Mary Lester est une jeune policière du commissariat de Quimper. En duo avec Jean-Pierre Fortin, elle a mené bon nombre d'enquêtes. Des succès qui lui ont apporté une notoriété certaine. La preuve, c'est à Mary Lester et à personne d'autre qu'Élizabeth Fischer désire que soient confiées des investigations sur sa sœur, Valérie Gougé, semblant avoir disparu. Il existe un blocage autour d'un modeste héritage, car manque sa signature. Mary Lester n'éprouve pas une sympathie immodérée pour la haute société, à laquelle appartiennent Élizabeth Fischer et Valérie Gougé. Âgée de trente-deux ans, la disparue est veuve depuis deux années de Pierre Gougé, un gros banquier qui avait soixante-douze ans. Elle possède des domiciles dans tous les lieux chics, mais reste injoignable. Sa sœur aînée pense que c'est à La Baule que Mary Lester a des chances de retrouver Valérie Gougé.
Pas question que la jeune enquêtrice, peu emballée par l'affaire, se déplace sans Fortin. À la résidence où la disparue possède un appartement, le duo interroge les gardiens sur les habitants aisés de cet immeuble. Il apparaît que le logement de Valérie Gougé aurait été prêté à une quinquagénaire, Mme Hernandez. Plutôt étonnant ! Surveillant la résidence, Mary Lester ne tarde pas à identifier cette personne. Condamnée par contumace quelques années auparavant, Joséphine Poussetinette est une vieille connaissance de Mary Lester. Elle connaît la fourberie de cette dame. La fausse Mme Hernandez a des horaires réguliers et se déplace en taxi. Fortin et Mary doivent un peu ruser pour la prendre en filature. Ils s'aperçoivent qu'elle rejoint le nommé Barbier, son complice d'antan sorti de prison.
C'est vers Batz-sur-Mer que le couple se rend ensuite chaque jour en 4x4. Le castel Barbe-Torte est une imitation de château-fort. Cette demeure est la propriété de l'armateur Bertrand Lussac de Ligonnière, dirigeant de la société nantaise STMF, et de son épouse Mathilde. Peut-être Valérie Gougé y est-elle séquestrée, même s'il est impossible d'en être sûrs. Ce n'est pas le genre d'endroit où l'on pénètre comme dans un moulin. Puisqu'on en en secteur gendarmerie, Mary Lester est prête à laisser agir la maréchaussée. Néanmoins, son supérieur insiste. L'enquêtrice imagine une solution : la brigadier-chef Gertrude Quintrec est capable de jouer le rôle d'une femme de ménage, qui eût été engagée par Valérie Gougé pour nettoyer son appartement.
À La Baule, Gertrude Quintrec est à la hauteur face à la fausse Mme Hernandez. Pourtant, énervée par cette gêneuse, Joséphine Poussetinette fait preuve de méfiance. Mary Lester va mettre à contribution Élizabeth Fischer, afin qu'elle l'aide à retrouver sa sœur. Puisqu'elle se flatte de connaître Bertrand Lussac de Ligonnière, que cette dame se fasse inviter au castel Barbe-Torte. Hélas, le PDG de la STMF est injoignable, lui aussi. Tandis que Barbier est quelque peu malmené par des jeunes désœuvrés, Gertrude risque d'avoir son lot d'ennuis, elle aussi. Forcer la porte du château-fort ? Couverts par un dynamique procureur de la République quadragénaire, Mary Lester et Fortin auront besoin de l'aide de l'adjudant-chef Lucas pour dénouer l'affaire…
Depuis une vingtaine d'années, les enquêtes de Mary Lester ont séduit un large lectorat. Il n'y a pas de recette miracle, ni d'ingrédient majeur dans ce succès. On pourrait invoquer "l'effet de série" puisque, en comptant quelques doubles tomes, on en est aujourd'hui aux numéros 42 et 43 des aventures de cette héroïne. L'argument géographie aurait aussi son importance, Mary Lester investiguant sur la côte Atlantique, dans les cinq départements de la Bretagne historique. Au gré des repérages effectués par Jean Failler, qui va observer les lieux concernés. Par la suite, il décrit donc une certaine réalité, ça compte sûrement dans la tonalité qui plaît au public.
Bien entendu, le personnage central est capital. Jeune femme trentenaire au caractère affirmé, sachant s'adapter à toutes les situations, courageuse et même plutôt téméraire, ironisant volontiers, Mary Lester se comporte avec naturel, vivant comme tout le monde, aimant sa région. Comme disent les anglophones, Mary c'est "the girl next door", la fille d'à côté. Ne pas jouer les cadors, voilà sans nul doute l'atout premier de cette enquêtrice. À l'image du commissaire Maigret (Georges Simenon étant le modèle de l'auteur), c'est une policière qui fait son métier aussi correctement que possible. Mary est assistée par Jean-Pierre Fortin qui, s'il manque carrément de culture, reste efficace dans l'action.
Parce que ce marin a lu beaucoup de très bons auteurs de polars, Jean Failler sait qu'on ne peut embarquer les lecteurs sur un rafiot pourri : tel un fier navire, le roman doit tenir la mer, maintenir le cap pour arriver à bon port. Si petit monde de Mary Lester comporte sa part de mystère, de questions à résoudre, de violence à laquelle on ne peut échapper, le spectaculaire à outrance et la cruauté horrifique n'ont pas leur place. Toujours l'idée du quotidien, de la vie ordinaire déréglée par une affaire criminelle, qui prime. Ajoutons à cela une narration fluide, et c'est ainsi que les lecteurs adhèrent. C'est une fois de plus le cas dans cet “État de siège pour Mary Lester”, un épisode fort agréable à lire.
Jean Failler : Le visiteur du vendredi (Éditions du Palémon, 2013) - Le blog de Claude LE NOCHER
Capitaine de police, Mary Lester est toujours affectée au commissariat de Quimper. Son collègue Fortin et leur supérieur n'ignorent pas qu'elle a été assez secouée par sa dernière enquête. ...
Jean Failler : Casa del Amor (Éd.du Palémon - Mary Lester) - Le blog de Claude LE NOCHER
http://www.action-suspense.com/article-jean-failler-52681553.html
Mes chroniques sur deux autres enquêtes de Mary Lester
Jean Failler : L'ombre du Vétéran (Éd.du Palémon) - Le blog de Claude LE NOCHER
Si Jean Failler est connu pour les enquêtes de sa policière Mary Lester, il y a une autre facette de son talent à redécouvrir. Avec " L'ombre du Vétéran " (Éditions du Palémon, 2012), explo...
http://www.action-suspense.com/article-jean-failler-l-ombre-du-veteran-ed-du-palemon-112256057.html
Mes chroniques sur deux romans "historiques" de Jean Failler.