À Vigàta, le commissaire sicilien Salvo Montalbano a prévu de passer quelques jours avec sa fiancée Livia, venue le rejoindre. Pas vraiment d'enquête en cours, ça devrait bien se passer. Un problème, quand même : on est sans nouvelle du brigadier Fazio, le policier le plus consciencieux et efficace de l'équipe. Si Salvo rassure son épouse inquiète avec des calembredaines, il cherche dans les cliniques de Montelusa si Fazio s'y trouve. Un témoin a entendu des coups de feu sur le port, la nuit passée. Ça concerne certainement Fazio, le commissaire et son adjoint Mimì Augello en sont convaincus. On envoie des plongeurs afin de savoir si un corps n'a pas été jeté à la mer. Ils ne trouvent rien.
Grâce à un ami journaliste, qui le met en contact avec un homme en cavale, Salvo obtient un renseignement capital. C'est du côté de la montagne Scibetta que la police devrait aller fouiller. En effet, il y à là-bas trois profonds puits à sec, servant de tombes anonymes. Un cadavre gît dans l'un de ces puits depuis déjà quelques jours, et encore un autre dans un second puits, précipité au fond plus récemment. Aucun d'eux n'est Fazio, heureusement. Bien qu'harassé de fatigue, Salvo repère aux alentours un tunnel assez large pour y pénétrer en voiture. C'est là-dedans que s'est réfugié Fazio pour échapper à ses ravisseurs. Il est traumatisé, en état de choc. On va l'hospitaliser à Fiacca, pour plus de sécurité.
Avec tout cela, Salvo a complètement oublié Livia. Elle est partie mais, contrairement à ce qu'il craignait de sa fiancée prompte à s'énerver, elle ne paraît pas lui en tenir rigueur. Le commissaire gagne du temps vis-à-vis de sa hiérarchie, tant qu'il ne sait pas exactement sur quoi Fazio enquêtait réellement. Sa première visite à l'hôpital est brève, minutée par une stricte infirmière pète-sec, digne d'une gardienne de prison. Toutes ne sont pas aussi rebutantes. À l'opposé, le charme de Salvo semble opérer sur la belle infirmière Angela. Un peu remis, même si sa mémoire est fragile, Fazio indique que c'est son ami Manzella qui avait des soupçons sur une affaire de contrebande. Ce qui entraîna son enquête.
Encore faut-il savoir où dénicher ce Manzella ! Salvo constate qu'il paraît avoir quitté son appartement. Il y a laissé une paire de jumelles de marine, et une longue-vue braquée en direction du port. Salvo se rend chez l'ex-épouse de Manzella. Elle confirme que celui-ci, un homme au caractère instable, avait pour manie de surveiller les autres. À l'hôpital, où semblait rôder un criminel, on a jugé préférable de placer Fazio dans une chambre moins exposée. Pour le commissaire, les choses avancent bien avec l'infirmière Angela. Passer la soirée ensemble, c'est sympathique, mais Salvo n'est pas si naïf. Quand la concierge de l'immeuble de Manzella est abattue, il est temps s'activer pour faire cesser ces meurtres. Au final, Salvo et son équipe ont des chances de pêcher un gros poisson…
Autour du commissaire Montalbano, les personnages récurrents sont sa fiancée Livia, les policiers Mimì Augello, ainsi que Gallo et Galluzo, le grognon Docteur Pasquano joueur de poker, le brave gaffeur Catarella à l'accueil du commissariat, le restaurateur Enzo. Et puis le brigadier Fazio, celui qui généralement fait avancer les enquêtes. Si on est coutumier des aventures de Salvo Montalbano, c'est un personnage que l'on apprécie, pour son sérieux et sa complémentarité avec son chef. Cette fois, c'est pour Fazio que l'on a des raisons de s'inquiéter. Certes, on va le retrouver et le soigner, mais l'affaire ne s'arrête pas là. Car, en Sicile, il est rare qu'un caïd mafieux ne soit pas impliqué dans des méfaits.
De l'humour, cet "épisode" n'en manque pas. Pas tellement à cause de Catarella qui, au contraire, est plutôt à la hauteur. Mais, entre les barrages routiers des carabiniers, son supérieur auquel il raconte des carabistouilles, et une très jolie infirmière à dénuder, Salvo nous fait sourire plus d'une fois. Les lecteurs d'Andrea Camilleri connaissent parfaitement les qualités du maestro. Quant aux autres, qui n'ont pas encore exploré son œuvre, ils se privent de grands moments de plaisir.
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