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18 juillet 2014 5 18 /07 /juillet /2014 04:55

Selon les rares infos à son sujet sur Wikipedia, Frédéric Valmain est né le 31 janvier 1931 à Alger, et mort le 9 juin 2003 à Champigny (Val-de-Marne). Il était acteur, scénariste, et écrivain. De son vrai nom Paul Baulat, il commence à tourner de tout petits rôles, avant de rencontrer le succès au théâtre avec “Liberty bar” qui est aussi sa première œuvre théâtrale. [Cette pièce est très souvent attribuée à Frédéric Dard, notamment par Thierry Cazon en 2001, Pierre Assouline en juillet 2008 et par Alexandre Clément en 2012. "Le flamenco des assassins" fut adaptée au cinéma sous le titre de "Johnny Banco", ce roman aurait pu également avoir été écrit par Frédéric Dard.]

Par contre, nul ne semble contester que “La mort dans l'âme” (1958) soit effectivement un roman de Frédéric Valmain. La tonalité est fort éloignée de ce qu'écrivait Frédéric Dard durant ces années-là, même s'il variait son style, à l'évidence. Un jeune héros désinvolte et arriviste navigue entre plusieurs femmes, commettant un crime pour assurer son avenir en profitant des circonstances.

Dans la collection Spécial-Police du Fleuve Noir, Valmain aurait utilisé le pseudo de James Carter. Ce qui est aussi partiellement contesté par ceux qui voient l'ombre de Frédéric Dard partout. J'ai testé plusieurs James Carter, dont “L'âge de déraison” (1977). On est là encore à mille lieues de l'inspiration et de l'écriture de Frédéric Dard. Une bonne petite intrigue avec une narration fluide, pour un suspense agréable comme il s'en est publié beaucoup alors. Grosse différence avec les quatre San-Antonio parus cette année-là.

Pour ma part, sans la moindre polémique, je ne suis pas du tout convaincu que Frédéric Valmain et James Carter aient été des pseudos de F.Dard, ce qu'il a d'ailleurs nié. Donc, ne payons pas au prix fort ces romans anciens, d'un bon niveau mais pas forcément attribuables à Frédéric Dard.

Frédéric Valmain : La mort dans l'âme (1958) + James Carter : L'âge de déraison (1977)

Frédéric Valmain : La mort dans l'âme (Arthème Fayard, 1958)

 

Quartier Latin, à la fin des années 1950, au temps où tout le monde chante “Les feuilles mortes” de Prévert. Sacha Terbieff est un jeune peintre de Saint-Germain-des-Prés, qui ne cache pas son ambition de se faire un nom. Ce trentenaire est en couple depuis une année avec Anna-Maria Pétracci. Italienne de vingt-trois ans, elle suit des cours à la Sorbonne. Elle est moins attachée au succès que son compagnon. Trois toiles de Sacha sont exposées parmi d'autres dans une galerie. Dès le vernissage, se présente une acheteuse. Il s'agit de la comtesse Frieda Wrumberg, belle quadragénaire (avouant trente-cinq ans) aux grand yeux bleus acier, au fin visage triangulaire cerné de cheveux blonds et courts.

La comtesse n'est pas seulement ravissante, elle est surtout riche. Elle demande à Sacha de lui livrer les toiles chez elles, après la durée de l'expo. Au 13 Quai de Boulogne, la demeure de Frieda Wrumberg respire le luxe. Les sculptures qu'elle réalise sont peu au goût de Sacha. Ce qui ne l'empêche pas de sortir ce soir-là avec Frieda et son toutou, le pékinois Jiky. Sacha la laisse mijoter ensuite pendant une semaine, avant qu'ils ne deviennent amants. Jalouse d'Anna-Maria, Frieda propose le mariage à Sacha. Ce qu'il accepte vite, quittant brutalement sa compagne. C'est en Italie que les nouveaux mariés passent leur voyage de noces. Se disant souffrante, Frieda provoque leur retour anticipé. Elle avait envie d'un ravalement de façade, tout simplement.

