Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 septembre 2015 5 18 /09 /septembre /2015 04:55

Âgée de trente-sept ans, Alexandra Hemingway est policière à New York depuis dix ans, dont les sept dernières années à la Criminelle. De grande taille et sportive, elle pratique le kayak sur l'East River. Elle conduit son Suburban, un gros SUV, dans la circulation citadine. Elle s'est quelque peu éloignée de ses parents, mais garde contact avec sœur Amy, son frère Graham, et son oncle avocat Dwight. Elle vit avec Daniel, et vient d'apprendre qu'elle était enceinte de six semaines. Alexandra est une flic de choc, aux réflexes rapides et dure au mal. Suite au décès de son compagnon flic Moses Mankiewicz, l'affaire Decker entraîna des séquelles physiques pour elle. Se confier à la tombe du défunt policier participe à une sorte de psychothérapie. Son partenaire à la Criminelle, c'est Jon Phelps. Marié à Maggie, père de famille, il est bien plus âgé qu'elle. Il se cultive en regardant Discovery Channel. Bien que corpulent, Phelps est toujours vif quand il s'agit de réagir.

Des élèves de milieux fortunés âgés de dix ans, repérables dans leurs uniformes scolaires, sont kidnappés non loin de leurs écoles. Le cadavre du petit Tyler est retrouvé dans la rivière, deux heures après sa disparition, les pieds sectionnés. Puis, dans le cas de Bobby, on a égorgé son chauffeur qui l'attendait, avant de mutiler l'enfant à son tour. Les deux jeunes victimes étaient vivantes quand on les a amputées. Un suspect apparaît bientôt dans les fichiers de la police. Âgé de cinquante-six ans, Trevor Deacon fut inquiété trois décennies plus tôt pour pédophilie, mais peu poursuivi. Depuis qu'existe Internet, c'est si facile de trouver des mômes pour ces prédateurs. Les policiers débarquent dans le miteux logement de Deacon, muni de portes blindées. Ils y trouvent son cadavre découpé, depuis peu. Dans son congélateur, derrière une porte à l'effigie d'une araignée, soixante-quinze pieds d'enfants. Les pieds de ces garçons seront assez vite identifiés.

Après Bobby, retrouvé aussi dans l'East River, c'est le petit Nigel qui est victime du tueur. Tous trois ont été conçus par insémination à la clinique Park Avenue. Brayton, le médecin qui s'en chargea, a disparu depuis des États-Unis. Alexandra se heurte à l'hostilité de la féroce directrice, Marjorie Fenton, mais la policière fonceuse n'a pas peur d'elle. L'actuel médecin de la clinique, le docteur Selmer, se montre plus coopératif, parce qu'il sait que sa carrière est fichue. En fait, il sera bientôt éliminé. Probablement parce qu'il connaissait le nom de l'unique donneur, père génétique de soixante-sept enfants. La mort de Selmer permet à la police d'exiger l'accès à tous les dossiers des familles concernées. La plupart de ces parents ont des comportements spéciaux, aux yeux des enquêteurs. Alexandra fait appel à son oncle avocat afin d'explorer une autre piste, grâce au dealer de Deacon.

L'équipe d'Alexandra intervient à bord du ferry sur l'Hudson où on pense avoir localisé le tueur, à cause du GPS de son téléphone. Ils retrouvent encore une victime massacrée du même âge, le petit Zachary. Aucune trace du tueur sur les vidéos de surveillance du ferry. Le traitement à la clinique produisit également huit fillettes, autre piste pour Alexandra. Le tueur va viser la policière, mise en avant dans les médias qui traquent la moindre info dans cette affaire, mais se trompera de cible. Le tueur continue à s'attaquer à d'autres garçons, y compris lors d'une compétition sportive scolaire sur Randall's Island, où il supprimera un des collègues d'Alexandra. Comment cerner les vraies motivations et le mode opératoire de cet adversaire ?…

Robert Pobi : Les innocents (Sonatine Éd., 2015) – Coup de cœur –

New York est la métropole idéale pour situer une intrigue à suspense, quantité d'œuvres de fiction l'ont déjà démontré. Entre Central Park et l'East River, l'Upper East Side est le quartier le plus rupin de Manhattan. Population fortunée et classieuse, écoles huppées que fréquentent les heureux rejetons des meilleurs milieux. C'est dans ce décor peu anxiogène que l'auteur situe cette suite criminelle. Bien qu'on ne badine pas avec la sécurité dans ce secteur, une tension certaine va en gâter l'ambiance. D'autant que les médias racoleurs ne se privent pas d'alimenter l'inquiétude quels que soient les efforts de la police.

