La revue trimestrielle “Quinzinzinzili” vient de sortir son 27e numéro de l'hiver 2014. Chaque numéro coûte 7€. On peut s'y abonner (pour 20€ par an/28€ pour l'étranger) en s'adressant à la Société des Amis de Régis Messac (71 rue de Tolbiac, Paris 13e). À Paris, cette revue est disponible chez plusieurs libraires. Les romans et autres écrits de Régis Messac sont réédités aux éditions ExNihilo, 42bis rue Poliveau, Paris 5e.
Pour les passionnés des littératures policières, il faut d'abord signaler un bel article de Jean-Louis Touchant, autour du roman noir de Dashiell Hammett “The Glass Key”. Sorti en 1931 aux États-Unis, il fut publié dès l'année suivante chez Gallimard dans la collection Les Chefs-d'œuvres du roman d'aventure. Si “Moisson Rouge” ou “Le faucon maltais” ont marqué les esprits, J.L.Touchant nous montre que l'écriture de Hammett est bien plus subtile dans “La Clé de Verre”. On peut aussi relire ici la chronique que Régis Messac (1893-1945) consacra à ce livre en août 1932.
À découvrir aussi, un article bien documenté sur la littérature prolétarienne. L'écrivain Henry Poulaille avait réuni pour un recueil quelques travaux d'auteurs, ouvrage qui n'a été publié qu'en 2013 sous le titre “La littérature par le Peuple” (Ed.Plein Chant/Les Amis d'Henry Poulaille). En son temps, Régis Messac commenta des ouvrages de certains des auteurs ayant été retenus pour ce recueil. Ses textes, ses comptes-rendus critiques, complètent l'approche de Poulaille.
Le principal dossier de ce vingt-septième numéro de "Quinzinzinzili" est consacré à un double thème : la Guerre d'Espagne, et les premiers succès littéraires d'André Malraux. Le milieu intellectuel des années 1930, généralement pacifiste et proche du Front Populaire en France, ne pouvait que se sentir concerné par les évènements espagnols. Dès le début de cette décennie, avec la proclamation de la République, le malaise couve dans la société et dans l'Armée. Les tensions montent dès 1934, mais c'est aux élections de 1936 qui voient la victoire du Frente Popular que se déchaîne la guerre civile. Regis Messac suit de près la montée fasciste. Il écrit dans des hebdos pacifistes comme "Le Barrage". Il chronique des livres tel celui d'un magistrat de Burgos, qui témoigne de l'ambiance née de ce nationalisme qui deviendra le franquisme. Autant de textes "à chaud" issus du contexte d'époque, ce qui leur attribue une valeur. En parallèle, Régis Messac n'est nullement convaincu par les livres d'André Malraux : "Les conquérants", "La voie royale", "L'espoir". Les romans d'aventure de Georges Sim seraient aussi convaincants, selon lui.
Pour mémoire, l'enseignant Régis Messac est l'auteur d'une thèse “Le «detective Novel» et l'influence de la pensée scientifique”, publiée en 1929 et rééditée par Les Belles Lettres, récompensée en 2012 par le Prix Maurice Renault de l’association 813. Ce fut un écrivain éclectique ("Valcrétin", "Quinzinzinzili","Le miroir flexible", "La cité des asphyxiés", "A bas le latin !"). Dans les années 1930, Régis Messac fut un des principaux contributeurs de la revue "Les Primaires". Outre les articles culturels, il fut l'auteur d'éditoriaux politiques, à la tonalité pacifiste et sociale, tranchant avec le populisme qui montait alors. Cette revue "Quinzinzinzili" est riche d'informations sur son temps, sur son univers.