Ces caprices de Frieda rendent lourde l'ambiance chez elle. Sacha renoue avec Anna-Maria. Postant une lettre d'adieu à Frieda, le peintre part en voiture sur la Côte d'Azur avec sa compagne. Ils ont un accident, provoquant la mort d'Anna-Maria. Comme elle portait au doigt l'alliance de Frieda, Sacha en profite. Se disant que son épouse à entraîné une malédiction sur lui et sa compagne, il s'en débarrasse. Il prépare une fausse version pour M.Spizer, l'homme d'affaires de Frieda, qui organise les funérailles et la succession. Pour les obsèques, arrive de Londres la fille de la défunte, Nadja, vingt-cinq ans...

 

James Carter : L'âge de déraison (Fleuve Noir, 1977)

 

Joseph Picock est professeur dans les environs de New York. Il est marié à Gloria depuis une vingtaine d'années. Cette ancienne strip-teaseuse est devenue une femme d'intérieur exigeante, ce qui ennuie son époux. C'est ainsi qu'un jour, Picock la fait tomber dans les escaliers. Moitié-accident, moitié-crime, le digne époux de Gloria n'est nullement inquiété. Le voilà enfin libre. De son côté, Orso Chérubini est libre, lui aussi. Car il vient de s'évader de prison, se faisant passer pour malade. Chérubini fut le compagnon de Gloria, avant son mariage avec Picock. Il a été emprisonné durant un quart de siècle à Sing-Sing. Comme Gloria n'avait jamais cessé de lui écrire pendant son incarcération, le FBI pense que l'évadé va chercher à la contacter pour faciliter sa fuite.

Jo Picock n'a pas l'intention d'alerter les flics lorsque Chérubini débarque chez lui. Bien au contraire, ça mettra un peu de piment dans la vie de ce lecteur assidu de polars. Il compte protéger Chérubini, le cacher. Touché par cet accueil, l'ex-Ennemi public n°1 lui fait même des confidences sur le pactole qu'il a planqué. Chérubini est plus souffrant qu'il ne le pensait lui-même, au point de trépasser. Picock se demande alors s'il ne serait pas capable de jouer son rôle, afin de retrouver l'endroit où se trouve le butin de Chérubini. Les deux hommes se ressemble plus ou moins. Après tout ce temps, personne ne se souviendra des traits exacts de Chérubini.

Il contacte un certain Willy, qui détient le renseignement recherché. Avocat véreux, Willy l'invite à séjourner quelques jours chez Madame Bijou, patronne d'un bordel de luxe. Sans tarder, Picock tombe sous le charme de la séduisante Yoko. Cette domestique ne semble pas insensible à sa prestance de quinquagénaire. On ne peut guère se fier à Willy. Quand l'avocat va se montrer gourmand, Yoko choisira d'aider Picock. Le couple va bientôt se diriger vers la Californie, en quête du trésor de Chérubini. Il se trouve du côté de San Luis, sur le boulevard du front de mer, dans un vieux fortin puant. Malgré sa maturité, Picock risque de se montrer aussi naïf qu'un enfant de chœur...

