Setbon : T'es pas Dieu, petit bonhomme (Éditions du Caïman, 2016)

Après “Cécile et le monsieur d'à côté”, voici le deuxième volet de la trilogie de Philippe Setbon, "Les trois visages de la vengeance". Il s'agit de romans indépendants, dont le seul point commun est de se situer dans le même quartier parisien. Quel est donc le motif du criminel ? “L'incendiaire poursuivait sa croisade d'horreur… Si ces immolations rituelles n'étaient que le hobby d'un malade mental qui tuait sans rime ni raison ? Comme ces tarés qui se réveillent un matin, annoncent leur projet sur Internet, et s'en vont tranquillement massacrer des enfants dans des écoles ou des facultés ?” Non, l'énigme n'est pas là, c'est bien sûr la vengeance qui guide les gestes meurtriers de cet homme.

Scénariste, Philippe Setbon est un auteur chevronné. Il ne cherche pas à égarer le lecteur sur des chemins improbables, à créer des faux-semblants peu crédibles. Dans la meilleure tradition du polar, même si on conserve une part d'obscurité, on ne dissimule pas les faits. L'auteur raconte donc avec une remarquable fluidité (et un certain humour) tout ce qui se produit autour de Fred et Lynda, couple en train de se former. L'évolution de l'intrigue apparaît ainsi "naturelle", absolument logique jusqu'au dénouement. C'est en allant au-delà des aveux du suspect n°1 que nous aurons la clé de ce dossier. Voilà tout simplement un roman impeccable, un suspense maîtrisé avec excellence.

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commentaires

P
Bonjour M. Le Nocher,<br /> <br /> Saviez-vous, moi je l'ignorais et ne l'ai appris qu'hier dans le mail de l'INA les Pépites de la rédaction - je reçois cette lettre chaque vendredi ou samedi - , qu'avant 1956 les enfants avaient droit à l'alcool dans les cantines scolaires ?<br /> <br /> Je cite le passage :<br /> <br /> Plus d'alcool à la cantine<br /> Incroyable mais vrai ! Avant 1956, l'alcool était autorisé dans les cantines scolaires. Rendons-nous à Montgeron cette année-là, où la mise en place de l'arrêté ministériel interdisant les boissons pour les moins de 14 ans semblait plutôt bien accueillie..<br /> <br /> https://www.ina.fr/video/AFE85007072<br /> <br /> On peut voir un reportage d'une minute et quelque en cliquant sur ce lien.<br /> <br /> Cordialement
Répondre
C
Bonjour Philippe<br /> D'abord, Wikipédia nous dit, au sujet des cantines : "Les enfants apportent leur boisson, souvent alcoolisée – le vin, le cidre, le poiré, la bière, étant considérés comme des boissons naturelles. Dans les années 1900, alors que se développent les mouvements anti-alcooliques, les instituteurs commencent à apprendre aux élèves les ravages de l’alcoolisme mais ces boissons sont autorisées à la cantine et cela ne doit pas étonner car dès le plus jeune âge, l’enfant était parfois alimenté avec de l’alcool. La mère elle-même, pour enrichir son lait, consommait de l’alcool, et pour sevrer l’enfant, on ajoutait peu à peu diverses denrées (pain, œuf, purée de légumes) au lait, puis des « trempettes », c’est-à-dire du pain écrasé dans du cidre. L’usage des boissons alcoolisées n’est limité, en France, que depuis 1956 aux élèves de plus de 14 ans qui peuvent consommer au repas 1/8 de litre de vin coupé d’eau à 3 % vol. ou de la bière ou du cidre léger"<br /> Rappelons que la vente d'alcools aux mineurs est interdite en France (on se souvient des panneaux d'autrefois dans les bistrots, bien en vue). Mais la consommation volontaire d'alcool par les moins de 18 ans n'est pas interdite. Ce qui explique les regrettables affaire de "binge drinking" touchant des mineurs. <br /> Souvenir personnel : il y a quarante ans, dans un restaurant, je vis de jeunes parents donner dix centilitres de bière à leur jeune fils (dans les 7 ou 8 ans) en justifiant que ça lui permettrait de tester les goûts, sans le rendre alcoolique. J'étais et je reste parfaitement d'accord avec ça. Ensuite, c'est l'abus d'alcool qu'il faut évidemment éviter. Naguère, les médecins appelaient le vin "le sang du vieillard" et en conseillaient un à deux verres par jour aux personnes âgées. Mais les ayatollahs de la médecine et de l'hygiénisme considèrent, eux, que boire une seule goutte d'alcool vous rend dépendant. <br /> Pour en revenir aux enfants, aux cantines et à l'alcool, bien sûr qu'il faut y veiller. Mais, me souvenant de "la colle à rustine" naguère sniffée dans les cours d'écoles, il existe bien des "dérives" dont il faut protéger l'enfant.<br /> Amitiés.
J
Salut Claude, toujours heureux de "dénicher" des pépites et de voir que vous avez la gentillesse d'en parler. JL Nogaro, Eds du Caïman
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C
Mon cher Jean-Louis, c'est tout simple : il est parfaitement légitime d'évoquer avec enthousiasme des auteurs proposant des romans de qualité. <br /> Amitiés.
P
Salut Claude, reçu hier et en lecture très prochainement ... Amitiés
Répondre
C
Je crois que tu vas encore te régaler, mon cher Pierre.<br /> Amitiés.

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