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28 août 2015 5 28 /08 /août /2015 04:55

Dans l'Amérique de la décennie 1970, Karl Gut est un ancien du Vietnam, reconverti en chasseur de primes, en lien avec les mafias de l'époque. S'il a perdu une main au combat, Karl Gut n'est pas manchot avec les femmes. Son moignon, elles lui trouvent même une certaine utilité. En mai 1972, Karl Gut traque Whity Bullfrog, qui a commis trois meurtres dans l'Indiana. Deux mois que le chasseur de primes reste bredouille.

Ce jour-là, sur une route perdue de l'Ohio, il prend en auto-stop une fille joliment carrossée, Butterface. Elle est plus ou moins chanteuse, la belle blonde, et n'a pas l'air farouche. Elle dit avoir fui Gulch City, un bled de 1275 âmes où son mac Colson Fry devenait insupportable. Pour Karl, l'essentiel c'est qu'elle soit bonne côté sexe. Il glane quelques infos sur Bullfrog au bordel local, où on cultive la nostalgie d'un Vietnam érotique. L'excitante Butterface va disparaître dès le lendemain, en laissant à Karl Gut une surprise dans sa valise.

Quatre ans plus tard, en février 1976, le chasseur de primes se rend à Chicago. Dans le train, il rencontre deux nénettes bien chaudes. Le trio va poursuivre ses galipettes à leur hôtel. Sa mission du jour, c'est de participer au grand meeting des syndicats mafieux, en observateur. Et qui reconnaît-il parmi les proches de Sad Goodwheel, le caïd en chef de la Mafia ? Butterface, version brune. Grâce à son vieux pote Joe, il est facile à Karl de fureter dans les coulisses du palace où sont réunis les gros pontes du banditisme. Dont le fameux Colson Fry. Il y a de la partouze dans l'air, à l'issue des festivités. Butterface n'est pas là pour le sexe, mais pour abattre une cible. Puis elle file sans demander son reste, laissant Karl Gut quasiment aussi impliqué qu'elle dans l'affaire.

Pour le chasseur de prime, il est prudent de se mettre à l'abri après le crime du Plaza Congress Hall. Ce n'est pas chez les Salzmann, sa famille adoptive, qu'on ira le chercher. Sa tata Sula lui trouve un logement chez l'habitante, la veuve Myrta. Encore une qui est exigeante côté sexe, il fallait qu'il s'y attende. Pourtant, Karl espère toujours éclaircir le cas de Butterface, qui l'obsède. Sous un faux nom, il retourne à Gulch City.

Pour obtenir des renseignements, il lui suffit de sauter la serveuse rousse Vic. Pas de Butterface, ni de Colson Fry en vue, toutefois. Une piste à l'Université Marwell ? Sauf qu'il y arrive alors qu'une jeune femme vient de se faire buter. Ce pourrait être Butterface, vu que la morte lui ressemble beaucoup. Ayant découvert sa véritable identité, Karl voyage jusqu'au Kansas, où vivent la mère et la jeune sœur de Butterface, Fergie. Reste pour lui à dénicher la planque de Colson Fry, un chalet dans la cambrousse près de Silver Lake…

Nigel Greyman : Butterface (Éd.du Horsain, 2015)

Il n'est pas interdit de classer ce roman-là parmi les polars, puisqu'on y trouve tous les éléments du genre. Énigmatique femme fatale, héros marginal tendance loser, quelques meurtres, tribulations à travers les décors de l'Amérique profonde avec étape à Chicago : c'est conforme à l'esprit des romans noirs. Ces derniers restent dans l'évocateur, sur la vie sexuelle de leurs personnages. Qu'on ne compte pas sur Mickey Spillane pour nous dire si le détective Mike Hammer s'est tapé sa secrétaire Velda avec sa brutalité bien connue. Et pourtant, ils ont bien une vie érotique tous ces durs-à-cuire, non ? Ce ne sont pas les volées de coups qu'ils dégustent ponctuellement qui les ramollissent, quand même ? Leur virilité, il n'y a pas qu'un revolver en main pour la démontrer, suppose-t-on.

Cette histoire en quatre parties étant teintée d'érotisme autant que d'humour, qualifions-la pudiquement de "roman de charme" puisque c'est ainsi qu'on les appela naguère. Notons qu'en argot, Butterface signifie "une femme au corps attrayant mais au visage assez laid". Ici, plutôt que sa tête, ce serait l'âme de Butterface, son état d'esprit qui apparaît moins séduisant que son corps. À côtoyer la pègre, ces aventurières adoptent vite de malsaines habitudes, que voulez-vous ! Un suspense sympathique et divertissant, "traduit par" Max Obione, dont on connaît les qualités de romancier.

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commentaires

P
Bonjour M. Le Nocher,<br /> <br /> Un lointain cousin de Boris Vian et Romain Gary, donc il faut comprendre que Nigel Greyman serait un pseudonyme ? <br /> Cela rappelle l'écrivain Robin Masters dans la série Magnum dans les années 1980, où le spectateur se demandait si Jonathan Higgins le majordome pourrait être en réalité Robin Masters.<br /> <br /> Cordialement
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C
Bonjour Philippe<br /> Ni Robin Masters dans "Magnum", ni Charlie Townsend dans "Drôles de dames", n'apparaissent à l'écran. Dans la série "Les enquêtes de Remington Steele", ce Remington Steele n'existe pas au départ : "Laura Holt a beau avoir tous les talents du monde en terme de détective privée, elle ne trouve pas un client voulant lui confier une affaire. Elle décide de s'inventer un patron homme imaginaire pour gagner en crédibilité auprès du public. Elle le nomme Remington Steele, qui sera très vite incarné, à la suite d'un quiproquo, en chair et en os par un escroc qui ne manque pas de charme et d'humour !"<br /> Amitiés.
P
Bonjour M. Le Nocher,<br /> <br /> Pourriez-vous dire quelques mots de l'auteur ? Est-ce la première fois que vous parlez d'un livre de lui ?<br /> <br /> Cordialement
Répondre
C
Bonjour Philippe<br /> J'ai peu d'éléments biographique sur Nigel Greyman. Il semble que ce soit un lointain cousin de Vernon Sullivan et d'Emile Ajar. Il a collaboré naguère aux Editions Krakoen avec Max Obione, ce qui explique que ce dernier soit son traducteur. <br /> Amitiés.

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