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commentaires

M
Frédéric Valmain et James Carter sont le même homme. Cartero (ses masques d'Arletti ect...) aussi et n'a rien à voir avec Frédéric Dard.<br /> Sa soeur Michèle
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C
Bonjour<br /> Merci de cette précision. Je confirme que "je ne suis pas du tout convaincu que Frédéric Valmain et James Carter aient été des pseudos de F.Dard", j'ai toujours considéré que c'était un auteur à part entière.<br /> Amitiés.
D
Bonjour à toi. Je voulais te dire, et confirmer, que plus jeune, j'ai rencontré Frédéric Valmain à Champigny... donc, il existe bien et ce n'est pas F Dard. C'est en lisant les romanciers de cette époque que cet univers m'a passionné et que j'ai réussi à publier en Bretagne. 15 romans actuellement. Amitiés, Michel Dozsa
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P
Bonjour M. Le Nocher,<br /> <br /> Je connais le cas de Jean Jardin père de Pascal et grand-père d'Alexandre, oui, et le titre &quot; La guerre à neuf ans &quot; sans encore l'avoir lu, je note votre recommandation.<br /> <br /> En effet, je connaîs le texte de Pierre Dac que vous reproduisez, bien que par coeur j'avoue n'avoir jamais été capable de retenir que les phrases in fine, le frère de Pierre Dac &quot; mort pour la France &quot; et Philippe Henriot &quot; mort pour Hitler &quot; .<br /> Oui, en reparlant de Pierre Dac, tout le monde pense d'abord aux scènes de télé des années 1960 où il formait un duo comique avc Francis Blanche et jouait le mage hindou.<br /> Ou à des traits d'esprit : &quot; A 1m63cm, c'était [ parlant de lui-même comme César ] le plus grand nain du monde. &quot;<br /> &quot; Trouvé chien. Apporter sucre, laisse ou revolver. &quot;<br /> &quot; Musulman cherche vélo avec roue voilée pour sa femme. &quot;<br /> En omettant souvent, ou certains l'ignorent carrément, que Pierre Dac fut un résistant de la première heure, rejoignant de Gaulle à Londres dés 1940 et animant une émission de radio. C'est bien lui, mais je confonds peut-être, &quot; Radio-Paris ment. Radio-Paris est allemand. &quot; ?<br /> Come nous le savons, André Isaac était le vrai nom de Pierre Dac, Juif peu pratiquant et qui se sentait surtout Français à juste titre. Il remarquait que quand en France on avait des griefs contre quelqu'un, on disait &quot; sale con &quot; . Mais si l'on avait la même chose à reprocher à quelqu'un qu'on savait ou estimait être juif, on disait &quot; sale Juif &quot; .<br /> Pierre Dac revendiquait au nom de l'égalité le &quot; droit pour un Juif d'être con &quot;!<br /> <br /> A propos du destin des hommes de Pétain, je précise que mes deux grands-pères étaient fonctionnaires, l'un receveur des douanes l'autre professeur des écoles, au moment où Vichy a succédé à la IIIème République et ont fait partie de l'immense majorité de fonctionnaires à ne pas démissionner. J'espère qu'ils n'ont pas eu l'occasion de nuire même involontairement.<br /> Partageant avec beaucoup de personnes dont sans doute vous ou des personnes que vous connaissez dans votre entourage le fait d'avoir des parents ou grands-parents vichystes souvent malgré eux, il me serait difficile de souhaiter que les &quot; hommes de Pétain &quot; aient tous eu le même sort.<br /> <br /> Cordialement
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C
