Coup d'œil sur deux romans de Geneviève Manceron, publiés dans la collection La Chouette, puis réédités chez J'ai Lu Policier...
"La Biche" (1956) : L'affaire débuta par un hold-up en région parisienne. Mais c'est à La Bourboule que La Biche, complice du truand Maubert, a trouvé refuge. C'est là-bas qu'elle a tué le policier Charles Raux. C'est à La Bourboule que Georges Barberi, jeune inspecteur de police, espère retrouver à la fois la criminelle et les bijoux qu'elle a volés. Quant à identifier La Biche, malgré un opportun recensement touristique, pas si simple. Cinq femmes peuvent correspondre à la suspecte : l'exubérante Juliette Chabut, la curieuse téléphoniste aux goûts de luxe Régine Boyer, la barmaid Tonia Jongault dont le mariage a encore des répercussions, Nathalie Séguin la manucure du salon de coiffure de Denis dont elle est amoureuse, l'infirmière Florence Charron qui paraît perpétuellement occupée.
Enquêter incognito s'avère une excellente idée, puisque l'inspecteur Barberi pense avoir déniché du premier coup la mystérieuse criminelle. Hélas, sa suspecte est éliminée le soir-même. En outre, le jeune policier ne doit pas perdre de vue que le Milieu va certainement envoyer quelqu'un sur place, pour récupérer le magot de La Biche. Malgré les fausses pistes, et les secrets bien gardé des suspectes, Barberi ne renonce pas. S'il risque de se tromper encore, c'est dans un chalet isolé et cerné que résidera la solution… Suspense et rebondissements à foison, hypothèses multiples et erronées, dénouement héroïque : un bon petit roman, qui tient ses promesses. D'autant que l'auteure connaissait bien la région de La Bourboule.
"Pauvres petites crevettes" (1957) : En cette fin de la décennie 1950, les tableaux du peintre Latroche (décédé en 1915) connaissent un regain d'intérêt. L'antiquaire Juliette Féral sait où l'on peut encore trouver des toiles de Latroche. Elle a été autrefois en contact avec la veuve du peintre, qui habite toujours du côté d'Honfleur. Elle charge Fred Grimme de négocier pour elle. Une mission qui est l'occasion de renouer avec le jeune Fred, qui fut son apprenti, aujourd'hui sans le sou. Pour sa part, Gisèle, la fille de Madeleine Latroche, a de gros soucis financiers, car elle doit entretenir son amant. Elle compte profiter de la période de Noël pour aller rendre visite à sa mère.
Maurice de la Troche, fils du peintre né d'un autre mariage, est un magouilleur de la pire espèce. Un de ses amis lui propose une belle somme en achetant pour lui des tableaux de Latroche à la veuve, seule propriétaire des toiles. Maurice n'a pas à réfléchir longtemps, tant il est endetté. Il file vers Honfleur… Madeleine Latroche a accueilli chez elle le jeune Taline. Sa protégée est une ancienne délinquante, très attachée à la veuve du peintre. Fred s'aperçoit rapidement qu'il n'est pas tout seul à vouloir les œuvres de Latroche. Ses adversaires sont déterminés, sans pitié. Maurice essaie de l'assassiner avec “sa” Jaguar, avant que Fred ne soit assommé par quelqu'un qui lui dérobe l'argent de la transaction. Le commissaire Jeannet estime qu'il doit surveiller tout ce petit monde. Beaucoup de réels suspects, évidemment. L'affaire pourrait mal tourner, peut-être irait-on jusqu'au meurtre ?… La forme est classique, mais l'intrigue est parfaitement maîtrisée. Ce qui donne, encore une fois un roman policier à suspense de bon aloi.
Pour lire le portrait de Geneviève Manceron (7 avril 1906 – 17 juillet 1994), journaliste, romancière, et collaboratrice de l'éditeur Frédéric Ditis, il faut se rendre sur le blog de l'Oncle Paul (lien ci-dessous). Grâce au neveu de cette dame, il nous donne des éléments biographiques fort intéressants, et la liste complète de ses œuvres.