Mère d'une ado de quinze ans, Laure Grenadier est la rédactrice en chef d'un magazine consacré à la gastronomie sous tous ses aspects, “Plaisirs de table”. Avec son photographe Paco Alvarez, elle séjourne à Lyon pour un reportage sur cette ville et ses grands chefs de cuisine. La tradition remonte aux “Mères” qui créèrent des restaurants de qualité, et s'est poursuivie avec Paul Bocuse et toute une constellation de cuisiniers étoilés.
Dès son arrivée, Laure apprend la mort de l'un d'eux, Jérôme Thévenay, qu'elle connaissait bien. Il a été agressé et tué par étouffement dans sa cuisine après le service. Laure et Paco dînent au restaurant de Gilles Mandrin, proche de la victime. S'il est sous le choc, la gastronomie garde la priorité. Le duo se rend ensuite chez Cécile Frangier, la sœur de Thévenay. Pour elle, un investisseur ayant voulu racheter une partie du quartier pourrait être suspect.
Laure et Paco continuent leur reportage, autant sur les meilleurs “bouchons” lyonnais que sur la ville elle-même, montant jusqu'à Fourvière pour la photographier. Le lendemain, ils apprennent que Gilles Mandrin a été assassiné dans les mêmes conditions que Thévenay. Sans cesser sa tournée des restaurants, Laure prend rendez-vous avec le journaliste Jean-Philippe Rameau, qui fait partie de ses amis. C'est chez “La Mère Brazier”, haut-lieu de la cuisine locale où fut formé Bocuse, qu'ils se rencontrent. Selon le journaliste bien informé par des sources policières, le criminel n'a guère laissé d'indices. On ne peut pas exclure l'hypothèse d'un tueur en série prenant pour cibles les chefs cuisiniers.
Tandis que Laure fait un aller-retour rapide à sa rédaction parisienne, Paco va photographier un restaurant mythique, L'Auberge du pont de Collonges. Il semble que les deux victimes aient eu pour projet la création d'un nouveau label autour des “bouchons”, afin de souligner la convivialité de leurs restaurants. Bien que possédant un caractère moins expansif, leur collègue Éric Chevrion se serait associé à cette idée. Le duo visite les halles de Lyon, avant d'assister aux obsèques de Thévenay. Le soir-même, ils dînent chez Cécile Frangier et son mari. La sœur du défunt Jérôme Thévenay est aussi une cuisinière compétente. C'est après un reportage chez un producteur de volailles de Bresse, que Laure et Paco apprennent qu'un nouveau meurtre similaire a été commis. La solution viendra peut-être des épices et des typiques traboules lyonnaises...
Après le succès de la série “Le sang de la vigne” de Jean-Pierre Alaux et Noël Balen, voici le premier titre d'un nouveau cycle de romans publiés chez Fayard, “Crimes gourmands”. C'est donc la gastronomie qui sera à l'honneur, cette fois. Cette thématique peut, en effet, fournir un contexte particulier à des intrigues policières. Car, dans une cuisine, les “armes du crime” potentielles ne manquent pas. Du “fusil”, un instrument servant à aiguiser tout objet coupant, jusqu'à la “feuille” de boucherie, le couteau le plus tranchant qui soit, on n'a que l'embarras du choix. Dans ce premier opus, on se contente toutefois d'assommer et d'asphyxier, comme pour un plat cuisiné “à l'étouffée”.
Dans le sillage du très médiatisé Paul Bocuse, la région lyonnaise a mis en valeur sa belle tradition gastronomique. On nous rappelle ici que celle-ci date des siècles passés, et que c'est avec des cuisinières de l'âge d'or de l'Entre-deux-guerres que s'établit la réputation attachée à cette ville et à ses “bouchons”. Hommage est également rendu à un défenseur de l'art culinaire sans doute un peu oublié, Henri Babinski (1855-1931) dit Ali-Bab, qui fit référence chez les gourmets. En outre, l'Olympique Lyonnais ayant brillé en football (sept fois Champion de France, quand même), il est aussi quelque peu question de son joueur phare d'alors, Juninho. Une place est aussi faite aux décors de la Capitale des Gaules, bien sûr. Même si le jeu de mot est facile, un roman à déguster avec plaisir, et une série qui s'annonce sympathiquement savoureuse.