Cher Philippe<br /> Il y eut une énorme différence entre ceux qui « profitèrent » du régime de Vichy, et ceux qui subirent le pétainisme. Veuve, ma grand-mère paternelle fut envoyée au STO en Allemagne. On ne peut pas dire qu'elle « profita » du régime vichyste. Mon grand-père maternel, ouvrier aux chemins de fer à Saint-Nazaire, vécut une 2e fois la guerre – et les bombardements de cette ville. Pas non plus parmi les privilégiés, donc. Ce fut le cas d'une grande partie de la population, partout en France. Mais il y eut quand même ceux qui décidaient, auxquels on n'a pas forcément envie de pardonner. Que certains aient retourné leur veste ne suffit pas à les blanchir. <br /> J'ai connu un policier, décédé depuis quelques années, qui fut un résistant de la première heure, alors qu'il était encore étudiant. Il entra dans la police en 1945… aux côtés d'anciens condisciples moins héroïques que lui, et même de familles franchement collabos (ils n'étaient pas majoritaires, c'est vrai). Il grimpa peu dans la hiérarchie, mais ce fut autant à cause du régime gaulliste. Car, bien que n'étant pas communiste, il avait été résistant FTP. Ce qui prouve une fois de plus que les parcours de beaucoup de gens ne sont nullement linéaires. <br /> On retrouve assez facilement les « chansons de Londres » de Pierre Dac via Youtube. Elles sont aussi un témoignage sur la guerre.<br /> Amitiés.
P
Bonjour M. Le Nocher,<br /> <br /> Voici la réponse.<br /> C'est votre première suggestion qui s'en rapprochait le plus. Vous soulignez la rareté des ouvrages consacrés à l'épuration. Justement, ce livre illustre à quel point l'épuration fut inégale, sélective.<br /> Le livre :<br /> <br /> Le destin des hommes de Pétain<br /> de 1945 à nos jours<br /> Philippe Valode<br /> Nouveau Monde, juin 2014<br /> <br /> www.nouveau-monde.net<br /> <br /> Vous aviez chroniqué en 2012 un autre ouvrage de Philippe Valode :<br /> <br /> http://action-suspense.over-blog.com/article-les-dossiers-oublies-de-la-seconde-guerre-mondiale-first-ed-108298135.html<br /> <br /> Il a par ailleurs écrit &quot; Les hommes de Pétain &quot; paru en 2010 et 2013, qui racontait l'activité de ceux qui à divers échelons et dans tous les domaines avaient oeuvré pour le compte de Vichy.<br /> Ici, il s'agit de relater ce que ces hommes sont devenus après la Libération et le retour de la légalité républicaine.<br /> On connaît la tendance générale : une justice se voulant exemplaire et très sévère dans les tout premiers temps avec des cas emblématiques comme Robert Brasillach. <br /> Une épuration touchant plutôt des seconds couteaux, des sous-fifres, souvent moins coupables que d'autres. <br /> Des femmes tondues en public et paradées dans les rues ( auxquelles Paul Eluard rendit hommage avec son poème &quot; Comprenne qui pourra. Moi, mon remords, ce fut la malheureuse qui resta sur le pavé, la victime raisonnable au regard d'enfant perdu, celle qui ressemble aux morts qui sont morts pour être aimés. &quot; <br /> Poème qu'on a davantage l'habitude d'entendre de la bouche de Georges Pompidou nouveau Président de la République en 1969, esquivant d'avoir à s'exprimer directement sur le cas de Gabrielle Russier, cette jeune femme professeur de lycée à Marseille qui s'était suicidée pour ne pas avoir à comparaître le lendemain à son procès en appel pour avoir eu une liaison avec un élève de 17 ans. )<br /> Mais dans l'ensemble, tout comme il n'y avait sous Vichy guère eu de protestations au sein des milieux professionnels tels que fonctionnaires ou avocats ou médecins ou architectes face à l'exclusion des Juifs, après la Libération le destin des hommes de Pétain s'illustre par des condamnations à mort très souvent commuées ( c'est une constatation, pas un regret, je suis contre la peine de mort et c'est la seule fois dans ce commentaire où je me permets d'exprimer une position personnelle ), des peines de prison de durées variables, des peines de confiscation totale ou partielle des biens ( mesure abominable, heureusement que cette peine a été abrogée depuis dans le Code pénal ) et bien plus fréquemment la dégradation civique, l'indignité nationale ou d'autres mesures. <br /> Des interdictions dont le tribunal relève souvent l'intéréssé, parfois après quelques années, parfois immédiatement dés le prononcé, pour faits de Résistance par exemple.