Jeune journaliste, Ludovic Mermoz s'est installé dans un village à quelques encablures de Saint-Étienne, dans le massif du Pilat. Il y a crée un petit journal local, “Le vilain canard du Pilat”. Il est entouré de Lucile Kerouec, “miraculée des services psychiatriques”, et de Lola Campagnole, championne de twirling bâton. Outre ces deux collaboratrices ayant des attaches dans la région, il y a aussi Yvon Ben Ouassil. Ce marginal mi-Breton, mi-Tunisien s'implique volontiers dans les enquêtes journalistiques de Ludovic Mermoz. L'ouverture d'une aire pour gens du voyage agite une partie de la population de Latourbière-sous-Pilat. Sous l'impulsion d'un ex-commerçant d'ici, Edmond Lopard, il s'est même créé un comité d'opposants, la LDL. Jérémy di Calcio, un jeune quelque peu paumé, ne jure plus que par ce nouveau gourou, apôtre de l'intolérance.
Ludovic Mermoz est averti par un appel téléphonique anonyme qu'un cadavre gît dans un fossé, non loin de l'aire des nomades. Sur place, il n'y a plus qu'à alerter la gendarmerie. Le corps est celui d'un jeune Tzigane, Imir Kastriot. Le vieux chef des gitans installés sur l'aire, Artoran, n'est pas loquace envers les journalistes. Pas hostile, non plus. Ce qui, entre marginaux, laisse une chance à Yvon Ben Ouassil de l'apprivoiser. Artoran compare Imir Kastriot à un hérisson, “niglo” en langage gitan. Un animal parfois tué par hasard, ou alors par un de ses prédateurs naturels. Les gendarmes ne tardent pas à arrêter Zéoviev, un voisin. Plusieurs sanglants indices l'accusent. Mermoz et son équipe pensent qu'il a simplement déplacé le corps, mais qu'il est innocent. D'ailleurs, un paysan d'à côté est en mesure de fournir un très bon alibi à Zéoviev.
Pour les journalistes du “vilain canard du Pilat”, les meilleurs suspects restent Jérémy di Calcio et Edmond Lopard. En ce soir du 14 juillet, ils font la tournée des bals de la région afin de retrouver le jeune di Calcio. Quand on le secoue un peu, il avoue les avoir alerté par téléphone, mais nie être impliqué dans le crime. Pourtant, dès le lendemain, Jérémy di Calcio se dénonce, avant d'être rapidement incarcéré. S'il a voulu se protéger, il n'est pas certain qu'il échappe à la mort. Au journal, menaçant Lola Campagnole, un cambrioleur a volé leurs récents fichiers photos. Peut-être qu'on ne souhaite pas que ressurgisse le passé d'Imir. Suivant une autre piste, Mermoz et Yvon surveillent la belle Nina et la boite de nuit “Standing Ovation”. Un repaire de mafieux, à n'en pas douter. Reste à savoir qui avait le plus intérêt à supprimer le jeune gitan…
On retrouve ici le contexte d'un précédent roman de Jean-Louis Nogaro, “La morte des tourbières” (Éd.du Caïman, 2012). Le décor, c'est un secteur du Massif Central proche de la vallée du Rhône, autour de Saint-Genest-Malifaux, non loin de Saint-Étienne (Loire). D'ailleurs, c'est dans cette ville que débute l'affaire, trois ans plus tôt. Des paysages que l'auteur connaît bien, ce qui explique que ses personnages s'y déplacent avec aisance. On nous livre peu d'éléments sur Ludovic Mermoz et son équipe. Le plus insolite et attachant, c'est Yvon, le Djerbien baba cool. L'association d'Edmond Lopard rappelle tous ces comités anti-gens du voyage nés ces dernières années, attisés par des politicards populistes.
L'intrigue s'inscrit dans la bonne tradition du roman d'enquête, avec sa panoplie de pistes incertaines, de suspects aux alibis douteux, de témoins plus ou moins utiles. Ce qui entraîne les lecteurs au gré de péripéties mouvementées à souhaits. Dans le polar, la forme classique est toujours une valeur sûre : le récit étant d'une très belle fluidité, on suit avec un vrai plaisir les investigations de ces journalistes campagnards.