Jeudi 21 décembre, quatre jours avant Noël, il neige sur l'agglomération d'Isola. Cotton Hawes et Steve Carella, inspecteurs du 87e district, sont appelés à l'immeuble Harborview. Mme Marian Esposito a été mortellement poignardée sur le trottoir devant le bâtiment. En parallèle, dans l'appartement 304, on trouve le cadavre du quinquagénaire Gregory Craig, lardé de dix-neuf coups de couteaux fatals. Sa compagne Hillary Scott a alerté la police. Sosie de l'épouse de Steve Carella, elle est medium. Bien que la sécurité de l'immeuble soit stricte, le lieu du crime a été fouillé, laissant un grand désordre. On s'apercevra que trois cent dollars ont été volés, et surtout pour 83.000 dollars de bijoux. Même si Hillary ne croit pas au simple cambrioleur, la police ne peut que retenir le vol.
Gregory Craig était l'auteur du best-seller “Ombres mortelles”, histoire de fantômes qui prétendait s'inspirer de faits vécus. Sa fille Abigail n'était pas en bons termes avec son père. Ses parents ont divorcé trois ans plus tôt, peu avant le décès par noyade de sa mère dans le Massachusetts. Étrange mort pour une ex-championne de natation. Les “visions” d'Hillary sont moins utiles que le témoignage du gardien de l'immeuble. Ce jeudi-là vers dix-sept heures, Craig a reçu la visite d'un certain Daniel Corbett. Ce dernier est directeur littéraire chez l'éditeur de “Ombres mortelles”. Recevant Steve Carella et Cotton Hawes, il leur fournit un alibi, une coucherie avec une collègue, qui sera bientôt confirmé. Selon lui, l'écriture du futur livre de Gregory Claig s'avérait plus que laborieuse.
La mort de Marian Esposito semble une affaire connexe. Si son mari Warren Esposito est furieux que l'enquête néglige ce décès, la police apprend finalement que cet homme fut violent avec son épouse. Un élément qui a son importance ? L'alibi du mari, présent dans un bar à l'heure dite, pourrait bien être vérifiée. Hillary a une sœur jumelle, Denise, autre sosie de Teddy Carella. Sachant que l'inspecteur a aussi des jumeaux, les coïncidences abondent. Au lendemain de Noël, c'est Daniel Corbett qui est assassiné chez lui, poignardé comme Mme Esposito et Gregory Craig. Selon sa voisine aigrie, il fréquentait beaucoup d'homosexuels. Alex Harrod, ami Noir de Corbett, confirme qu'était prévu un trio sexuel avec les deux hommes et l'amante actuelle du défunt directeur d'éditions.
Bientôt, c'est Denise Scott qui est agressée dans la rue. Nul doute qu'on l'ait confondue avec sa sœur Hillary. Accompagné de la medium, Steve Carella se rend à Hampstead dans le Massachusetts. Les dossiers ne permettent pas d'en avoir le cœur net sur la noyade de Stephanie Craig. Hillary Scott et Carella sont bloqués là par la tempête de neige. Ce qui offre au policier l'occasion d'en savoir plus sur “Ombres mortelles”. C'est le 29 décembre qu'on pourra enfin arrêter l'assassin…
Ce roman fut traduit par Rosine Fitzgerald en 1981, puis fut publiée une réédition revue et augmentée par Pierre de Laubier en 1999. Il s'agit une enquête typique du commissariat du 87e. C'est principalement Steve Carella qui mène les investigations. D'ailleurs, on va entrevoir son épouse sourde et muette, leur maison de Riverhead, leur gouvernante Fanny Knowles, avec des allusions à leurs enfants. Malgré tout, c'est le travail d'une équipe de policiers qui importe dans cette série, plus que les cas individuels : “Ça explique donc pourquoi Carella se prenait pour le héros du drame… Il ne lui venait même pas à l'idée que Hawes pouvait aussi se prendre pour un héros.” Par ailleurs, l'inspecteur Meyer Meyer est aussi obligé d'assurer son service le jour de Noël et d'Hanouka, tombant à la même date.
Roman d'enquête, bien sûr. Pourtant, rien à voir avec la traditionnelle galerie de suspects, chère à beaucoup de romans d'énigme. Il faudra plus de deux cent pages pour s'assurer du nom du coupable présumé. Ce qui prime, ce sont les progrès des policiers dans une ambiance neigeuse afin de déterminer les circonstances précises des trois meurtres, peut-être quatre. Sans oublier l'origine de l'affaire criminelle. Même dans le Massachusetts, non loin de Salem et de ses sorcières, le cartésien Steve Carella n'est pas obligé de croire aux fantômes (“Ghosts”, titre original). Un très bon exemple des affaires traitées par le 87e.
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