Détective au Quai des Orfèvres sous l’autorité du commissaire Dubœuf, Alexis Duquel a souvent affronté le criminel Machin. Bien que Machin ait été exécuté un an plus tôt, il semble être impliqué dans une nouvelle série de meurtres. Ses empreintes en témoignent. Il utilise un 24x36, arme de précision. Duquel pense qu’il rôde dans un congrès d’auteurs de S.F., tenant ses assises à Assise (Italie). Quatre écrivains seraient en danger : Dumoral, Ducid, Dufrein, et Dural. Ce dernier est abattu. De son côté, le commissaire Dubœuf disparaît un temps dans la nature. La mort d’un nommé Dutronc en serait la cause.
Au congrès, miss Farfrom est victime de Machin. L'écrivain Dumoral et elle furent élevés par la même nourrice – avec d’autres enfants, dont un muet. Menacé, l’auteur de S.F. échappe à un meurtre. Séquestré par un “déjanté ravisseur”, le détective Duquel se libère. Il retrouve la trace du criminel en Occitanie, mais l’homme est déjà parti. Pour Duquel, Machin et le nourrisson muet élevé par Mme Dubon ne pourraient faire qu’un. Plusieurs personnes s’appelant Machin sont tuées, comme s’il s’agissait de brouiller les pistes. A Angers, Duquel a rendez-vous avec l’instigateur de cette affaire. Désorienté, il s’enfuit en empruntant un train-fantôme.
Intervient une pause où Duquel “digressait abusivement, profitant d’un moment d’inattention des lecteurs pour s’éloigner de la solution…” Et quand il s’offre des vacances, les lecteurs protestent. Finalement, Duquel obtient des éclaircissements sur les victimes de Machin, élevées ensemble. Chez la nourrice, Duquel espère découvrir toute la vérité, y compris sur sa propre enfance. Quant à l’assassin, saura-t-on jamais qui il est ?...
Il s’agit d’un polar expérimental, dont la première édition confidentielle date de 1979. Réédité depuis 2004 par l'éditeur Gingko, ce livre est toujours disponible. Peu importe que quelques références semblent un brin obscures au lectorat actuel. Car c'est un “petit joyau [qui] rappelle le Boris Vian juvénile de Vercoquin et le plancton” selon Michel Lebrun (L’Almanach du Crime, 1980).
Un roman singulier, quasiment mythique. Sa pagination à rebours va de la fin au début. La numérotation des chapitres s’inverse au 17e. L’évolution du récit apparaît extravagante, burlesque, loufoque, mais merveilleusement maîtrisée. Les mésaventures d’un héros amateur d’Alka-Seltzer à la chantilly sont forcément originales. Il suffit de se prendre au jeu du non-sens pour apprécier cette curiosité stylistique. Puisque ce livre est encore diffusé, que les amateurs de “hors norme” ne se privent pas de le découvrir.