Il s'agit d'un recueil de dix-neuf nouvelles. Jetons un coup d'œil sur une dizaine d'entre elles...
-“Les gros mensonges”. Jason Updike est l'un des pseudonymes d'un auteur de polars français, qui écrit des romans au kilomètre. Un sacerdoce alimentaire, dit-il. La série Tom O'Flaherty détective compte déjà douze titres. Le prochain est en écriture. Pourtant, un scénario est tellement virtuel qu'on n'est pas à l'abri des surprises.
-“La défaite du dormeur”. Le lycéen Karim est amoureux de la belle Iola. De nos jours, le romantisme façon Rimbaud peut entraîner de fâcheuses conséquences.
-“L'alibi d'os”. Ou le résumé frappant d'une mauvaise rencontre.
-“Cutter”. L'équipe du shérif intervient pour le meurtre d'une femme découpée. Une mise-en-scène macabre dans un lieu isolé. Le coupable, un tueur en série pas encore détecté, est l'un des agents du shérif. Une nonne fantomatique se met à hanter son esprit.
-“Marie-France”. En cette année 1985, Djemi, son amante Kanitha et leurs copines du Celtic sont de fervente militante lesbiennes. Touche pas à ma pote, c'est leur credo. Pour l'instable Djemi, un univers enthousiasmant. Toutefois, le destin ne sera pas tendre envers plusieurs d'entre elles, Djemi en tête.
-“Las des haines”. Léon Rava est un biologiste amateur juif, qui néglige son entourage. Ses expériences génétiques sur une bactérie, et la mémoire de sa chatte Mireille vont bientôt faire de lui un autre homme, ou plus sûrement un monstre.
-“Orphans”. À Growthcastel, en Grande-Bretagne, sont confinées quelques orphelines de la maladie, parias des soins médicaux. La visite d'une princesse charitable n'ajoute qu'une dose d'hypocrisie au sein de ce zoo humain. Étant quoi qu'il advienne des victimes, il n'est pas exclu que certaines finissent par se rebeller, quitte à ce que l'issue soit dramatique.
-“Choc”. Dans les années 1950, c'est le départ en vacances familial dans la 203 paternelle, vers la côte normande. Les passagers d'une Triumph TR3 sont victimes d'un accident mortel. La vue des corps abîmés marque le jeune garçon. Au point d'en faire un criminel.
-“No passaran !”. L'action armée anti-fascistes, digne des républicains espagnols de jadis, c'est un scénario trop peu crédible aujourd'hui.
-“Arte Nera”. Pour passer le temps, deux amis s'invitent à un prétentieux vernissage parisien. Observer les réactions ridicules des initiés, écouter leur vocabulaire abscons, ça offre un certain plaisir. Un vieux monsieur à l'accent alémanique, rencontré là, s'avère mille fois plus intéressant et émouvant.
Certains textes s'inspirent ici d'une chanson des Béruriers Noirs, d'une autre de Little Bob, voire d'un célèbre conte de Charles Perrault (devenant un érotique léger). Tel est l'un des buts du recueil de nouvelles, proposer une diversité de sujets. En variant autant que possible les petites intrigues et la tonalité de ces histoires. L'essentiel est de faire mouche à chaque fois, de capter illico l'attention du lecteur, de le surprendre un peu sans doute.
C'est bien ce que réussit à faire Max Obione dans toutes ces nouvelles. Qu'il s'agisse d'un thème imposé (la santé, par exemple, pour “Orphans”) ou de sujets librement choisis, on sent que l'auteur veut à la fois se faire plaisir et convaincre ceux qui le liront. L'écriture est d'une belle souplesse, atout favorable s'il en est. On fait ici et là appel à l'étrangeté, on passe parfois de l'ironie à l'émotion, ce qui ne manque pas de charme. Ce nouveau recueil de Max Obione est diablement excitant.
Le site des Editions du Horsain (ci-dessus). Un roman jeunesse de Max Obione (ci-dessous).