Au centre de l'affaire, une policière baroudeuse et son compère enjoué. Ils connaissent les statistiques sur ce sujet ultra-sensible : “Six mille cinq cents enfants disparaissent à Manhattan et dans les environs proches chaque année : quatre-vint-dix-sept pour cent de ces disparitions sont des fugues ; environ cent cinquante cas s'avèrent être des enlèvements commis par des parents qui n'ont pas la garde de ces enfants ou par des membres de la famille ; une quinzaine enfin disparaissent de la planète sans laisser la moindre trace.” Face à un tueur agissant vite, les flics se doivent d'être aussi réactifs.

L'étiquette "thrillers" s'applique à des romans souvent bien construits, riches en mystère et en rebondissements. Certains sont nettement plus convaincants que d'autres, quand ils parviennent à faire partager aux lecteurs le vécu et la psychologie des protagonistes dans un contexte particulier, troublant, angoissant ou sanglant.

Et puis, il existe des thrillers supérieurs, tel “Les innocents” de Robert Pobi. Non seulement, l'auteur utilise les meilleurs ingrédients du genre, mais il nous captive de la première à la dernière page. Parce que les victimes sont, pour l'essentiel, des enfants de dix ans brillants, surdoués ? Du fait que l'enquêtrice et ses collègues ne ménagent pas leur peine ? Parce l'assassin apparaît d'une grande perversité ? Oui, et pour beaucoup d'autres raisons. Un suspense enthousiasmant, palpitant, un des plus passionnants de l'année.

