Hartley Howard (1908-1979, de son vrai nom Leopold Horace Ognall) écrivit entre 1951 et 1979 trente-huit romans dans la série Glenn Bowman. Sous le pseudo d'Harry Carmichael, il publia une autre série de trente-huit romans policiers. Treize des titres seulement des aventures de Bowman ont été traduits en français : Dernier rendez-vous (Un Mystère, 1954) ; Mirage de mort (id.1954) ; Passeport pour l'enfer (id.1953) ; Cinq heures pour mourir (id.1957) ; Bowman frappe de nouveau (L'Aventure criminelle, 1957) ; Bowman à l'aventure (id.1957) ; Pas de repos pour Bowman (id.1958) ; Bowman révolutionne la police (id.1957) ; Des espions se frottent à Bowman (id.1959) ; Bowman, client de la morgue (id.1959) ; Qui prétend rouler Bowman ? (id.1958) ; La Belle Courtisane (Le Masque, 1967) ; Farandole mexicaine (id.1968).
Faisons la connaissance du héros grâce à “Passeport pour l'enfer”.
Glenn Bowman est un détective privé new-yorkais de trente-sept ans. À l'approche de Noël, il reçoit deux vieilles dames originaires de Hopeville, en Caroline du Nord, Mary et Harriet Parsons. Leur nièce Cécile a été retrouvée morte dans son appartement de New York quelques temps plus tôt. La police a conclu à un suicide, ce que les tantes de la jeune femme – qui était enceinte – refusent de croire. Bowman vérifie le cas de Cécile Parsons auprès de son ami Eric Webster, district attorney. En effet, le policier Henderson est sûr que la victime s'est supprimée. Pourtant, la lettre inachevée qu'elle a laissée n'évoque pas un tel passage à l'acte. Cécile semblait être la petite amie de Martin Rowe, fils d'un milliardaire, John K.Rowe. En examinant l'appartement de Cécile, Bowman reconstitue l'ultime soirée de la victime. Se préparant à partir en voyage, elle attendait un visite.
Le détective rend visite à Lorna Hill, l'ex-colocataire de Cécile. Si elles étaient employées à la même boite de nuit, elles n'étaient pas exactement amies. Lorna suggère qu'elle était plutôt calculatrice, y compris concernant le fait d'être enceinte. “Cécile n'était pas une victime. Si je vous disais qu'il y a des mois, elle m'a demandé quelle était l'attitude des tribunaux dans les affaires de reconnaissance de paternité.” Tandis que Bowman sent une menace autour de lui, il poursuit son enquête au club le “Verre d'Or”. Il y croise Martin Rowe ivre et sa fiancée, Bérénice Taylor, qui paraît connaître Bowman. Après s'être frotté à des gardes du corps, le détective privé est reçu par le patron du club. Bowman refuse de se laisser corrompre par ce Kim Sorkin, mafieux notoire voulant lui faire clore l'enquête. Le détective s'est certainement fait un ennemi.
Bérénice Taylor joue les séductrices face à Bowman, peut-être pour protéger Martin Rowe. Après avoir découvert le meurtre d'une employée du club, le détective reçoit une visiteuse qui n'est autre que la sœur de Martin. Elle aussi veut le convaincre de cesser d'enquêter. Puis il est quasiment kidnappé par John K.Rowe. Celui-ci prétend avoir assisté au suicide de Cécile, ce qui dédouanerait son fils. La relation entre le policier Henderson et Bowman s'avère de plus en plus tendue. Le détective trouve Kim Sorkin mort chez lui, ficelé nu sur son balcon. Martin Rowe va bientôt sortir de l'ombre pour s'expliquer avec le détective. C'est plus tard, dans la salle d'attente d'un hôpital new-yorkais que se dénouera cette affaire criminelle compliquée…
Glenn Bowman est un “dur à cuire”, qui ne se laisse impressionner ni par les bagarreurs costauds parfois armés, ni par les séductrices : “Mais j'étais sur mes gardes. Du moment qu'elle me faisait du charme autrement que pour moi-même, elle se mettait le doigt dans l'œil.” Naturellement, il se retrouve dans des situations critiques ou face à des témoins peu coopératifs, dont il doit souvent se méfier. Enquête, suspense et action sont les piliers des romans mettant en scène des “privés”. La narration avance sur un tempo entraînant. Le récit est parfaitement construit, et les personnages sont bien typés.
Le titre original “Death of Cecilia” nous indique le vrai prénom de la victime, que le traducteur-adaptateur Igor B.Maslowski francise en Cécile. Pas sûr que Yvonne Jacques soit l'authentique nom américain d'un autre personnage. Pour le reste, cette version française ne semble pas spécialement trahir le roman d'origine. Aucun temps mort dans cette histoire riche en péripéties et en mystère. Un solide polar des années 1950.