En Italie comme aux États-Unis, on appelle ça Mafia, Camorra, N'drangheta, Cosa Nostra, ou l'Organisation. Ailleurs, ce seront les Triades chinoises ou les Yakusas japonais. Les cartels latino-américains de la drogue sont à recenser parmi ces mafias. Dans les Balkans ou en Russie, et sans doute partout dans le monde, existent également des gangs criminels organisés en réseaux mafieux. Une toile d'araignée à l'échelle de la planète, avec diverses connections entre ces “milieux”, et parfois des règlements de comptes sanglants ? Il serait vain de nier la réalité de cette pieuvre internationale, de ne pas croire que leurs activités sont autant illégales que florissantes. Parler de la pègre ? Un qualificatif bien fade, alors que c'est un énorme brassage d'argent sale dont il s'agit.
De Mario Puzo à Roberto Saviano, en passant par Francesco de Filippo (interviewé dans ce numéro) et bon nombre d'autres auteurs, les mafias ont inspiré les romanciers. Pour être plus exact, ils se sont généralement inspirés des mythes et des faits relatifs aux cercles mafieux pour élaborer des fictions. Quelquefois en s'approchant très près de véritables cas criminels. Ou en imaginant, comme l'évoque ici Jocelyne Hubert, des flics infiltrés au sein de réseaux, dont on ne sait plus très bien dans quel camps ils se placent. Évidemment, c'est en priorité à la mafia sicilienne et à son omerta qu'on pense, dès qu'est prononcé ce mot. Alexandre Clément nous en parle avec justesse dans ce numéro, en particulier à travers l'ouvrage “Pourquoi la Mafia a gagné”.
Il y a pléthore de biographies sur les mafieux, célèbres ou moins connus. Les éditions La Manufacture de Livres présentent toute une série de titres documentaires sur ce thème, consultez leur catalogue. Mais, finalement, les mafias ne sont-elles pas plutôt visuelles ? Dans les films comme pour la télévision, c'est un bon prétexte pour multiplier les images-choc, les tueries impitoyables, les mises à mort de traîtres, les braquages et carnages en tous genres. Certes, dans le film “Le Parrain”, on voit Don Corleone caressant son chat en parlant sans s'énerver dans la pénombre de son bureau. Certes, il n'avait pas l'air bien méchant, le père de famille grassouillet Tony Soprano. Certes, l'héroïne corse de la série Mafiosa ne manque pas d'autorité, mais est-elle si soupçonnable ?
Pourtant, c'est bien de criminalité dont il est encore et toujours question. À la différence du terme utilisé, par extension, à la mafia du sport (où un cancéreux américain peut gagner plusieurs fois le Tour de France), à celle des milieux médicaux (où la confraternité fait qu'on vous envoie chez des amis spécialistes sans vrai motif), à la mafia du BTP (qui, dit-on, organisa de joyeuses soirées de débauches, pas seulement dans un palace lillois ***), et quelques autres. Le point commun consiste, sans doute, dans les enjeux financiers. Au moins, on ne tue pas (ou alors très rarement) dans ces cas-là. Ce sont également des mafias, pas tant explorées par nos romanciers, un peu frileux.
[*** Voir ci-dessous “Bavure dans le béton” de Charles Madézo.]
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Deux approches parmi tant d'autres de milieux mafieux (cliquez sur ces chroniques)