Autrefois comme aujourd'hui, l'Histoire du monde a toujours été peuplée de femmes ou d'hommes, auteurs de crimes pervers ou passionnels, coupables de meurtres en série ou d'assassinats dus aux circonstances, de tueurs sanguinaires ou de cas mystérieux. Il ne s'agit plus de faits-divers ordinaires, mais d'une volonté délibérée confinant à la cruauté. Si, quelle que soit l'affaire, l'acte impulsif est possiblement plaidable, la différence réside souvent dans la froideur cynique du "grand criminel", hermétique à toute pitié.
Sans doute est-il utile de distinguer les époques. Au temps du seigneur Gilles de Rais, du régicide François Ravaillac, de la comtesse sanglante Elisabeth Báthory, du brigand Louis Mandrin, ou de l'empoisonneuse marquise de Brinvilliers, l'esprit guerrier et la violence de la société d'alors impliquent plus facilement l'idée de mort. Qu'on tue par intérêt, pour ne pas laisser de témoins ou pour se défendre, c'est justifié par la force du plus fort ou du plus fourbe. En ces siècles où l'on meurt souvent tôt, la vie humaine est moins sacrée.
Dès que l'on aborde le 19e siècle, supposé plus civilisé, les crimes prennent une tournure plus spectaculaire. Parce que l'assassin s'avère énigmatique, tel Pierre-François Lacenaire guillotiné en janvier 1836, connu comme poète et dandy. Parce que les époux Martin ne semblaient nullement dangereux, dans leur auberge pourtant rouge de sang. Parce que dans son manoir délabré de Corrèze, Marie Lafarge paraît innocente de l'empoisonnement de son époux. Parce que la bonne simplette Hélène Jégado, malgré ses multiples crimes, est restée si longtemps insoupçonnable aux yeux de ses employeurs.
Peut-être plus méconnu, il faut aussi citer le cas de Jean-Charles Avinain, boucher dans le civil, soldat dans les armées du 19e siècle, puis truand envoyé au bagne, qui finira à son retour par dépecer ses victimes. D'Henri Pranzini à Marguerite Steinheil, en passant par la nounou diabolique Amelia Dyer, l'anarchiste Ravachol, l'éventreur Joseph Vacher, et Caserio qui assassina le président Sadi Carnot, les Assises d'avant 1900 ont à juger des personnages qui vont marquer l'opinion, de mieux en mieux informée sur ces affaires.
Arrive le 20e siècle. La criminalité semble exploser, puisqu'on dénombre des quantités de figures d'assassins. En France, dès les premières années et durant l'entre-deux-guerres, les noms de Jeanne Weber (l'ogresse de la Goutte-d'Or), de Jules Bonnot avec sa bande, des sœurs Christine et Léa Papin, de Violette Nozière ou de Lætitia Toureaux, font la "une" de l'actualité judiciaire. Aux États-Unis, si on retient le cas du mafieux Al Capone, on doit également se souvenir d'Albert Fish : le Vampire de Brooklyn aurait commis plus d'une centaine de meurtres, incluant sadomasochisme, coprophagie et cannibalisme.
Dans cet ouvrage, le journaliste-écrivain Jacques Expert relate en quelques pages les faits criminels autour de soixante meurtriers. Outre ceux cités ci-dessus, on ne va pas se lancer dans une énumération fastidieuse. Les cas de Ted Bundy ou de Charles Manson sont bien connus du public actuel, en général. Ceux des tueurs Francis Heaulme et Guy Georges nous sont plutôt familiers. Pour le public français, John Wayne Gacy (le clown tueur) et Waltraud Wagner (infirmière autrichienne supprimant ses patients) sont moins évocateurs. Nous aussi, avons eu Christine Malèvre, infirmière accusée d'avoir éliminé sept personnes en 1997-1998.
Si l'on sait que Lucien Léger, décédé en 2008, a passé plus de quarante-et-un ans derrière les barreaux, un record de détention, on nous rappelle ici pour quel crime il fut arrêté en 1964. Quant à l'affaire Simone Weber, au milieu des années 1980, suite à la disparition de son amant Bernard Hettier qu'elle a probablement découpé et morceaux, ce fut un épisode compliqué dans la carrière du juge Thiel. Le cas de Pierre Bodein qui, de 1969 à 2004, entre ses périodes d'incarcération séquestra, viola, tua ou mutila ses victimes, en fait un criminel notoire du 20e siècle en France. Si l'instituteur Marcel Lechien fut moins violent, son procès à Évreux en 2004 montra toute sa perversité sexuelle envers les mineurs.
Il se publie de nouveau bon nombre de livres traitant d'affaires criminelles, pas forcément toutes célèbres ou dont on a quelquefois oublié les détails. C'est une très bonne chose, ça permet de rafraîchir la mémoire de tous sur ces dossiers. Jacques Expert y contribue à son tour, avec ces soixante portraits. D'un lointain passé jusqu'au présent, il lui suffit de quelques pages pour cerner chacune des situations, pour retracer le principal. Un ouvrage qui intéressera assurément les amateurs de criminalité.
Jacques Expert : Tu me plais (Le Livre de Poche, 2015 - Inédit) - Le blog de Claude LE NOCHER
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