<br /> Voilà les réflexions que je me fais, sans je l'avoue encore avoir lu ce livre puisque je ne l'ai que depuis jeudi, mais en l'ayant feuilleté.<br /> C'est en le feuilletant que je suis tombé sur la page 184 où se trouve le paragraphe sur René Bonnefoy que j'ai recopié.<br /> Son cas est disons le moins intéressant que d'autres dans ce livre, c'est la mention du fait qu'il avait écrit des romans publiés au Fleuve noir qu m'a permis de relier mon commentaire au polar.<br /> <br /> Voici la présentation de l'éditeur :<br /> <br /> http://www.amazon.fr/destin-hommes-P%C3%A9tain-Philippe-Valode-ebook/dp/B00L5H2YUG/ref=sr_1_1?ie=UTF8&amp;qid=1406504455&amp;sr=8-1&amp;keywords=petain+valode<br /> <br /> Mais voyez par ailleurs un commentaire par un critique, pas du tout élogieux, sur le site :<br /> <br /> http://www.blog-des-arts.com/livres/le-destin-des-hommes-de-petain-nouveau-monde-editions<br /> <br /> Ce site semble basé à Lyon à en juger par les bandeaux publicitaires sur des lieux où boire et manger à Lyon.<br /> Je ne dirais pas que je le connaîs bien, je suis déjà tombé dessus à propos d'autres livres commentés.<br /> On dirait que les critiques littéraires sur www.blog-des-arts.com sont souvent plus sévères, moins enthousiastes, à propos d'un même titre, que la tendance envers ce titre dans l'ensemble sur les blogs ou dans les librairies.<br /> Les commentateurs sur ce site se montrent exigeants, peut-être excessivement. Un peu comme Télérama ou Télé Obs du Nouvel Observateur par rapport à d'autres magazines de programmes télé.<br /> Ou comme Renaud Matignon ( 1935-1998 ) quand il assurait chaque jeudi la chronique littéraire du Figaro.<br /> Je vous invite à lire la critique du livre de Philippe Valode sur blog-des-arts.com , mais je ne partage pas ce qui est dit.<br /> <br /> Cordialement
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C
Bonjour Philippe<br /> <br /> Curieux site que ce blog-des-arts lyonnais, que vous évoquez-là. Sous couvert de « tradition gourmande » et de pensée indépendante, on serait en droit d'imaginer quelqu'un d'assez réac. Sa conception de la « liberté d'expression » me rappelle un peu celle des gens qui ont traitée de guenon Mme Taubira. Au nom d'une « liberté d'opinion » qui serait un argument politique, voire humoristique, mais pas une insulte. On n'a pas le sentiment que le responsable de ce site soit prêt à « tolérer » d'autres idées que les siennes. <br /> Que le rédacteur émette un avis, fut-il négatif, sur un livre dont il n'aime pas l'auteur, c'est parfaitement son droit. L'ouvrage évoque les pétainistes, le rédacteur parle plutôt de la guerre d'Algérie, pas très cohérent. Question de « valeurs » différentes, probablement. Que voulez-vous, il y a des gens comme ça, qui traitent de bolcheviques ou de staliniens les citoyens français actuels qui ne partagent pas leurs idées passéistes. <br /> L'Épuration. Les sanctions furent bien légères. Je ne parle pas là des petits collabos endoctrinés s'étant mouillés pour pas grand-chose, qui en furent punis. Ni de ces scènes stupides où des femmes furent tondues, plus souvent par jalousies locales que pour des fautes. J'évoque ceux qui ont été réellement impliqués dans les décisions du régime de Vichy. Tel Jean Jardin, grand-père d'Alexandre Jardin. Je vous recommande, si vous ne l'avez lu, « La guerre à neuf ans » de Pascal Jardin. Mais il y eut tellement, et si peu furent poursuivis. On les trouva ensuite souvent dans les rangs des poujadistes, et aujourd'hui leurs héritiers votent pour qui vous savez. <br /> Je ne doute pas que vous connaissiez le texte ci-dessous. Je le relis de temps en temps, pour ne jamais oublier que le populisme n'est pas le patriotisme. On devrait l'enseigner dans les écoles...