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30 juillet 2014 3 30 /07 /juillet /2014 05:20

Âgé de quarante-huit ans, Lemuel Gunn fut policier à la criminelle du New Jersey, avant de devenir espion pour la CIA, opérant en Afghanistan. Désormais, il s'est installé comme détective privé à Hatch, dans le Nouveau-Mexique. Il vit dans une grande caravane en alu, ayant servi d'appartement à Douglas Fairbanks Jr lors d'un tournage. Sa voiture est une authentique Studebaker coupé Starlight 1950. Il a adopté Kubra Ziayee, jeune Afghane de dix-sept ans et demi qui poursuit maintenant ses études aux États-Unis. Lemuel Gunn est l'amant de France-Marie, rousse comptable québécoise divorcée gérant ses comptes. Il n'apprécie pas la modernité, se sentant plus proche de l'époque de Nat King Cole, de Bo Diddley, voire de l'époque du cinéma muet avec Clara Bow. Il garde en lui une certaine rancœur après son expérience de baroudeur en Afghanistan.

Ornella Neppi est âgée de trente-trois ans. Ayant des origines corses, cette marionnettiste est aussi par intérim garante de caution judiciaire. Elle a été mal avisée dans le cas du nommé Emilio Gava, quarante-deux ans, arrêté pour un deal de drogue dans un bar. Dès la caution versée, il a disparu. Elle s'adresse à Lemuel Gunn, le détective le moins cher, en espérant qu'il retrouve le fugitif. L'enquêteur baptise la jeune femme Vendredi, masquant peu son attirance envers elle. Gunn contacte le commissaire Awlson, de Las Cruses, où se sont déroulés les faits. Emilio Gava a été dénoncé anonymement, mais l'enregistrement téléphonique démontre que c'est lui-même qui a appelé. Il y a sûrement une logique là-dessous. Les photos d'Emilio Gava, y compris celles du journal local, ont été interdites sur intervention du FBI. Jennifer Leffler, complice d'Emilio Gava, n'existe pas légalement.

Lemuel Gunn enquête aux Jardins de l'Est d'Eden, où logeait le disparu. Le concierge, puis les voisins avec lesquels il jouait au poker le dimanche soir, lui donnent quelques pistes. Gava avait une amante blonde, dont on ne sait rien. Il semblait attendre quelque chose. Il passa des appels téléphoniques clandestins vers le Nevada. Gunn interroge le dealer impliqué dans l'arrestation, avant de se rendre à Chicago chez le coûteux avocat de Gava. Le détective apprend que Gava bénéficie du programme de protection des témoins. Mais, au FBI d'Albuquerque, personne n'est prêt à collaborer.

Plus tard, Charles Coffin lui rend visite à sa caravane. Cet agent du FBI chargé du cas Gava lui explique les détails. Une vendetta entre familles mafieuses propriétaires de casinos à Clinch Corners, dans le Nevada. Gunn et Ornella se rendent bientôt dans le désert Mojave, à Nipton. Bonne occasion de devenir intimes. Dans un ex-saloon devenu salon de coiffure, on les met sur la piste d'Annabel Saxby, ex-amante de Gava. Elle a servi d'intermédiaire entre lui et un mafieux de Clinch Corners, qui conduit une Cadillac coupé Lasalle 1938. Au casino, les Baldini ne sont pas opposés à une entente avec le détective. Le danger reste présent, y compris pour l'entourage de Gunn…

Robert Littell : Une belle saloperie (Points, 2014)

C'est un délicieux roman de détective que nous propose Robert Littell, auteur confirmé surtout connu pour ses histoires d'espionnage. Le “privé” Lemuel Gunn est un personnage idéalement décalé pour incarner ce rôle. Si sa culture n'inclut pas l'informatique et autres notions actuelles, il s'agit d'un homme d'action qui ne craint pas grand monde. Outre le Nouveau-Mexique, il nous donne l'opportunité de découvrir le désert Mojave et le Nevada. Avec ces bourgades où viennent s'encanailler les habitants de Los Angeles. À la poursuite d'un type aussi brutal et rusé que fantomatique.

