Carson Mills est une petite ville du Midwest américain, restée plutôt rurale. Venant de Suède, la famille Petersen s'y installa au milieu du 20e Siècle. Ce fut dans des conditions dramatique que se produisit la naissance de Jon Petersen. Il fut élevé par son grand-père Ingmar, avec ses tantes Rakel et Hanna. Très tôt, l'enfant se montre asocial, supportant mal l'école. Dès six ans, sa cruauté dominatrice s'exerce sur des fourmilières. Posséder un pouvoir destructeur sur ce petit monde qu'il observe, voilà ce qui l'excite déjà. Quand, à l'âge de douze ans, les provocations d'un petit caïd local de sa génération vont trop loin, Jon estime légitime de se venger avec une extrême violence.
Trois ans plus tard, son aspect sec et nerveux donne à Jon l'allure d'un jeune adulte. Il fantasme sur sa jolie tante Hanna, alors amoureuse et prête à quitter Carson Mills pour New York avec son petit-ami Thomas. Jon trouve l'occasion d'imposer sa virilité à Hanna. Quand Louise, la fille d'une ferme voisine, est violée dans son lit, le vieux shérif Jarvis Jefferson serait bien avisé de soupçonner Jon Petersen. Dix jours plus tard, c'est sur le meurtre de la bienveillante bibliothécaire Theresa Turnpike qu'il doit enquêter. Elle a été tuée avec violence dans un sinistre hangar isolé. Âgée de seize ans, la fille du banquier Monroe semble aussi avoir été violée, en l'absence de ses parents.
La disparition de plusieurs chiens et chats est signalée dans le secteur. Jarvis Jefferson en profite pour interroger Jon, adolescent qu'il sait “à part” à Carson Mills. Toutefois, le shérif n'en tire aucune conclusion. Ayant trouvé un travail et acheté une voiture avec laquelle il se balade beaucoup, Jon se tient relativement tranquille durant les quatre années qui vont suivre. Sa recherche d'une compagne reste longtemps infructueuse, les jeunes femmes devinant son caractère dur. Jusqu'à ce qu'il épouse la blonde Joyce Flanagan, à Wichita (Kansas). Lorsque Jon perd son job pour une affaire de mœurs, le couple revient bientôt habiter la ferme familiale, avec le grand-père et la tante Rakel.
Jon et Joyce ont un fils, Riley, qui sera élevé sans grande tendresse. Tandis que Jon vivote de son activité d'équarrisseur, sa femme est contrainte de monnayer ses charmes pour rapporter un peu plus d'argent à leur foyer. Encombrants pour Jon, Ingmar et Rakel ne vont plus avoir leur place à la ferme. De son côté, Ezra Monroe, la fille du banquier, a mal tourné. Sans doute est-il fatal que sa route croise celle de Jon. C'est alors que plusieurs signes du Destin interviennent dans la vie des Petersen, père et fils. Non pas que Jon améliore tant son comportement agressif. Non pas que l'adolescent Riley “découvre” la monstruosité sans borne de son géniteur. Mais, en entraînant une mineure dans sa ferme, Jon va commettre sa première et dernière erreur…
L'étiquette "thrillers" convient certainement pour la plupart des livres de Maxime Chattam. Encore que ce label s'applique moins à son diptyque “Leviatemps” et “Le requiem des Abysses”, polars historiques teintés d'une belle dose de Fantastique. Cette fois, il s'écarte plus nettement de sa manière habituelle, en produisant un suspense dans la veine du roman noir. "Un vrai de vrai ?" s'interrogeront les puristes. Force est d'admettre que nous avons ici les éléments caractéristiques du genre.
Au centre, comme dans tous les cas chez Chattam, se trouve le Mal, incarné par Jon Petersen dans un portrait sans concession. Un homme brutal, assumant dès son plus jeune âge sa cruauté. Cynique aussi, puisqu'il jouit d'une certaine impunité lui permettant de mépriser la population. Dans son entourage, on n'ose guère réagir, personne n'ayant assez de courage pour affronter le Diable.
Avec pour décor l'Amérique profonde, comme il se doit, l'histoire nous est racontée par un témoin anonyme, présent et attentif. Soulignons qu'il faut faire le distinguo entre le dénouement de l'intrigue criminelle et la fin du récit. L'expérimenté shérif Jefferson saura éclaircir plusieurs points, moins flagrants qu'on a pu le croire. Quant au "final", chacun y verra soit un ultime rebondissement empreint de philosophie, soit une pirouette astucieuse du narrateur. Cela ne gâche en rien la bonne impression générale. Car nul ne contestera l'évident savoir-faire de Maxime Chattam. Y compris quand il emprunte les sombres chemins du roman noir.
Son avant dernier était pas mal, c'est un auteur que je suis, même dans sa descente...et hop, là il remonte et change de style, et réussit, un très joli roman américanisé. Je dis bien améri...
http://www.unwalkers.com/maxime-chattam-la-ou-on-ne-lattendait-pas-avec/
Un roman également chroniqué chez Unwalkers.