<br /> <br /> Bagatelle pour un tombeau, de Pierre Dac :<br /> « M. Henriot s'obstine; M. Henriot est buté. M. Henriot ne veut pas parler des Allemands. Je l'en ai pourtant prié de toutes les façons : par la chanson, par le texte, rien à faire. Je ne me suis attiré qu'une réponse pas du tout aimable - ce qui est bien étonnant - et qui, par surcroît, ne satisfait en rien notre curiosité. Pas question des Allemands.<br /> C'est entendu, monsieur Henriot, en vertu de votre théorie raciale et national-socialiste, je ne suis pas français. A défaut de croix gammée et de francisque, j'ai corrompu l'esprit de la France avec L'Os à moelle. Je me suis, par la suite, vendu aux Anglais, aux Américains et aux Soviets. Et pendant que j'y étais, et par-dessus le marché, je me suis également vendu aux Chinois. C'est absolument d'accord. Il n'empêche que tout ça ne résout pas la question: la question des Allemands. Nous savons que vous êtes surchargé de travail et que vous ne pouvez pas vous occuper de tout. Mais, tout de même, je suis persuadé que les Français seraient intéressés au plus haut point, si, à vos moments perdus, vous preniez la peine de traiter les problèmes suivants dont nous vous donnons la nomenclature, histoire de faciliter votre tâche et de vous rafraîchir la mémoire : <br /> 1. Le problème de la déportation; <br /> 2. Le problème des prisonniers; <br /> 3. Le traitement des prisonniers et des déportés; <br /> 4. Le statut actuel de l'Alsace-Lorraine et l'incorporation des Alsaciens-Lorrains dans l'armée allemande; <br /> 5. Les réquisitions allemandes et la participation des autorités d'occupation dans l'organisation du marché noir; <br /> 6. Le fonctionnement de la Gestapo en territoire français et en particulier les méthodes d'interrogatoire <br /> 7. Les déclarations du Führer dans Mein Kampf concernant l'anéantissement de la France.<br /> Peut-être me répondrez-vous, monsieur Henriot, que je m'occupe de ce qui ne me regarde pas, et ce disant vous serez logique avec vous-même, puisque dans le laïus que vous m'avez consacré, vous vous écriez notamment : &quot;Mais où nous atteignons les cimes du comique, c'est quand notre Dac prend la défense de la France! La France, qu'est-ce que cela peut bien signifier pour lui ?&quot;<br /> Eh bien ! Monsieur Henriot, sans vouloir engager de vaine polémique, je vais vous le dire ce que cela signifie, pour moi, la France.<br /> <br /> Laissez-moi vous rappeler, en passant, que mes parents, mes grands-parents, mes arrière-grands-parents et d'autres avant eux sont originaires du pays d'Alsace, dont vous avez peut-être, par hasard, entendu parler ; et en particulier de la charmante petite ville de Niederbronn, près de Saverne, dans le Bas-Rhin. C'est un beau pays, l'Alsace, monsieur Henriot, où depuis toujours on sait ce que cela signifie, la France, et aussi ce que cela signifie, l'Allemagne. Des campagnes napoléoniennes en passant par celles de Crimée, d'Algérie, de 1870-1871, de 14-18 jusqu'à ce jour, on a dans ma famille, monsieur Henriot, lourdement payé l'impôt de la souffrance, des larmes et du sang.<br /> <br /> Voilà, monsieur Henriot, ce que cela signifie pour moi, la France. Alors, vous, pourquoi ne pas nous dire ce que cela signifie, pour vous, l'Allemagne ?