Selon les rares infos à son sujet sur Wikipedia, Frédéric Valmain est né le 31 janvier 1931 à Alger, et mort le 9 juin 2003 à Champigny (Val-de-Marne). Il était acteur, scénariste, et écrivain. De son vrai nom Paul Baulat, il commence à tourner de tout petits rôles, avant de rencontrer le succès au théâtre avec “Liberty bar” qui est aussi sa première œuvre théâtrale. [Cette pièce est très souvent attribuée à Frédéric Dard, notamment par Thierry Cazon en 2001, Pierre Assouline en juillet 2008 et par Alexandre Clément en 2012. "Le flamenco des assassins" fut adaptée au cinéma sous le titre de "Johnny Banco", ce roman aurait pu également avoir été écrit par Frédéric Dard.]
Par contre, nul ne semble contester que “La mort dans l'âme” (1958) soit effectivement un roman de Frédéric Valmain. La tonalité est fort éloignée de ce qu'écrivait Frédéric Dard durant ces années-là, même s'il variait son style, à l'évidence. Un jeune héros désinvolte et arriviste navigue entre plusieurs femmes, commettant un crime pour assurer son avenir en profitant des circonstances.
Dans la collection Spécial-Police du Fleuve Noir, Valmain aurait utilisé le pseudo de James Carter. Ce qui est aussi partiellement contesté par ceux qui voient l'ombre de Frédéric Dard partout. J'ai testé plusieurs James Carter, dont “L'âge de déraison” (1977). On est là encore à mille lieues de l'inspiration et de l'écriture de Frédéric Dard. Une bonne petite intrigue avec une narration fluide, pour un suspense agréable comme il s'en est publié beaucoup alors. Grosse différence avec les quatre San-Antonio parus cette année-là.
Pour ma part, sans la moindre polémique, je ne suis pas du tout convaincu que Frédéric Valmain et James Carter aient été des pseudos de F.Dard, ce qu'il a d'ailleurs nié. Donc, ne payons pas au prix fort ces romans anciens, d'un bon niveau mais pas forcément attribuables à Frédéric Dard.
Frédéric Valmain : La mort dans l'âme (Arthème Fayard, 1958)
Quartier Latin, à la fin des années 1950, au temps où tout le monde chante “Les feuilles mortes” de Prévert. Sacha Terbieff est un jeune peintre de Saint-Germain-des-Prés, qui ne cache pas son ambition de se faire un nom. Ce trentenaire est en couple depuis une année avec Anna-Maria Pétracci. Italienne de vingt-trois ans, elle suit des cours à la Sorbonne. Elle est moins attachée au succès que son compagnon. Trois toiles de Sacha sont exposées parmi d'autres dans une galerie. Dès le vernissage, se présente une acheteuse. Il s'agit de la comtesse Frieda Wrumberg, belle quadragénaire (avouant trente-cinq ans) aux grand yeux bleus acier, au fin visage triangulaire cerné de cheveux blonds et courts.
La comtesse n'est pas seulement ravissante, elle est surtout riche. Elle demande à Sacha de lui livrer les toiles chez elles, après la durée de l'expo. Au 13 Quai de Boulogne, la demeure de Frieda Wrumberg respire le luxe. Les sculptures qu'elle réalise sont peu au goût de Sacha. Ce qui ne l'empêche pas de sortir ce soir-là avec Frieda et son toutou, le pékinois Jiky. Sacha la laisse mijoter ensuite pendant une semaine, avant qu'ils ne deviennent amants. Jalouse d'Anna-Maria, Frieda propose le mariage à Sacha. Ce qu'il accepte vite, quittant brutalement sa compagne. C'est en Italie que les nouveaux mariés passent leur voyage de noces. Se disant souffrante, Frieda provoque leur retour anticipé. Elle avait envie d'un ravalement de façade, tout simplement.
Ces caprices de Frieda rendent lourde l'ambiance chez elle. Sacha renoue avec Anna-Maria. Postant une lettre d'adieu à Frieda, le peintre part en voiture sur la Côte d'Azur avec sa compagne. Ils ont un accident, provoquant la mort d'Anna-Maria. Comme elle portait au doigt l'alliance de Frieda, Sacha en profite. Se disant que son épouse à entraîné une malédiction sur lui et sa compagne, il s'en débarrasse. Il prépare une fausse version pour M.Spizer, l'homme d'affaires de Frieda, qui organise les funérailles et la succession. Pour les obsèques, arrive de Londres la fille de la défunte, Nadja, vingt-cinq ans...
James Carter : L'âge de déraison (Fleuve Noir, 1977)
Joseph Picock est professeur dans les environs de New York. Il est marié à Gloria depuis une vingtaine d'années. Cette ancienne strip-teaseuse est devenue une femme d'intérieur exigeante, ce qui ennuie son époux. C'est ainsi qu'un jour, Picock la fait tomber dans les escaliers. Moitié-accident, moitié-crime, le digne époux de Gloria n'est nullement inquiété. Le voilà enfin libre. De son côté, Orso Chérubini est libre, lui aussi. Car il vient de s'évader de prison, se faisant passer pour malade. Chérubini fut le compagnon de Gloria, avant son mariage avec Picock. Il a été emprisonné durant un quart de siècle à Sing-Sing. Comme Gloria n'avait jamais cessé de lui écrire pendant son incarcération, le FBI pense que l'évadé va chercher à la contacter pour faciliter sa fuite.
Jo Picock n'a pas l'intention d'alerter les flics lorsque Chérubini débarque chez lui. Bien au contraire, ça mettra un peu de piment dans la vie de ce lecteur assidu de polars. Il compte protéger Chérubini, le cacher. Touché par cet accueil, l'ex-Ennemi public n°1 lui fait même des confidences sur le pactole qu'il a planqué. Chérubini est plus souffrant qu'il ne le pensait lui-même, au point de trépasser. Picock se demande alors s'il ne serait pas capable de jouer son rôle, afin de retrouver l'endroit où se trouve le butin de Chérubini. Les deux hommes se ressemble plus ou moins. Après tout ce temps, personne ne se souviendra des traits exacts de Chérubini.
Il contacte un certain Willy, qui détient le renseignement recherché. Avocat véreux, Willy l'invite à séjourner quelques jours chez Madame Bijou, patronne d'un bordel de luxe. Sans tarder, Picock tombe sous le charme de la séduisante Yoko. Cette domestique ne semble pas insensible à sa prestance de quinquagénaire. On ne peut guère se fier à Willy. Quand l'avocat va se montrer gourmand, Yoko choisira d'aider Picock. Le couple va bientôt se diriger vers la Californie, en quête du trésor de Chérubini. Il se trouve du côté de San Luis, sur le boulevard du front de mer, dans un vieux fortin puant. Malgré sa maturité, Picock risque de se montrer aussi naïf qu'un enfant de chœur...