L'auteur intègre les codes du noir polar traditionnel, dans la lignée du Philip Marlowe de Raymond Chandler. Pour autant, il ne cherche pas à être parodique. L'intrigue classique est solide, le récit comporte cette part d'ironie typique de ces histoires, les caractères des protagonistes parfaitement dessinés. On se régale à suivre les péripéties de cette enquête fidèle aux critères du genre. Un excellent suspense, aucun doute !

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commentaires

P
Bonjour M. Le Nocher,<br /> <br /> Lemuel, c'est le prénom de Gulliver, de Jonathan Swift. La seule personne qu'on connaisse, réelle ou fictive, à se prénommer ainsi.<br /> Je suppose que Robert Littoll l'avait en tête en choisissant le même prénom pour le héros de son roman,un clin d'oeil pointant la propension du personnage à se fourrer dans des situations tordues dont il se tire néanmoins ?<br /> Gunn, je crois que c'est aussi le patronyme d'un héros de série policière des années 1960 ou 1970 interprété par l'acteur James Arness, qui jouait Zeb Maccahan dans le feuilleton la Conquête de l'Ouest, avec également Bruce Boxleitner ?<br /> James Arness est le frère aîné de Peter Arness, connu sous le pseudonyme de Peter Graves, surtout pour le rôle de Jim Phelps, le chef de l'équipe de Mission : Impossible ( notons les deux point &quot; : &quot; dans ce titre ). <br /> Mais encore plus anciennement pour le rôle d'un détenu dans la Nuit du chasseur ( 1955, seul film réalisé par l'acteur Charles Laughton, le capitaine Bligh de la version de 1935 des Révoltés du Bounty avec Clark Gable - Fletcher Christian, ou l'Extravagant Mister Ruggles ) avec Robert Mitchum - pasteur Harry Powell. Sachant qu'il va être exécuté, le détenu ( Peter Graves ) confie à Powell qu'il a caché un magot chez lui avant son arrestation. Après l'exécution, Powell est libéré de son côté et s'empresse d'aller tuer la femme de Graves sans parvenir à trouver le magot ( caché dans la poupée de la fillette ). Les deux enfants, la fillette et son frère, s'enfuient et trouvent refuge auprès d'une vieille dame solitaire qui vit dans les bois mais manie bien la carabine. Interprétée par Lilian Gish, qui fut une gloire au temps du cinéma muet.<br /> Mais je déraille, je dévie, je digresse à partir du simple nom de Lemuel et Gunn !<br /> <br /> Par ailleurs, M. Le Nocher, après avoir lu votre chronique d'hier sur le roman de Liz Coley &quot; Ecoute-nous &quot; , je suis allé illico en soirée l'acquérir à la Fnac Italie dans le centre commercial Italie 2 près du métro Place d'Italie à Paris 13ème.<br /> J'ai vu que ce roman était d'abord paru en avant-premère chez France Loisirs sous le titre &quot; Angie, 13 ans, disparue &quot; . Certains commentateurs, dont je partage l'opinion, aiment mieux ce titre initial.<br /> Je sais qu'on a parfois des préventions envers les livres édités par France Loisirs ( je précise que j'ai une carte d'adhérent ) car ils sont censés attirer le plus large lectorat possible et donc avoir des sujets intéressant un maximum de personnes.<br /> Ce serait sans doute un tort de rejetter systématiquement la lecture d'un livre au motif que France Loisirs serait l'éditeur. <br /> Et puis ils rééditent le plus souvent des titres parus précédemment ailleurs.<br /> Ici, ce roman fait partie donc des titres parus en avant-première, ceux dont France Loisirs est le premier éditeur. Ces livres ont souvent une réelle qualité littéraire.<br /> Je vois avec plaisir, je le savais déjà, que vous ne vous laissez pas arrêter par le fait qu'un livre soit paru en premier chez France Loisirs.<br /> Et rappelons que certains auteurs de qualité de polars sont en France édités entre autres par France Loisirs : Harlan Coben, Laura Lippman ou Lisa Gardner, auxquels vous avez accordé des chroniques.<br /> La boutique France Loisirs où je vais est en face de la Fnac Italie 2.