Journaliste à Presse Océan, Stéphane Pajot est auteur de polars (Carnaval infernal, 2011 ; Aztèques freaks, 2012 ; Deadine à Ouessant, 2013 ; AnomalieP, 2014). Sans doute nous régalera-t-il encore de futures intrigues, d'une tonalité personnelle enjouée et fluide. Mais Stéphane Pajot est avant tout un grand amoureux… de Nantes. On l'imagine volontiers explorant le moindre recoin de sa ville, observant et se renseignant sur tout ce qu'il peut y avoir d'insolite. Au final, ses investigations regroupées sur le thème des animaux donnent un guide urbain original comme celui-ci : “Nantes est un zoo”.
Va-t-il simplement nous énumérer les créations de l'Île de Nantes, bien connues depuis que la compagnie Royal de Luxe (scindée aujourd'hui en trois structures différentes) lança ses animaux géants mécaniques ? Les éléphants et autres bêtes réinventées (araignée, héron...) sont bien sûr évoqués. Toutefois, Stéphane Pajot a répertorié bien d'autres animaux, présentant de vraies singularités. Au cimetière de la Bouteillerie, on remarque la statue d'un “chien fidèle” semblant être le gardien de la tombe où il est allongé. Sur les cinq Fontaines Wallace nantaises, on note en guise d'ornement que le sculpteur fait figurer des poissons. Quant aux gargouilles “mal de mer” de l'église Saint-Similien, elles méritent également le coup d'œil. Sur les murs du musée Dobrée, on apercevra entre autres un minotaure et un dragon. Sur les bains-douches, le bestiaire est forcément aquatique.
Jeanne d'Arc reste fièrement à cheval sur sa statue équestre place des Enfants-Nantais. Tandis que celle du général Cambronne est entourée d'aigles impériaux. Les statues des lions de l'ancien palais de Justice s'allongent pacifiquement dans un square. Il n'y a pas que les monuments. Dans le souvenir des authentiques Nantais, on se remémore les ânes du Jardin des Plantes promenant les enfants dans une carriole, le bœuf gras autrefois star des carnavals, la statue de 1887 d'un gorille enlevant une femme ayant peut-être inspiré King Kong, la dresseuse de lions Martha la Corse. Par ailleurs, on retrouve quelques exemples d'animaux sauvages, savamment empaillés par des taxidermistes.
Omniprésents, les animaux à Nantes ? Oui, même grâce à certaines enseignes, comme ce gros chien rouge du vieux quartier du Bouffay. Et puis le canard jaune bien visible d'un sex-shop, de remarquables oiseaux bien perchés, ce cochon chef-cuisinier, des bêtes au brushing impeccable, une girafe multicolore, Hector l'ours en peluche géant de la rue Franklin, etc. Pour les nostalgiques de la télé d'antan, le chien Pollux veille toujours sur la sépulture de Serge Danot (1931-1990), le créateur du Manège Enchanté. Évènements festifs, tels ces canards par milliers sur l'Erdre que le public put pêcher à la ligne, et créations artistiques tous azimuts (toucan, pélican, ours grimpant aux arbres...) parfois éphémères, sont encore l'occasion de rendre hommage au monde animal.
La ville n'est pas uniquement le royaume des pigeons. Ce guide particulier et franchement sympathique propose un bestiaire urbain nantais recensant des dizaines d'animaux vivants ou figurés, en tous genres. Les textes de Stéphane Pajot (page de gauche) sont complétés par autant de très belle photographies (page de droite). À la fin de ce livre, un plan de Nantes permet de situer aisément les lieux concernés. Les habitants de l'agglomération nantaise feront sans nul doute des découvertes. Quant à celles et ceux vivant plus loin, voilà un excellent moyen d'en savoir davantage sur l'ambiance et les décors de Nantes, ville de culture et de patrimoine.