C'est grâce à Toinet, son fils adoptif âgé de douze ans, que le commissaire San-Antonio repère un suborneur d'enfants nommé René-Louis Blérot. Ce littérateur écrit des scénarios et romans pornographiques, racolant des mômes. San-Antonio ne tarde pas à agrafer le type en question. Celui-ci ayant trouvé la mort lorsqu'il est transféré à la PJ, San-Antonio culpabilise un poil. En compagnie de l'inénarrable Bérurier, le commissaire se rend chez le défunt Blérot. Dans l'appartement, ils découvrent une pièce dédiée au sexe et à l'horreur. Dans un réfrigérateur, se cachent les restes d'un gamin mutilé. San-Antonio regrette de ne pas avoir été plus violent avec ce Blérot, maintenant. La concierge collabore avec le duo de policiers, évoquant les visites mensuelles d'une dame et d'un jeune garçon. San-A est convaincu qu'elle ne venait jamais avec le même môme.
Un portrait-robot ressemblant est dessiné. Un dispositif de surveillance de l'appartement est mis en place, avec le vieil inspecteur César Pinaud, vu qu'on estime qu'il y a eu au moins huit victimes passées en ces lieux. C'est du côté de Montmartre que San-Antonio cherche la dame en question. Grâce à une pharmacienne de la rue Caulaincourt, qui se fait culbuter sans façons par San-A et Béru, ils apprennent le nom de leur cible. Catherine Mahékian est une artiste peintre du quartier. En partie à cause d'une bévue, cette dame réalise être dans le viseur des flics, et prend la fuite. San-Antonio et Béru le Mastard disposent d'une adresse, un chenil de Mériflour-le-Bas, dans les Yvelines. C'est chez Laura Manzardin, sœur de Catherine Mahékian, et son mari Louis, ancien para. Ils prétendent ne pas être en bons termes avec la fuyarde.
Quand la suspecte approche de chez eux, le couple l'alerte néanmoins de la présence des policiers. San-Antonio imagine que le chenil fait bien partie d'une sale organisation, dont il découvre bientôt un nouveau partenaire figurant dans le carnet d'adresses de la fugitive. Le docteur Quentin Skinézi s'occupe, dans un château des Yvelines, d'une maison de repos pour personnes âgées friquées, le Val Chanté. C'est plutôt à son domicile, où il dispose d'un laboratoire (et d'une fidèle assistante) que San-Antonio et Béru espèrent en savoir davantage. Mais le médecin se fait la malle, poursuivi par la Maserati du commissaire. En fait, il va lui falloir un avion, et l'aide du pilote Stanislas Gude, pour continuer la chasse jusque chez les britiches. Si la jeune Mary est charmante, son père le docteur Barnes inspire bien moins confiance à San-Antonio. Quitte à finir à l'hosto, le vaillant commissaire ira au bout de son enquête…
Cette aventure est répertoriée comme la 127e de la série, initialement parue en 1986. Il s'agit d'une de ces affaires où San-A ne prend guère le temps de se reposer, se contentant de furtifs moments de sommeil. Le scénario nous étant raconté en continu, ça offre un rythme trépidant et mouvementé au récit. On y retrouve avec joie les complices du héros, Bérurier dit Le Gravos et autres sobriquets flatteurs, le brave César Pinaud, et des figurants ponctuels, tels le rouquin Mathias ou le brigadier Poilala. Et même le petit Toinet, nul en orthographe, fils adoptif de San-A.
Si l'on nous gratifie de plusieurs scènes grivoises très épicées, Frédéric Dard n'abuse pas ici de ces logorrhées langagières, typiques chez lui dans les décennies précédentes. “─ Zéro, zéro, un ! fait Béru. Zéro, zéro, deux ! Et ensuite, il faut que je continue comme ça jusqu'à la saint trou de balle ?… Le con ! L'énorme et fantastique con ! Le suprême con ! Le con poussé jusque dans l'arrière-salle du cosmos !” S'il y a de l'humour à chaque page, inutile de le préciser, l'intrigue criminelle tient une place à part entière, avec un véritable suspense. Est-il vraiment besoin de vanter les mérites d'un San-Antonio ? Celles et ceux qui ont fait l'impasse sur ces romans se privent d'un immense plaisir.
Quelques-unes de mes chroniques sur les aventures de San-Antonio.
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