Certes, Jean-Jacques Pauvert ne publia pas de littérature policière. Néanmoins, ce fut un éditeur inspiré et courageux. Il fut le premier à oser publier intégralement Sade, et le roman érotique "Histoire d'O": l'éditeur français à la carrière tumultueuse Jean-Jacques Pauvert est mort samedi à 88 ans, victime d'un AVC. Il est décédé dans un hôpital de Toulon (sud-est), a annoncé à l'AFP une de ses filles, Camille Deforges, dont la mère, l'écrivaine et éditrice sulfureuse Régine Deforges, est elle-même décédée en avril dernier. "Mon père était un très grand éditeur, un défenseur des libertés contre toute forme de censure, comme ma mère, ils étaient des êtres libres", a déclaré sa fille.
A 21 ans, pour la première fois dans l'histoire de l'édition, Jean-Jacques Pauvert avait publié intégralement Sade, mettant son nom et son adresse sur les couvertures des livres, ce qui l'entraînera dans un procès de sept ans, début d'une carrière tumultueuse. Il est également connu pour avoir édité en 1954 "Histoire d'O", d'une mystérieuse Pauline Réage. On sait aujourd'hui que ce roman a été écrit par Dominique Aury, qui fut secrétaire générale de la Nouvelle Revue française (NRF). Il avait raconté ses nombreux faits d'armes éditoriaux dans ses mémoires, dont le premier tome "La traversée du livre", fut publié il y a 10 ans. Le second tome en projet n'a pas été publié.
Pauvert a relancé la carrière d'un auteur qu'on ne lisait guère, Boris Vian, a ressuscité également Raymond Roussel, a édité Malraux, Aymé, Gide, Queneau puis André Hardellet ou Albertine Sarrazin. Il fut le dernier éditeur d'André Breton et sortit Georges Bataille de la clandestinité. (source texte AFP)