<br /> Rassurez-vous, je ne fréquente pas seulement la Fnac ou France Loisirs, je vais aussi dans des librairies indépendantes de quartier<br /> <br /> J'ajoute qu'en allant chercher &quot; Ecoute-nous &quot; au rayon polar, sur le passage au rayon littérature générale j'ai repéré et acquis le livre &quot; Un livre, un jour, un livre pour toujours &quot; d'Olivier Barrot aux éditions la Martinière qui reprend ce qui est abordé dans son émission quotidienne de quelques minutes sur France 3..<br /> <br /> M. Le Nocher, vous avez dit l'autre jour que le Trou, de Jacques Becker, était votre film préféré ?<br /> N'êtes-vous pas un tant soit peu influencé par le fait de savoir que ce film est sorti peu avant ou après votre naissance ?<br /> On ne peut pas s'empêcher de remarquer que tel film ou livre ou autre oeuvre artistique a le même âge que soi ?<br /> Vous possédez l'étude sur le Trou, aux éditions l'Harmattan, dans la collection Sang maudit ? Vous savez, cette collection d'études sur le polar où il y a aussi l'étude sur 150 ans de trains et de polars par Michel Chlastacz, ou le livre sur du noir au néo-noir en Amérique par Delphine Letort, ou cette anthologie sur les ancêtres du roman policier, ou le livre de Max Duperray sur Jack l'Eventreur en tant que source d'inspiration littéraire, ou ces études sur James Ellroy, Leonardo Padura, Léo Malet, la version du film Scarface avec Al Pacino et d'autres ?<br /> <br /> Hors polar, je signale qu'hier j'ai vu sans le prendre un ouvrage : &quot; Objectif Viêtnam &quot; édité par Paris Musées, le sujet étant les photographies de l'Ecole Française d'Extrême-Orient.<br /> Donc un livre de photos que j'ai feuilleté et je vous engage à chercher sur Internet ce qu'on peut bien en dire.<br /> C'est bien, ou rectifiez si c'en est une autre, l'Ecole Française d'Extrême-Orient, l'école dont le dernier directeur fut Bernard-Philippe Grollier, jusqu'à la dictature de Pol Pot et ses Khmers Rouges en 1975-1979 ?<br /> <br /> Cordialement
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C
Bonjour Philippe<br /> Pour le prénom Lemuel, vous avez probablement raison. Si Robert Littell l'a baptisé Gunn, c'est pour l'allusion à « gun », l'arme, et pour le plaisir de lui faire ponctuellement préciser « Gunn, avec deux N ». <br /> Je n'ai rien à reprocher à France Loisirs, ni à ses adhérents lecteurs. Tout ce qui conduit à la lecture me convient. Un mot sur ces « avant-premières » publiées par France Loisirs. Je ne connais pas les arcanes de l'édition autant qu'un avocat des droits d'auteurs. Mais je crois que les droits sont achetés par un éditeur, tel que Presses de la Cité ou Albin Michel, et qu'une cession provisoire de droits permet ces premières éditions. Un accord commercial avec France Loisirs, comme il en existe ensuite avec les éditeurs de « poches ». On ne peut pas dire que ce soit FL qui découvre ces auteurs, ces romans. Je ne sais trop quel est l'intérêt de ces « avant-premières », peut-être de tester l'impact sur un public semi-captif ?<br /> Pour « Écoute-nous », vous faites référence au titre français initial. Vous aurez remarqué que je ne commente jamais les titres des romans. Parce que dans neuf cas sur dix, ils sont choisis par la maison d'édition. Qui préférera changer « Des fantômes sur les planches » en « Meurtre à Deauville » (exemple inventé, bien sûr). Quant aux traductions des titres originaux étrangers, c'est tout un art (et un brin de marketing). Un vrai cas : « Turn of mind » (Tournure d'esprit) d'Alice LaPlante devient « Absences », plus parlant probablement pour le public français. <br /> Si j'aime « Le trou », ce n'est pas une question de date. Cette histoire contient tous les ingrédients dramatiques : l'espoir (de s'évader), le fatalisme (en cas d'échec de l'évasion), la solidarité (des prisonniers), les motivations différentes de chacun, l'unité de lieu, la trahison (du nouveau venu en cellule). Et puis, les taulards étaient joués par des acteurs non-professionnels, ce qui ajoute une certaine sincérité à leurs personnages. <br /> Amitiés.

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