Partager cet article
Repost0

commentaires

P
Fichtre ! Je le rajoute à ma liste de lecture ! Amitiés
Répondre
C
Oui, Pierre, je te souhaite d'être aussi "accro" que moi à ce scénario très réussi. <br /> Amitiés.
T
Là, c'est un ajout direct ! J'aime bien les éditions Sonatine, ils proposent souvent des bons thrillers-polars. Eux, avec Mirobole et Gallmeister sont des maisons que j'apprécie beaucoup.
Répondre
C
Attribuer un "Coup de cœur" à un thriller, pas fréquent pour moi. Mais là, oui, y a pas photo, c'est diablement excitant.
W
Je viens de le commencer et je ne suis pas entièrement convaincu par l'espèce de lara Croft mais j'avais été bien secoué par le premier.Fait une obsession sur les gamins quand même.
Répondre
C
Salut W.<br /> Sans donner trop de précisions, après un début "sympathique", c'est quand ils retrouvent le pédophile Deacon (+/- vers la page 100) que l'intrigue prend son rythme de croisière, m'a-t-il semblé... La protection des mômes, Aux Etats-Unis plu qu'ailleurs je crois, c'est un vrai phénomène de société, une priorité (qui les conduit à offrir des flingues puissants à des gamins de 6 ou 7 ans, par exemple). <br /> Amitiés.
P
Ou de Jean-Luc Godard ou d'un autre cinéaste de la Nouvelle Vague.
Répondre
C
Signé Truffaut, en effet.
P
Bonjour M. le Nocher, Max,<br /> <br /> Passons rapidement sur le choix des patronymes de certains personnages, tant les références sont évidentes : l'écrivain Ernest Hemingway et le cinéaste Joseph Mankiewicz. Sans parler de Phelps, nom bien courant, mais qui se trouve être celui du chef ( Jim Phelps interprété par Peter Graves ) dans la série " Mission : Impossible " .<br /> <br /> Je suis influencé par le fait que la ville soit la même, mais je trouve que cette histoire rappelle plusieurs épisodes de la série télé New York Unité Spéciale sur TF1.<br /> Un épisode parlait d'un médecin dont on découvrait qu'il était le géniteur biologique de dizaines d'enfants. Ce qui était inspiré d'un cas réel qui a suscité un scandale aux Etats-Unis, et qui a aussi inspiré un film dont j'ai oublié la référence.<br /> M. Le Nocher, en achetant hier " La Malédiction du jardinier kibei " à la librairie Compagnie - rue des Ecoles dans le 5ème - , j'ai vu que le dernier polar de Jane Casey était sorti chez 10/18. Les livres de cet auteur paraissent d'abord en grand format aux Presses de la Cité, puis en poche chez 10/18. Je vous avais indiqué l'année dernière avoir découvert Jane Casey par son roman " Par le feu " avec pour la première fois le personnage de l'enquêtrice londonienne Maeve Harrigan. Là donc, c'est le second opus : " Dernier jugement " , une histoire de justicier improvisé qui tue des criminels réels ou supposés. Je vois que le premier roman de Jane Casey était " Ceux qui restent " ( P. de la Cité, 2012 et 10/18, 2013 ), que je vais acquérir, l'histoire étant que Sarah à 12 ans a vu partir son frère qui n'est jamais revenu. Douze ans plus tard, devenue enseignante, le corps d'une de ses élèves est retrouvé. Elle s'improvise enquêtrice, et recherche aussi si la disparition de son frère aurait un rapport.<br /> <br /> J'ai vu aussi hier un livre de Michel Senna consacré à la filmographie de l'acteur britannique Michael Caine, aux éditions Bisse, maison peu connue et pas très bien distribuée semble-t-il.<br /> L'auteur a écrit un livre sur l'acteur américain Gregory Peck ( dont la femme était française, corse ) paru chez Séguier en 2006, malheureusement introuvable à ce que je vois.<br /> <br /> Vous voudrez peut-être regarder même rapidement les sites suivants, qui apparaissent quand on tape " Michael Caine / Michel Senna " dans un moteur de recherche. <br /> Je n'ai fait que survoler, mais l'un de ces sites est visiblement consacré à l'Ouest, au Far-West ou au western, et l'autre s'intitule " Droit et cinéma " . A vous, si vous voulez, de voir ces sites moins superficiellement que je ne l'ai fait pour le moment.<br /> <br /> blogduwest2.wordpress.com<br /> <br /> Blog Droit et cinéma<br /> lesmistons.typepad.com<br /> ( Je crois que " Les Mistons " est un film peu connu des années 1960 par François Truffaut. )<br /> <br /> Cordialement
Répondre
C
Bonjour Philippe<br /> Je reprends votre dernière phrase sur "Les mistons". Pour moi, et pour vous qui êtes plus jeune encore, ce court-métrage n'évoque rien, du moins juste un titre dans l'œuvre de Truffaut. Pour les cinéphiles qui avaient 15 ou 20 ans à la fin des années 1950, ce fut "la" révélation de Truffaut et de l'excellente Bernadette Lafont, avant "Les 400 coups". <br /> Il existe d'immenses différences entre un épisode de série-télé, voire un téléfilm, et un roman même utilisant des intrigues proches, similaires. Un exemple tiré de ce livre : le docteur Selmer surnomme in-petto la directrice de la clinique "Frau Fenton". Le lecteur saisit l'allusion. Dans une fiction-télé, difficile d'inclure cette réflexion, et d'ailleurs 95% de risques que le public la zappe. Idem pour la scène où l'enquêtrice parle à la tombe de son défunt amant qui serait soit écourtée, soit très probablement exclue du scénario. Et il en va ainsi pour un multiplicité de détails, de moments, qui "font le sel" de l'histoire, qui donnent du piment. <br /> Voilà pourquoi cette intrigue est loin de se résumer à "un médecin dont on découvrait qu'il était le géniteur biologique de dizaines d'enfants". Et c'est aussi pourquoi je continue à créer des synthèses de l'histoire qui, en réalité, survolent mais n'indiquent pas. Dernier point, et vous ne me contredirez pas : voir le décor de New York à la télé, c'est bien mais assez terre-à-terre ; s'imaginer son propre New York à la lecture d'un roman, c'est mille fois mieux, presque "plus vrai".<br /> Amitiés.
M
Bonjour Claude,<br /> "L'invisible" était excellent, "Les innocents" rejoint mes prévisions d'achat....<br /> Amicalement,<br /> Max
Répondre
C
Bonjour Max<br /> Faute de temps, j'avais (à tort, je m'en doute) zappé "L'invisible". Ce deuxième titre, "Les innocents", ne décevra pas, j'en suis sûr !<br /> Amitiés.

Action-Suspense Contact

  • : Le blog de Claude LE NOCHER
  • : Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
  • Contact

Toutes mes chroniques

Plusieurs centaines de mes chroniques sur le polar sont chez ABC Polar (mon blog annexe) http://abcpolar.over-blog.com/

Mes chroniques polars sont toujours chez Rayon Polar http://www.rayonpolar.com/

Action-Suspense Ce Sont Des Centaines De Chroniques. Cherchez Ici Par Nom D'auteur Ou Par Titre.

Action-Suspense via Twitter

Pour suivre l'actualité d'Action-Suspense via Twitter. Il suffit de s'abonner ici

http://twitter.com/ClaudeLeNocher  Twitter-Logo 

ACTION-SUSPENSE EXISTE DEPUIS 2008

Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

 http://www.polaroland-sadaune.com/