<br /> <br /> Un dernier détail: puisque vous avez si complaisamment cité les prénoms de mon père et de ma mère, laissez-moi vous signaler que vous en avez oublié un celui de mon frère. Je vais vous dire où vous pourrez le trouver ; si, d'aventure, vos pas vous conduisent du côté du cimetière Montparnasse, entrez par la porte de la rue Froidevaux ; tournez à gauche dans l'allée et, à la 6e rangée, arrêtez-vous devant la 8e ou la 10e tombe. C'est là que reposent les restes de ce qui fut un beau, brave et joyeux garçon, fauché par les obus allemands, le 8 octobre 1915, aux attaques de Champagne. C'était mon frère. Sur la simple pierre, sous ses nom, prénoms et le numéro de son régiment, on lit cette simple inscription: &quot;Mort pour la France, à l'âge de 28 ans&quot;. Voilà, monsieur Henriot, ce que cela signifie pour moi, la France.        <br /> Sur votre tombe, si toutefois vous en avez une, il y aura aussi une inscription: elle sera ainsi libellée : <br /> PHILIPPE HENRIOT<br /> Mort pour Hitler, <br /> Fusillé par les Français...<br /> Bonne nuit, monsieur Henriot. Et dormez bien. »<br /> <br /> Amitiés.
P
Bonjour M. Le Nocher,<br /> <br /> D'abord voyez ce texte entre guillemets que je viens de recopier livre en main.<br /> Il vient non pas de Wikipédia bien qu'il y ait inévitablement des propos en commun. <br /> C'est vérifiable :<br /> <br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Bonnefoy<br /> <br /> Ni d'ailleurs sur Internet, mais disais-je d'un livre que je ne connaîs que depuis jeudi quand je l'ai vu et acheté dans une librairie que je fréquente.<br /> <br /> Pourriez-vous au préalable indiquer ce que vous auriez éventuellement à dire de plus que ce qui est dit ? Confirmer ou corriger s'il y a lieu ?<br /> C'est ensuite que je dirai la référence dont est tiré cet extrait.<br /> Vous pourriez d'ores et déjà dire quel vous paraîtrait être le sujet général de l'ouvrage en question ?<br /> <br /> &quot; René Bonnefoy est secrétaire général à l'Information et à la Propagande de fin 1942 à août 1944. Arrêté à la Libération, enfermé, condamné à mort en 1946, il voit sa peine réduite en 1955 à seulement cinq années d'indignité nationale. Cela ne l'empêche pas de publier, dés 1946, des romans de science-fiction sous le nom de B.R. Bruss. Et il en utilise également d'autres comme ceux de Roger Blondel ( Le Mouton enragé est porté au cinéma en 1974 par Michel Deville ), Georges Brass, Marcel Castillan, Roger Fairelle. Il écrit également des ouvrages romanesques et des ouvrages érotiques. Au total, il publie jusqu'à sa mort, en 1980, près de 70 ouvrages dont une cinquantaine aux éditions Fleuve noir dans les collections &quot; Anticipation &quot; et &quot; Angoisse &quot; . Il est traduit dans le monde entier mais demeure extrêmement discret, menant plusieurs vies parallèles à l'écriture comme celle d'enseignant, de peintre et même de sculpteur. D'une certaine façon, sa carrière littéraire est infiniment plus glorieuse après guerre qu'avant guerre, période durant laquelle il s'était contenté d'écrire quelques oeuvres de littérature générale. &quot;<br /> <br /> Cordialement
Répondre
C
Bonjour Philippe<br /> Si je connais le nom de B.R.Bruss, j'avoue n'avoir jamais lu aucun de ses titres d'Anticipation ou d'Angoisse. Quant à ses autres pseudos, ils me sont encore plus inconnus, même Roger Blondel.<br /> En ces temps de commémorations multiples, ce texte pourrait être tiré d'un ouvrage sur l'époque 1944. Probablement pas consacré à l'Epuration, car il existe peu de livres sur le sujet. Peut-être ce Bonnefoy était-il un proche ami d'une célébrité ? Ce genre de personnage sait toujours trouver des amis haut-placés. A moins qu'il ne s'agisse d'une anthologie de romans érotiques ? Il se publia beaucoup de ces livres, ni bons ni mauvais, que les nostalgiques apprécient encore (demandez à l'Oncle Paul). Dernière hypothèse, un livre consacré à une de nos grandes écoles où il aurait enseigné ? Ces institutions adorent les ouvrages à leur gloire. <br /> Mais vous allez bientôt tout me dire...<br /> Amitiés.

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